La guerre en Syrie revient sur le devant de la scène. En seulement deux jours, les djihadistes ont pris le contrôle d'Alep, la deuxième ville de Syrie. Là-bas, ils auraient également pris d'assaut la villa du très contesté président syrien Bachar al-Assad. Un camouflet pour le dirigeant et ses alliés, la Russie et l'Iran, qui ont été incapables d'arrêter les rebelles islamistes.
Pendant l'attaque, Bachar al-Assad se trouvait à Moscou, où sa famille possède plusieurs appartements de luxe. Dès lors, une question se pose: le dirigeant syrien est-il en train de préparer sa fuite?
L'option d'un exil du côté de Moscou ne serait en tout cas pas écartée. Selon un rapport du «Financial Times», le clan Assad avait acheté au moins 19 appartements dans le luxueux complexe résidentiel de Moscou City entre 2013 et 2019 en raison des sanctions occidentales. Ces biens immobiliers seraient répartis dans trois tours pouvant atteindre les 374 mètres de haut. La valeur de ces biens est elle estimée à environ 40 millions de dollars.
Mais pour l'instant, pas question de fuir. Bachar al-Assad est ainsi retourné à Damas dimanche soir. Il est d'ailleurs possible qu'il se soit rendu à Moscou dans le seul but de faire soigner sa femme Asma, atteinte d'une leucémie.
Bachar al-Assad renversé? Les trois scénarios possibles
Mais le fait est que la percée des rebelles a fait vaciller le très contesté président syrien. «Certes, il semble actuellement que le régime perde le contrôle d'autres parties du pays et qu'un nouveau front se forme au sud», explique Reinhard Schulze, ex-directeur du Forum Islam et Proche-Orient de l'université de Berne jusqu'en 2023.
L'expert l'assure toutefois à Blick: les seules attaques rebelles ne suffiront pas à faire chuter Bachar al-Assad. «Le régime dispose d'un pouvoir domestique très fort dans la région alaouite, à l'ouest du pays.»
D'autres raisons pourraient toutefois conduire à un renversement du gouvernement. Renhard Schulze au moins trois scénarios possibles, voire plausibles:
Un putsch de la Garde républicaine syrienne ou d'autres troupes du régime dans le but de maintenir l'ordre militaire.
Un reversement par les membres du clan al-Assad qui chercheraient à préserver leur pouvoir et leurs privilèges.
Une chute sous la pression du Kremlin, si tant est que la Russie estime ses intérêts menacés.
Un revers pour Poutine
Pour Poutine, le succès des rebelles n'est pas seulement un échec, il arrive aussi à un très mauvais moment pour lui, guerre en Ukraine oblige. «Alors que Moscou tente d'affaiblir l'Ukraine par des offensives (...) intensives et d'intimider l'Occident, la perte d'Alep sape l'image de la Russie en tant que grande puissance», écrit Daniel Rakov du Jerusalem Institute for Strategy & Security, sur le réseau social X.
Pour l'expert, la capacité du Kremlin à «montrer sa force et à protéger les régimes clients en dehors de l'espace post-soviétique est remise en question». En réaction à ce revers, le Kremlin a limogé l'ancien commandant russe, le général Sergueï Kissel et l'a remplacé par le colonel-général Alexandre Tchaïko.
L'intensification des combats en Syrie pourrait également avoir des répercussions en Europe en raison des mouvements migratoires qui pourraient en résulter. Le journaliste syrien Mustafa al-Ali, primé par la BBC, déclare à Blick: «De très nombreuses personnes vont quitter le pays.» De là à assister à une crise migratoire semblable à celle de 2015, lorsque des centaines de milliers de réfugiés syriens avaient atteint le sol européen? Seul l'avenir le dira.
