La science l'explique
Voici pourquoi les canicules s'intensifient en Europe

Après le sud de l'Europe, la Suisse et le nord du continent souffrent à leur tour de la canicule. En cause: des modifications du jet stream, des dépressions dites d'altitude, ainsi que la sécheresse. Explications.
Publié: 21.07.2022 à 12:32 heures
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Dernière mise à jour: 21.07.2022 à 12:54 heures
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La dépression d'altitude a poussé vers le nord de l'air très chaud en provenance d'Afrique du Nord .
Photo: Meteo News
Tobias Ochsenbein

Le moteur qui amène la chaleur actuelle en Europe centrale est représenté par un tourbillon orange-rouge-mauve sur le graphique du météorologue britannique Scott Duncan. Son emplacement? L'Atlantique, entre le Portugal, Madère et les Açores. Le météorologue écrit à ce sujet sur Twitter: «Cela agit pratiquement comme une pompe à chaleur sur l'Europe.»

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Le tourbillon représente ce que l'on appelle une dépression d'altitude (aussi nommée cut-off deep). «En tournant dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, ce tourbillon a aspiré de l'air très chaud d'Afrique du Nord vers le nord», éclaire Klaus Marquardt, météorologue chez Meteonews. Comme il y est resté longtemps, après le sud de l'Europe, la Suisse, l'Allemagne, la France, les pays du Benelux et même la Grande-Bretagne ont souffert de la canicule.

Comme il y est resté longtemps, la Suisse, l'Allemagne, la France, les pays du Benelux et même la Grande-Bretagne ont également souffert de la canicule, après le sud de l'Europe, explique le météorologue de Meteonews Klaus Marquardt.
Photo: Blick

La division du jet stream comme cause

Une étude récemment publiée dans la revue spécialisée «Nature Communications» montre pourquoi l'Europe pourrait encore être confrontée à de telles vagues de chaleur à l'avenir. L'une des causes serait la division du jet stream, ou courant d'altitude, en deux branches. Bien connus des pilotes de ligne, les jet streams sont de grandes bandes de vent situées à une altitude de 5 à 10 kilomètres. Ils assurent l'échange d'air dans l'atmosphère et influencent ainsi la pression atmosphérique et les températures au niveau du sol.

Or, depuis deux semaines, on observe à nouveau un tel courant-jet divisé au-dessus de l'Europe, explique l'autrice principal de l'étude, Efi Rousi, météorologue à l'Institut de recherche sur les conséquences climatiques de Potsdam (All), au journal américain «New York Times». D'où la dépression d'altitude au-dessus de l'Atlantique, qui manque d'afflux en provenance de l'ouest, et d'où aussi le déferlement d'air inhabituellement chaud chez nous en Europe.

Selon les auteurs de l'étude, le réchauffement climatique sur le long terme pourrait être l'origine de cette situation étouffante. Celui-ci ne se produit effectivement pas partout de manière uniforme. Actuellement, l'Arctique est la région qui se réchauffe le plus. Ainsi, la différence de température entre la zone qui entoure le Pôle nord et les tropiques va en diminuant. Et, avec elle, le moteur du jet stream.

Les températures extrêmes sont liées à des phénomènes tels que le jet-stream, la dépression d'altitude et la situation dans l'Arctique.
Photo: imago images/NurPhoto

Cette différence de température croissante entre la terre et l'océan favorise l'apparition sur le long terme de conditions de double courants d'air rapides en été: ces derniers «stagnent» plus longtemps dans un même endroit. «Les doubles jet-streams et leur durée de séjour croissante sont la clé pour comprendre les risques actuels et futurs de vagues de chaleur sur l'Europe occidentale», s'accordent à dire les auteurs de l'étude.

La sécheresse contribue également à la chaleur

L'un des auteurs cite encore une autre raison qui peut expliquer la chaleur actuelle. «La sécheresse est un facteur aggravant pour la chaleur: elle empêche l'énergie solaire de s'évaporer grâce à l'humidité du sol. Les températures augmentent ainsi plus rapidement», détaille Klaus Marquardt.

Les vagues estivales de chaleur ne sont bien sûr pas un phénomène nouveau. Toutefois, les épisodes de chaleur extrême deviennent de plus en plus fréquents et intenses en Europe ces dernières années. L'autrice principale de l'étude ne se montre donc pas très confiante au sujet des années à venir. «Nous nous attendons à ce que ce phénomène s'aggrave», affirme-t-elle.

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