Où peut-on économiser? Telle est la question que se pose la ministre des Finances, Karin Keller-Sutter, au vu de la situation financière tendue de la Confédération.
Comme le montre une enquête du «Tages-Anzeiger», Karin Keller-Sutter propose maintenant au Conseil fédéral des coupes dans le financement de l'AVS, entre autres. Selon cette proposition, la contribution fédérale à l'AVS devrait être réduite de 190 millions de francs par an pendant cinq ans.
Sur l'AVS
La réduction de la contribution fédérale n'entraînerait certes pas de baisse des rentes AVS. Mais à moyen terme, elle augmente la pression en matière d'économies et de réformes, car 0,3% des recettes de l'assurance sociale sont provisoirement retirées. Peu après le relèvement de l'âge de la retraite des femmes à 65 ans, de nouvelles mesures pourraient bientôt voir le jour.
La gauche s'irrite
La proposition de Karin Keller-Sutter a de quoi interloquer, car la contribution de la Confédération n'a été augmentée qu'il y a trois ans. Ce n'est que parce que l'AVS a reçu en contrepartie un total de 2 milliards de francs de recettes annuelles supplémentaires que le parti socialiste (PS), les Vert-e-s et les syndicats ont dit oui à l'imposition des entreprises.
La gauche est donc d'autant plus irritée par les nouveaux projets de la ministre des Finances. Ainsi, le conseiller national PS Fabian Molina écrit sur Twitter: «La politique financière et économique bourgeoise est absurde, injuste et détruit la confiance des gens dans la démocratie!»
Le chef des Vert-e-s, Balthasar Glättli, est lui aussi agacé par le fait que la Confédération dispose d'argent pour l'opération de sauvetage de Credit Suisse et de la place financière, mais qu'elle prévoie en même temps des économies dans l'AVS.
Le socialiste vaudois Benoît Gaillard y est aussi allé de son bon mot: «Il y en a visiblement que Macron fait rêver, persifle le candidat au Conseil national. Et il y a des propositions qui font halluciner.»
La critique vient également de l'autre côté. Le conseiller national UDC Roger Köppel s'interroge: «Réduire les fonds de l'AVS, mais 209 milliards de réassurance étatique pour l'UBS. Je suis curieux de voir comment la ministre des Finances expliquera cette politique aux Suisses.»
Un déficit de 4,3 milliards de francs
Actuellement, les finances fédérales sont dans le rouge: la grande argentière de la Confédération a dû l'annoncer en février devant les médias. Outre les dépenses extraordinaires plus élevées que prévu au budget en raison de la pandémie Covid-19 (3,3 milliards de francs) et de la guerre en Ukraine (0,7 milliard de francs), le déficit 2022 était également beaucoup plus élevé qu'escompté dans le budget ordinaire.
Cela s'explique notamment par des recettes nettement plus faibles provenant de l'impôt anticipé. Le déficit de financement s'élevait à 4,3 milliards de francs en 2022.