Rien de nouveau à l’Est, du moins en apparence. Depuis novembre, lorsque les troupes ukrainiennes ont repris Kherson pendant leur offensive automnale, les lignes de front n’ont guère bougé. Est-ce le calme avant la tempête? L’Ukraine a annoncé en début d’année une offensive de grande ampleur pour avril. Selon le ministère ukrainien de la Défense, la phase de recrutement devrait également être terminée à cette date.
Même si l’offensive russe du printemps n’est pas encore tout à fait terminée, l’Ukraine doit se préparer à pouvoir lancer une contre-offensive à tout moment, avance le Berlinois Gustav Gressel, expert en politique de sécurité et en stratégies militaires, dans un entretien avec Blick. «Dès qu’une partie du front russe s’effondre, l’Ukraine doit pouvoir exploiter ces brèches.»
Les Russes creusent des tranchées
Mais les Russes ne sont pas prêts à abandonner leurs positions. C’est précisément aux points clés de l’offensive – par exemple à Lougansk et à Donetsk – que les troupes de Vladimir Poutine construisent leurs lignes de défense. La marge de manœuvre des Ukrainiens pour mener à bien des offensives est donc limitée. C’est ce que montrent les images satellites analysées par Brady Africk du groupe de réflexion American Enterprise Institute.
Comme le rapporte le quotidien «Frankfurter Allgemeine», les occupants russes ont déjà commencé à consolider leurs lignes de défense après la dernière contre-offensive de l’Ukraine pendant l’automne.
Ces lignes de défense se composent de tranchées de plusieurs kilomètres de long, destinées à arrêter les chars ennemis, de «dents de dragon» – des barrages antichars constitués de blocs pyramidaux en béton – et d’autres obstacles. L’objectif: pouvoir attaquer les chars ukrainiens alors qu’ils sont ralentis.
Les projets de constructions ne sont pas menés uniquement sur le territoire ukrainien, mais aussi en terre russe. Ce nouveau «rideau de fer» s’étend sur plus de 400 kilomètres le long de la frontière entre l’Ukraine et la Russie, écrit le quotidien allemand. Et ce pour une bonne raison.
Les Ukrainiens pourraient attaquer la Russie
Dernièrement, les Américains ont promis d’envoyer 18 bombes dites «ground-launched small diameter bomb» (ndlr: GLSDB, des bombes de petit diamètre lancées depuis le sol) en Ukraine. Leur portée: 160 kilomètres. Date de livraison: inconnue. Les munitions du lance-roquettes Himars livrées ne parviennent à parcourir que la moitié de cette distance. Selon le ministère russe de la Défense, ces bombes auraient déjà été utilisées. L’information n’a pas été confirmée, ni par les autorités ukrainiennes, ni par les autorités américaines.
Ainsi, les troupes ukrainiennes auraient la possibilité de lancer des attaques bien au-delà des lignes de front, sur le territoire russe, selon Gustav Gressel. L’expert envisage plutôt l’utilisation de drones, mais des missiles à longue portée pourraient également être utilisés à cette fin.
Certes, la force de frappe ukrainienne dépend des livraisons d’armes occidentales. Mais peu à peu, de plus en plus de chars, de missiles et de munitions arrivent en Ukraine. Des chars allemands Leopard 2 et des Challenger 2 britanniques sont récemment arrivés sur le front. Un autre indice d’une contre-offensive imminente?
Difficile de prédire l’issue de cette contre-attaque. Pour Markus Reisner, officier de l’armée autrichienne, une offensive ukrainienne au niveau du pont terrestre au sud serait stratégique, explique-t-il à nos confrères de la «Frankfurter Allgemeine». Des avancées en direction de la Crimée pourraient ainsi être envisageables. Mais ce pont terrestre de neuf kilomètres qui relie la Crimée au continent est truffé de défenses russes. Ce serait donc une entreprise très difficile et dangereuse pour l’Ukraine.
Mais ce n’est pas la seule option de l’armée ukrainienne. Elle pourrait, par exemple, tenter une percée des routes d’approvisionnement de l’est en direction de la région de Lougansk ou essayer de gagner du terrain localement en surchargeant plusieurs sections de front.