La directrice de la Chaîne du Bonheur explique
«Les dons suisses iront en priorité aux Syriens»

La solidarité suisse avec les victimes du tremblement de terre en Turquie et en Syrie est grande. La directrice de la Chaîne du Bonheur, Miren Bengoa, explique à quoi servent les dons.
Publié: 12.02.2023 à 09:28 heures
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Dernière mise à jour: 12.02.2023 à 12:35 heures
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Le tremblement de terre en Turquie et en Syrie a laissé derrière lui désolation et souffrance.
Photo: Getty Images
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Dana Liechti

Plus de 13 millions de francs en seulement six jours. C’est le montant que les Suisses ont donné jusqu’à présent à la Fondation de la Chaîne du Bonheur pour soutenir les victimes du terrible tremblement de terre en Turquie et en Syrie.

La directrice Miren Bengoa se dit extrêmement touchée par cet élan de solidarité. Pour Blick, elle a accepté d’expliquer où iront ces dons et pourquoi ils sont si importants.

Madame Bengoa, ce grand élan de sympathie ne va pas de soi pour vous. Pourquoi?
Nous vivons dans une époque où une crise en chasse une autre. Et cet immense malheur s’ajoute encore aux autres. Nous savions donc que cette collecte de dons pourrait vraiment s’avérer compliquée. Mais ce n’est heureusement pas le cas! Je suis d’autant plus impressionnée et reconnaissante pour le soutien que nous recevons actuellement de la population, des entreprises, des autorités civiles et des fondations.

Comment se manifeste ce parrainage?
De nombreuses personnes – y compris au sein des diasporas turque et syrienne – veulent organiser elles-mêmes des collectes de fonds et activent leurs réseaux à cet effet. D’autres nous appellent pour nous demander ce qu’ils peuvent faire pour aider, s’ils doivent nous envoyer des couvertures ou d’autres biens. Comme c’était déjà arrivé l’année dernière, lorsque la guerre d’Ukraine a éclaté. Et à l’époque, comme aujourd’hui, les gens voulaient tellement être solidaires qu’ils proposaient de prendre leur voiture pour aller soutenir la population sur place. C’est très touchant. Mais nous devons malheureusement le déconseiller.

La directrice Miren Bengoa en est reconnaissante.
Photo: zvg / Darrin Vanselow

Pour quelle raison?
La zone sinistrée est très dangereuse en ce moment. Des professionnels sont spécialement formés pour savoir comment agir dans ces conditions. Ils sont donc beaucoup plus efficaces que des particuliers. La meilleure façon d’aider les populations turques et syriennes touchées par ce drame est actuellement de donner de l’argent à des organisations dignes de confiance.

Et c’est ce que beaucoup de Suisses font. Notamment en transmettant des fonds à votre organisation.
Oui, nous sommes témoins d’un énorme élan de solidarité. Mais ce n’est pas totalement surprenant. Il me semble que c’est un réflexe suisse. Lors d’une catastrophe, la population se montre généreuse. Elle ouvre facilement son porte-monnaie quand la Chaîne du Bonheur lance un appel. Depuis 75 ans. Il ne me reste plus qu’à la remercier.

Comment votre équipe fait-elle pour acheminer cet argent à l’étranger?
Plusieurs organisations partenaires se trouvent sur place dans les régions touchées, dont la Croix-Rouge. Nous sommes en contact étroit avec elles. Et nous examinons très soigneusement les projets que nous allons financer avec ces dons.

À quoi servent-ils concrètement?
Dans un premier temps, l’argent servira à monter des abris provisoires, à trouver de l’eau potable et de la nourriture, ainsi qu’à fournir une assistance médicale et des produits de première nécessité. Pour l’hygiène, par exemple. Mais nous nous montrons très prudents dans nos choix: il faut veiller à ce que l’aide parvienne aux personnes qui en ont le plus besoin.

Combien de temps faudra-t-il aider les victimes?
C’est difficile à dire. Mais nous savons déjà qu’il faudra persévérer. Les personnes touchées auront besoin de notre aide même après la première phase de cette tragédie. Elle est la plus aiguë, mais ce n’est que le début d’un long combat.

L’argent parviendra-t-il aussi aux Syriens?
Oui, une grande partie des dons sera allouée en priorité aux personnes touchées par le séisme en Syrie. Elles se trouvent dans une situation particulièrement précaire. Les femmes et les enfants sont livrés à eux-mêmes.

Pour quelles raisons?
De nombreuses régions sinistrées sont isolées en raison des problèmes internes que connaît ce pays. Rappelons que la Syrie est en proie à une violente guerre civile depuis douze ans. Avant ce tremblement de terre dévastateur, des millions de personnes dépendaient déjà de l’aide humanitaire. À cela s’ajoutent des conditions météorologiques extrêmes. Et désormais cette horrible catastrophe naturelle. Il est plus que jamais essentiel que nous collections des dons pour ce pays. Nos organisations partenaires doivent avoir les moyens d’apporter aux personnes présentes sur place une aide d’urgence – et un peu d’espoir.

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