Par le réalisateur de «Wolkenbruch»
La prise d'otage de deux Suisses après la mort de Ben Laden portée à l'écran

Dix ans après, le drame de la prise d'otages d'un couple suisse par les talibans arrive au cinéma: Blick montre en exclusivité la bande-annonce de l'adaptation cinématographique de Michael Steiner «Und morgen seid ihr tot» (Et demain vous mourrez).
Publié: 24.08.2021 à 05:53 heures
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Dernière mise à jour: 25.08.2021 à 07:46 heures
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Dix ans se sont écoulés depuis que Daniela Widmer et son petit ami de l'époque, David Och, ont été enlevés par les talibans au Pakistan.
Photo: KEY Blick
Katja Richard, Jocelyn Daloz (adaptation)

Cela fait dix ans que Daniela Widmer et son petit ami de l’époque, David Och, ont été enlevés par des talibans au Pakistan. Le couple suisse n’a réussi à s’échapper qu’après 259 jours. Un drame qui a secoué toute la Suisse et que raconte à présent le réalisateur Michael Steiner dans son nouveau film, «Und morgen seid ihr tot».

La récente prise de pouvoir par les talibans en Afghanistan donne au film une actualité tragique, d’autant plus qu’il est prévu dans les salles en octobre. «Les talibans sont revenus au centre de la politique mondiale», déclare Michael Steiner. «Le lien est toutefois limité: la prise d’otages a eu lieu au Pakistan, par des groupes talibans basés dans ce pays».

Les talibans ne se battent en effet pas uniquement pour des questions religieuses, mais ont également des revendications territoriales: les djihadistes de ce groupe sont majoritairement pachtounes, une ethnie éparpillée dans les montagnes entre le Pakistan et l’Afghanistan. «Ce conflit fermente depuis 1947, lorsque de nouvelles frontières ont été tracées lors de l’indépendance de l’Inde. La chance des otages, c’est d'avoir été traités selon les lois pachtounes et non islamiques; l’hospitalité et la morale sont primordiales chez eux.»

Sur le tournage du film au Rajasthan

A cause du Covid, le tournage a été retardé. Nous avons visité le plateau au Rajasthan, dans le nord de l’Inde, en février 2020, alors que personne ne soupçonnait encore l’ampleur que prendrait cette maladie. Nous arrivons pour le treizième jour de tournage. La scène se déroule durant l’été 2011, époque à laquelle tout va pour le mieux pour Daniela Widmer et David Och: le couple s’amuse au bord de la piscine, profite de quelques jours de détente avant d’entamer en bus VW le voyage de retour par l’ancienne route de la soie qui traverse le Pakistan. Les acteurs Sven Schelker et Morgane Ferru incarnent le couple à l’écran.

Les deux otages suisses incarnés par des acteurs à l'écran.

Une minute de film nécessite une demi-journée de tournage. Sven Schelker saute dix fois dans la piscine, tandis que Morgane Ferru lit un journal sur une chaise longue. L’équipe de tournage s’affaire autour d’eux, Michael Steiner garde un œil sur chaque détail sur un moniteur. Il donne des instructions d’un ton posé. Les acteurs restent concentrés et patients, alors qu’ils doivent se sécher et se faire remaquiller à chaque nouvelle prise.

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Le premier tournage de Michael Steiner en Inde

Le journal doit également être remplacé régulièrement. Sur l’édition d’un journal local de 2011 que Michael Steiner a fait réimprimer, on peut lire: «Oussama ben Laden est mort!». C’est un facteur important de l’histoire. «Les Américains sont en quelque sorte responsables de cet enlèvement. On soupçonne en effet que cela pourrait être l’une des raisons pour lesquelles le couple a été enlevé», explique Michael Steiner. «Il est possible qu’on les ait pris pour des Américains et que la prise d’otages soit un acte de vengeance». Le leader d’Al Qaida a après tout été tué dans le même pays, à quelques centaines de kilomètres de là.

C’était la première fois que le réalisateur suisse tournait en Inde, au cœur du pays de Bollywood, la plus grande industrie cinématographique: «C’était une expérience formidable, ce sont de vrais professionnels qui connaissent leur métier et aiment le cinéma.» Le réalisateur a voyagé avec sa propre équipe, mais a également engagé des collaborateurs locaux. Il loue également les conditions de tournage au Rajasthan: «Le temps est un peu comme en Californie, autour de 25 degrés, donc pas trop chaud, et sec».

Michael Steiner en tournage dans le Rajahstan

Tournage interrompu pour cause de pandémie

Personne n’avait prévu qu’une pandémie interromprait le tournage. L’équipe a dû plier bagage à la fin du mois de mars. Personne ne savait ce qui allait se passer. «Cette incertitude a été la chose la plus difficile. C’est pourquoi nous avons été très soulagés de pouvoir ajouter les cinq derniers jours de tournage en décembre.» Le tournage a eu lieu dans le sud de l’Espagne, à cause du Covid, avec l’épée de Damoclès d’un test positif au sein de l’équipe au-dessus de leurs têtes.

Selon Michael Steiner, tout s’est heureusement déroulé comme sur des roulettes. La pause d’un mois dans le tournage n’a pas non plus posé de problème aux acteurs: «Sven et Morgane sont des professionnels, ils ont immédiatement repris leurs personnages». Le lieu du tournage a finalement peu d'importance: «Dans le film, nous sommes au Pakistan, dans le Waziristan, fief des talibans à l’époque. Ce qui compte est que le public puisse ressentir ce que ces personnes ont vécu là-bas».

Le film sera présenté en avant-première lors de l’ouverture du Festival du film de Zurich le 23 septembre. Ce sera la troisième fois que Michael Steiner ouvre le ZFF; en 2010, il présentait son film d’horreur basé sur un mythe suisse «Sennentuntschi», et en 2018, «Wolkenbruch».

«Und morgen seid ihr tot», dans les cinémas suisses à partir du 28 octobre.

Pris d'otages par les talibans, ils n'échapperont qu'après 259 jours de captivité.
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