Le raid meurtrier de ce jeudi sur Beyrouth visait le chef de l'appareil sécuritaire du Hezbollah. Ces frappes, qui ont fait 22 morts et 117 blessés, selon le ministère de la Santé, sont intervenues au moment où Israël, en guerre sur plusieurs fronts pour la première fois depuis des décennies, s'apprête à partir de vendredi soir à célébrer la fête de Kippour, la plus importante du calendrier juif.
Le raid visait «le chef de l'appareil sécuritaire du Hezbollah Wafic Safa», a indiqué à l'AFP une source proche de la formation pro-iranienne, sans plus d'informations sur son sort. Objet de sanctions du Trésor américain, il a coordonné plusieurs échanges de prisonniers avec Israël par le passé.
A lire sur le conflit
«Beaucoup de familles vivent ici»
Dans la matinée, des habitants de Basta, un des deux quartiers, densément peuplé, touchés par les frappes, venaient inspecter les dégâts, certains en larmes. «Beaucoup de familles vivent ici», s'indigne Bilal Othman, au milieu d'amas de béton et fers tordus, fouillés par des pelleteuses. «Pourquoi ont-ils (ndlr: les Israéliens) visé» le secteur, «veulent-ils nous dire qu'il n'y a plus d'endroit sûr dans le pays?».
C'est la troisième fois que l'armée israélienne vise directement la capitale, Israël concentrant ses frappes sur la banlieue sud, un bastion du Hezbollah, depuis le 23 septembre. Selon la source proche du Hezbollah, cela montre qu'Israël «est passé à une nouvelle étape, en ciblant les responsables politiques» du mouvement. Les Etats-Unis soutiennent les efforts déployés par le Liban pour «s'affirmer» face au Hezbollah, a de son côté déclaré vendredi le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken.
Des Casques bleus visés
Mardi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait appelé le pays voisin à s'en «libérer», sous peine de subir le même sort que Gaza, où son armée poursuit une guerre dévastatrice déclenchée par l'attaque du Hamas sur son sol, le 7 octobre 2023. Vendredi, le Liban a dénoncé de nouveaux tirs israéliens sur une position des Casques bleus dans le sud du Liban, au lendemain d'un tollé diplomatique après que des tirs similaires ont blessé deux Indonésiens.
Les tirs israéliens contre les Casques bleus constituent «une violation du droit humanitaire international», a fustigé le chef de l'ONU, Antonio Guterres vendredi. L'armée israélienne, qui mène depuis le 30 octobre des incursions terrestres contre le Hezbollah dans la région, a affirmé avoir tiré jeudi «à côté» du QG de la Finul, insistant avoir prévenu son personnel de se protéger.
Malgré les coups portés à sa direction, le Hezbollah affirme résister à l'armée israélienne, et poursuit ses tirs contre le pays. Vendredi, il a annoncé avoir «lancé une escadrille de drones d'attaque sur une base aérienne à Haïfa» dans le nord d'Israël. Un ouvrier agricole thaïlandais a été tué par un missile antichar dans le nord d'Israël, ont annoncé les secours israéliens, l'armée faisant elle état de deux civils blessés.
Empêcher «un conflit plus large»
Dans ce contexte, Antony Blinken a dit vendredi que les Etats-Unis espèrent toujours empêcher «un conflit plus large» au Moyen-Orient, au moment où Israël prépare, selon son ministre de la Défense, Yoav Gallant, une riposte «mortelle, précise et surprenante» à l'attaque de missiles lancée par Téhéran contre le territoire israélien le 1er octobre.
L'Iran a réaffirmé vendredi être prêt à «défendre sa souveraineté» contre Israël, qu'il affirme avoir frappé pour venger l'assassinat à Téhéran du chef du Hamas, ainsi que ceux du chef du Hezbollah libanais et d'un général des Gardiens de la Révolution iraniens dans une frappe israélienne près de Beyrouth.