Depuis presque le début de la guerre, les alliés occidentaux envoient des armes de toutes sortes en Ukraine. Les Etats-Unis en tête: ils ont assuré qu’il souhaitait soutenir Kiev «aussi longtemps que nécessaire». Le gouvernement du président Joe Biden a déjà accordé 68 milliards de dollars américains pour aider l’Ukraine sur le plan économique, humanitaire et militaire. Mercredi, une nouvelle demande de 37,7 milliards de dollars a été faite au Congrès – dont 21 milliards pour des livraisons d’armes.
Mais d’un point de vue militaire, les Etats-Unis ne peuvent guère se permettre ces importantes livraisons d’armes et de munitions. Car depuis l’effondrement de l’Union soviétique, les Américains – tout comme leurs alliés européens – se sont désarmés.
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Des armes occidentales
Comme l’écrit le «New York Times» , les Ukrainiens ont tiré l’été dernier entre 6000 et 7000 obus d’artillerie rien que dans la région du Donbass, et ce quotidiennement. Selon le quotidien, jamais autant d’armes et de munitions n’ont été utilisées depuis la Seconde Guerre mondiale.
Une grande partie de l’équipement ukrainien provient de l’Occident: la plus importante des Etats-Unis. Parmi eux, les obusiers M777, dont 142 exemplaires ont été livrés avec plus de 800’000 obus d’artillerie correspondants, ou les 20 systèmes de lance-roquettes Himars.
Pénurie à venir
Pour ces deux systèmes d’armement, les stocks et les capacités de production américains sont limités, souligne la «NZZ». Selon l’expert en sécurité Mark Cancian, les Etats-Unis devraient bientôt commencer à retirer les obusiers de leurs propres formations militaires s’ils veulent continuer à soutenir l’Ukraine dans la même mesure. Les munitions se font également rares.
L’armée américaine n’a pas seulement les yeux rivés sur l’Ukraine, mais aussi sur le Pacifique. Pour pouvoir réagir face à une éventuelle escalade militaire – comme une attaque chinoise sur Taïwan – les Etats-Unis doivent toujours avoir un minimum de munitions en stock. La limite acceptable semble être bientôt franchie.
Selon la «NZZ», il y a aussi une pénurie de Himars. Les 18 autres systèmes promis doivent encore être fabriqués. Des mois, voire des années, s’écouleront avant qu’ils n’arrivent sur le front. Les stocks de missiles antichars Javelin et de missiles antiaériens Stinger s’épuisent également.
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«L’OTAN doit produire les armes nécessaires»
Cela place l’Occident devant un dilemme: faut-il vider ses propres stocks d’armes au profit de l’Ukraine – ou cesser de la soutenir militairement? Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a imaginé une solution qu’il partage avec la plateforme Politico. «Les pays de l’OTAN doivent commencer dès aujourd’hui à produire les armes nécessaires.» Si cela n’est pas fait, a-t-il averti, «nous ne serons pas en mesure de gagner. C’est aussi simple que cela.»
Il a également ajouté: «La dernière fois que j’ai participé à une réunion ministérielle de l’OTAN, j’ai répété trois mots: armes, armes et armes», s’est souvenu Dmytro Kouleba. Cette fois-ci, les exigences sont plus concrètes.
L’Ukraine a notamment besoin d’armes pour la défense aérienne et de chars. Mercredi soir, le ministre ukrainien a rencontré plusieurs de ses homologues des pays membres de l’OTAN. Comme il l’a indiqué sur Twitter, on lui a promis une aide militaire et humanitaire supplémentaire.
Mais la réalité est tout autre. Selon le «New York Times», les pays occidentaux rechigneraient à augmenter leur production d’armes. Selon le ministre américain des Affaires étrangères Antony Blinken, ils compteraient plutôt aider l’Ukraine à produire et reproduire des systèmes d’armements soviétiques dont le pays dispose déjà.