Plus de rentes pour toute la population: c’est ce que demande l’initiative du parti socialiste pour une 13e rente AVS. Le Conseil fédéral et le Parlement s’y opposent. Le peuple se prononcera au printemps 2024. Le même jour, le destin de la réforme de la prévoyance professionnelle (LPP) que le Parlement vient d’adopter devra certainement aussi être examiné. Car les syndicats ont lancé un référendum.
La conseillère nationale Vert’libérale Melanie Mettler défend la réforme de la LPP et rejette l’initiative AVS des socialistes. «La perspective d’avoir davantage de rentes pour tout le monde semble bien sûr attrayante, concède la politicienne en charge de la prévoyance. Mais tout le monde n’en a pas besoin! Et ce sont les jeunes générations qui en feront les frais.» Au vu des cinq milliards de francs que l’entreprise coûterait chaque année, ce dernier argument devrait peser dans la balance, appuie la Bernoise.
Mais Melanie Mettler n'est pas pour autant contre l'idée de mettre sur pied des rentes AVS plus conséquentes. Elle demande simplement qu'elles ne soient attribuées qu'aux personnes qui touchent les plus petites retraites. Environ un quart de tous les retraités se retrouverait dans ce cas de figure. «Ce sont des ménages qui doivent compter chaque sou», argumente-t-elle. Une situation particulièrement pesante pour les personnes seules. «Après déduction des frais fixes, il leur reste en moyenne 500 francs par mois», se désole-t-elle.
Y aura-t-il moins de prestations complémentaires?
Melanie Mettler a commandé un rapport à l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS). L’office y présente des propositions techniques pour améliorer les plus petites rentes. Sur cette base, la Vert’libérale a déposé cette semaine une motion. «Nous devons adapter la formule des rentes AVS, avec une composante plus avantageuse pour les bas revenus», martèle la politicienne.
Si un ménage de retraités reste en dessous du minimum vital, il a droit à des prestations complémentaires, tonne-t-elle. Mais si ces ménages reçoivent désormais une AVS plus élevée, n’y aura-t-il pas tout simplement moins de prestations complémentaires? «Nous voulons obtenir des améliorations efficaces pour les ménages de retraités, assure Melanie Mettler. Les prestations complémentaires seront donc maintenues.»
Selon le texte de la motion, le besoin de financement ne devrait pas dépasser 2% des dépenses annuelles pour l’AVS et l’AI. En d’autres termes, l’augmentation des rentes de Melanie Mettler coûterait au maximum un milliard par an. «Cela devrait permettre d’améliorer l’AVS en fonction des générations, souligne la politicienne en charge de la prévoyance. En raison du vieillissement de la population en Suisse, c’est une entreprise exigeante.»
Patienter jusqu’en 2026
Le conseiller aux États du centre Beat Rieder a déposé une motion de même teneur à la Chambre basse. Les groupes parlementaires des deux partis uniront donc leurs forces pour la soutenir.
Mais ne veulent-ils pas couper l’herbe sous les pieds des socialistes? Melanie Mettler balaie cette idée d’un revers de la main. L’initiative a donné l’occasion d’examiner la situation de près. «Nous sommes tous d'accord sur le fait qu’il faut agir. Mais nous devons soutenir les ménages de manière ciblée. Les arroser est une fausse bonne idée.»
Trois à quatre ans s’écouleront jusqu’à ce que la demande soit entièrement traitée par le Parlement. Pendant ce temps, le Conseil fédéral travaillera une autre réforme de l’AVS. Selon la volonté du Parlement, il devra la présenter en 2026.
«L’idéal serait que le Conseil fédéral reprenne directement notre proposition dans la nouvelle réforme, explique la Vert’libérale. Nous pourrons ainsi soutenir de manière ciblée les ménages qui ont réellement besoin d’une rente plus élevée.»