La prochaine rupture de tabou des pays de l'OTAN?
L'Ukraine pourrait-elle tirer sur la Russie avec des armes occidentales?

Les membres de l'OTAN souhaitent déployer des instructeurs militaires en Ukraine et permettre à Kiev d'attaquer la Russie avec des armes occidentales. Pourquoi cette évolution est-elle dangereuse et pourquoi la juge-t-on nécessaire si celle-ci est déjà décidée?
Publié: 29.05.2024 à 06:03 heures
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Dernière mise à jour: 29.05.2024 à 07:46 heures
Le chef de l'OTAN Jens Stoltenberg demande que l'Ukraine puisse attaquer la Russie avec des armes occidentales. Pourquoi?
Photo: Anadolu via Getty Images
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Chiara Schlenz

Attaquer la Russie avec des armes occidentales? La petite musique monte depuis plusieurs semaines du côté des alliés de Kiev. Le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg a rejoint le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans sa demande en début de semaine. Avec cette requête, les deux hommes ont-ils franchi une ligne rouge? Ils ont en tout cas fait sortir le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, hors de ses gonds. Blick fait le point sur la situation en 5 questions.

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Que demandent concrètement Zelensky et Stoltenberg?

Dès le 17 mai, Volodymyr Zelensky a demandé que des armes occidentales puissent être utilisées contre des cibles en Russie, a rapporté l'AFP. Le 24 mai, Jens Stoltenberg allait dans le même sens dans un sujet de «The Economist». Il a demandé aux pays de l'OTAN qui fournissent des armes à l'Ukraine de lever leur interdiction.

Les attaques ukrainiennes contre la Russie ne seraient pas nouvelles, fait remarquer Ulrich Schmid, expert de la Russie à l'université de Saint-Gall, dans un entretien accordé à Blick: «Depuis quelque temps, l'Ukraine bombarde des cibles militaires et infrastructurelles en Russie. Jusqu'à présent, ils y sont bien parvenus avec leurs propres drones.» Selon ses propres informations, un dépôt de pétrole a été attaqué lundi à Livny, en Russie. Le commandement militaire ukrainien précise que ce dispositif ne suffit plus.

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Pourquoi en discute-t-on seulement maintenant?

L'offensive russe à Kharkiv serait une des principales raisons, estime Jens Stoltenberg. La ville ukrainienne n'est située qu'à 32 kilomètres de la frontière russe. «Interdire à l'Ukraine d'utiliser ces armes contre des objectifs militaires légitimes sur le territoire russe leur rend la tâche très difficile pour se défendre», a-t-il expliqué. De plus, la quasi-totalité de l'arsenal de l'Ukraine est désormais composée d'armes occidentales. S'ils ne peuvent pas se défendre avec celles-ci, avec lesquelles pourront-ils le faire?

Ulrich Schmid voit encore une autre raison: «Il s'agit là de montrer sa détermination. L'Occident veut montrer de façon claire qu'on ne laissera pas la Russie remporter une victoire en Ukraine.» La Russie a pu enregistrer à plusieurs reprises des succès en Ukraine au cours des dernières semaines – il est donc primordial que l'Occident envoie à son tour un signal fort.

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Que disent les pays de l'OTAN?

Le président américain Joe Biden et son gouvernement n'ont cessé de mettre en garde contre le risque d'une escalade. Il y a désormais des signes qui laissent penser que les Etats-Unis pourraient accorder à l'Ukraine une plus grande marge de manœuvre pour atteindre ses objectifs. Après sa visite à Kiev la semaine dernière, le secrétaire d'État américain Antony Blinken aurait plaidé à Washington pour que l'Ukraine soit autorisée à frapper des bases militaires et des batteries de missiles à quelques kilomètres à l'intérieur de la Russie.

Quelques jours auparavant, le ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron avait déclaré que l'Ukraine était autorisée à utiliser des missiles de croisière de fabrication britannique de type «Storm Shadow» pour frapper des cibles en Russie. La semaine dernière déjà, certains pays de l'OTAN, dont les pays baltes et la France, ont annoncé l'envoi d'instructeurs militaires en Ukraine. La ligne rouge consistant à ne pas s'ingérer directement en Ukraine semble lentement s'estomper.

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Comment le Kremlin réagit-il?

«L'OTAN augmente le degré d'escalade», a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov au quotidien russe Izvestia en réponse à une question sur les déclarations de Jens Stoltenberg. «L'OTAN flirte avec la rhétorique militaire et tombe dans l'extase militaire», a-t-il déclaré. A la question de savoir si l'OTAN se dirigeait vers une confrontation directe avec la Russie, il a répondu: «Ils ne s'en rapprochent pas, ils y sont déjà.»

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L'OTAN joue-t-elle avec le feu?

L'expert russe Ulrich Schmid estime que «le Kremlin met toujours en garde contre une troisième guerre mondiale et utilise cet avertissement comme moyen de dissuasion à l'adresse des gouvernements occidentaux». Après que le président français Emmanuel Macron a envisagé en mai le déploiement de troupes de l'OTAN en Ukraine, Poutine a ordonné des exercices nucléaires en Biélorussie. Mais à part ces démonstrations, les menaces nucléaires de la Russie ne se sont pas concrétisées.

En fait, la Russie ne serait pas intéressée par une confrontation militaire directe, estime Ulrich Schmid: «La Russie manque de ressources militaires pour une attaque directe sur le territoire de l'OTAN. Mais les actes de sabotage à l'ouest pourraient s'intensifier.» Il faut également souligner que ce n'est pas l'Alliance elle-même qui envoie des armes et des instructeurs en Ukraine, mais uniquement ses Etats membres.

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