«Poutine ne se soucie pas du droit international»
L'OTAN doit-elle craindre le plan illégal de la Russie en mer Baltique?

Vladimir Poutine veut agrandir son empire. Le chef du Kremlin veut repousser les frontières dans la mer Baltique. Un plan illégal qui représente une menace pour l'OTAN, selon Ulrich Schmid, expert de la Russie.
Publié: 24.05.2024 à 12:00 heures
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Dernière mise à jour: 24.05.2024 à 12:22 heures
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Vladimir Poutine veut s'approprier des territoires de l'OTAN. La première étape de son plan serait déjà en cours de planification.
Photo: keystone-sda.ch

Ça chauffe en mer Baltique. Mardi, Vladimir Poutine a annoncé ouvertement vouloir déplacer les frontières maritimes en sa faveur. Un nouveau document mentionne les régions autour de l'enclave de Kaliningrad et plusieurs îles autour de la Finlande et de la Lituanie, membre de l'OTAN depuis 2023.

Une nouvelle provocation de la Russie qui suscite encore une fois un sentiment alarmant en Europe. Pour Blick, l'expert de la Russie Ulrich Schmid explique le plan fourbe du chef du Kremlin et ce qu'il impliquerait pour l'OTAN.

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Quel est l'objectif de la Russie?

Concrètement, Poutine veut déplacer les frontières maritimes dans la mer Baltique, selon un document du ministère russe de la Défense. Sont concernées des îles russes à l'est du golfe de Finlande et de la zone entourant l'enclave russe de Kaliningrad. La Finlande et la Lituanie, membre de l'OTAN depuis 2023, seraient donc visées par ces changements.

Le déplacement des frontières impliquerait que ces zones soient officiellement déclarées comme des eaux intérieures russes. Il faudrait alors recalculer ce que l'on appelle la ligne de base côtière, qui existe depuis 1985. Cette ligne définit les frontières maritimes et les zones maritimes du territoire. Tout ce qui se trouve en aval de cette ligne de base est une eau intérieure et fait partie du territoire national de l'État côtier. En mer, différentes zones maritimes commencent à partir de la ligne de base côtière. Côté mer, les navires d'autres États peuvent passer – côté terre, ce n'est pas le cas.

Ce faisant, Poutine souhaite créer une plus grande zone tampon en mer. Des frontières déplacées lui donneraient un avantage s'il attaquait l'île suédoise de Gotland, par exemple. «Celui qui contrôle le Gotland, contrôle la mer Baltique», avait déclaré le chef de l'armée suédoise Micael Bydén dans une interview au «Redaktionsnetzwerk Deutschland». Si Poutine venait à envahir l'île suédoise, il pourrait alors menacer les pays de l'OTAN depuis la mer.

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Poutine a-t-il le droit d'agir ainsi?

Pour modifier légalement la ligne de base côtière, la Russie devrait déposer une demande auprès du Tribunal international du droit de la mer ou de l'Organisation maritime internationale. Mais pour Ulrich Schmid, expert sur la question russe à l'Université de Saint-Gall, la question légale n'est pas au centre des préoccupations: «Poutine ne se soucie plus du droit international, au moins depuis l'annexion de la Crimée en 2014.»

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«Poutine ne se soucie plus du droit international, au moins depuis l'annexion de la Crimée en 2014»
Ulrich Schmid
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Car depuis lors, la Russie ne dispose plus de frontières internationalement reconnues. «Avec l'annexion des quatre territoires ukrainiens en octobre 2022, cette situation s'est encore aggravée», poursuit Ulrich Schmid. «Il est donc facile aujourd'hui pour le Kremlin de déclarer des déplacements unilatéraux de frontières, car de toute façon, on ne respecte plus que ses propres règles.» Pour ainsi dire, une frontière illégale de plus ou de moins n'a plus d'importance pour le Kremlin.

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Quelles seraient les conséquences pour les personnes concernées?

Selon la ZDF, ce changement, s'il est appliqué, n'aura pas directement d'effet négatif durable sur les autres riverains de la mer Baltique. Ulrich Schmid voit lui aussi dans cette annonce une menace envers l'Occident: «Cette annonce est l'un des nombreux piques que le Kremlin a donné par le passé et donnera à l'avenir contre des Etats européens.»

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«Cette annonce est l'un des nombreux piques que le Kremlin a donné par le passé et donnera à l'avenir contre des Etats européens»
Ulrich Schmid
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Le spécialiste estime toutefois peu probable que Poutine passe à exécution. En effet, le document a entre-temps été retiré du portail russe des actes juridiques pour des raisons inconnues. Les agences de presse publiques ont démenti peu après les informations sur les projets. «Le fait que l'annonce ait déjà été supprimée montre que le Kremlin vise en premier lieu à faire des menaces», affirme Ulrich Schmid. Lorsque interrogé sur la question, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, renvoie lui aussi au ministère de la Défense.

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Peut-on parler d'une attaque contre l'OTAN?

Non, selon Ulrich Schmid. Le Kremlin veut littéralement tester les limites du possible. «Cela fait partie de la stratégie de base du Kremlin de tester l'interprétation occidentale de l'article 5 du traité de l'OTAN.» Mais le spécialiste de la Russie met en garde: «D'autres actions de ce type auront lieu.»

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«Cela fait partie de la stratégie de base du Kremlin de tester l'interprétation occidentale de l'article 5 du traité de l'OTAN»
Ulrich Schmid
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Pourquoi Poutine fait-il cela maintenant?

L'expert russe voit dans cette action une réaction à l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'OTAN. En décembre 2023 déjà, Poutine avait déclaré dans une interview qu'il n'y avait eu jusqu'à présent «aucun problème» avec les pays nordiques. Mais depuis leur intégration à l'alliance, «il y aura des problèmes». Poutine justifie également ce projet par la «situation actuelle».

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