Sur le front ukrainien, la Russie a une stratégie de prédilection: utiliser un maximum de «chair à canon». Une méthode qui nécessite un flux constant de nouvelles recrues. Pour ce faire, le chef du Kremlin Vladimir Poutine va aussi se servir à l'étranger. Ces derniers jours, la nouvelle selon laquelle des milliers de soldats nord-coréens ont été fournis à la Russie pour combattre l'armée ukrainienne a suscité l'indignation des alliés occidentaux de l'Ukraine. Le ministre sud-coréen de la Défense Kim Yong-hyun les a qualifiés de «mercenaires qui servent de chair à canon».
Pourtant, les Nord-Coréens ne sont pas les seuls étrangers à se faire massacrer sur le front. Et les combattants ne s'engagent pas toujours volontairement dans l'armée russe. Blick dresse la liste des pays engagés dans les troupes de Poutine.
Afghanistan
Fin 2022, l'agence de presse AP a rapporté que la Russie avait pris contact avec des forces spéciales afghanes afin de les convaincre de partir en guerre pour Poutine. Des milliers d'ex-soldats d'élite devaient être recrutés pour former une «légion étrangère». On ne sait pas combien d'entre eux ont finalement accepté l'offre.
Somalie, Sierra Leone, Libye, République centrafricaine et Egypte
Des hommes somaliens ont également reçu une offre pour venir en Ukraine. Comme le montre un rapport du «Kyiv Independent» datant du mois d'avril dernier, certains d'entre eux ont été capturés par l'armée ukrainienne. Parmi eux, Muhammad, qui gagnait à peine 140 dollars (121 francs) par mois dans son pays. Il n'a alors pas voulu laisser passer l'équivalent de 1700 francs par mois que la Russie offre aux étrangers pour leur aide militaire. «Si j'arrive à rentrer en Somalie avec l'argent que j'ai gagné en servant, je serais un roi», déclare Muhammad cité par le portail d'information. On ne sait pas combien de ses compatriotes ont été recrutés par la Russie.
Selon Bloomberg, des hommes d'autres pays africains, comme la Sierra Leone, la Libye ou la République centrafricaine, auraient également été envoyés en Ukraine. L'armée ukrainienne a fait état de volontaires égyptiens impliqués dans des combats dans l'oblast de Kharkiv à l'été 2022. «L'ennemi recrute des volontaires étrangers, notamment des citoyens égyptiens, pour mener des hostilités», avait-elle déclaré à Kharkiv.
Inde
La Russie a attiré des citoyens indiens au front sous de faux prétextes. Plusieurs cas de ce type ont été documentés. Début mars, sept jeunes Indiens ont demandé via une vidéo postée sur internet de l'aide à leur gouvernement, expliquant avoir été incités – sans s'en rendre compte – à se battre pour la Russie. Un collaborateur du ministère russe de la Défense a déclaré en février à «The Hindu» qu'une centaine d'Indiens avaient été enrolés l'année dernière dans le centre de recrutement de Moscou.
Le porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères, Randhir Jaiswal, a déclaré qu'une vingtaine d'Indiens présents au sein de l'armée russe avaient demandé l'aide des autorités indiennes. En juillet de cette année, l'Inde et la Russie se sont mises d'accord pour que ces combattants soient bientôt licenciés. Selon la BBC, au moins quatre Indiens ont été tués dans les combats. Le ministre indien des Affaires étrangères Vinay Kwatra évoque entre 35 et 50 hommes vivants et engagés pour la Russie. Dix citoyens indiens auraient par ailleurs déjà été rapatriés.
Cuba
En septembre 2023, le gouvernement cubain a découvert un réseau russe de trafic d'êtres humains utilisé pour attirer des Cubains sur le front ukrainien. Cuba a condamné la fraude au recrutement et a souligné que le pays «ne faisait pas partie du conflit en Ukraine» et ne voulait pas non plus être «complice de ces actions».
Des hackers ukrainiens ont publié en septembre et octobre 2023 les données des passeports de plus de 200 Cubains qui auraient rejoint l'armée russe. Il est néanmoins difficile d'estimer de manière fiable le nombre exact de Cubains ayant rejoint les rangs russes. Notamment parce que l'entrée de citoyens cubains en Russie est facilitée. L'envoyé spécial ukrainien pour l'Amérique latine et les Caraïbes, Ruslan Spirin, a estimé ce nombre à environ 400 lors d'un entretien avec le «Wall Street Journal».
Malaisie
Selon des informations ukrainiennes, des mercenaires malaisiens ont été repérés dans la région de Donetsk aux côtés des Russes. Kuala Lumpur affirme n'avoir reçu aucune information sur la présence de combattants malaisiens en Ukraine.
Népal
Selon des déclarations faites en février par l'ancienne ministre népalaise des affaires étrangères Bimala Rai Paudyal, la Russie a attiré des milliers Népalais sur le front en leur promettant un salaire élevé par rapport à leurs standard, soit l'équivalent de 1700 francs par mois. Le revenu moyen au Népal est d'un peu plus de 600 francs.
Le gouvernement népalais ne donne toutefois pas le même chiffre, et explique que quelque 200 ressortissants étaient mobilisés sur le front ukrainien à la fin de l'année 2023. Au moins 13 Népalais auraient été tués dans la zone de guerre. Quatre autres auraient été capturés par l'Ukraine.
Corée du Nord
Cette information a fait les gros titres internationaux ces derniers jours: la Corée du Nord a envoyé des milliers de soldats en Russie pour la soutenir dans sa lutte contre l'Ukraine. Les Etats-Unis estiment que la Corée du Nord a déployé au moins 3000 soldats dans l'est de la Russie durant les deux premières semaines d'octobre. Ces informations concordent avec celles des services secrets sud-coréens. Parmi ces combattants, il y aurait également des forces spéciales. Au total, 10'000 Nord-Coréens devraient être déployés sur le front d'ici fin décembre.
Serbie
Il existe plusieurs cas documentés de mercenaires Serbes qui ont combattu aux côtés des troupes russes depuis fin février 2022. Le fait que le groupe de mercenaires Wagner, qui a fait couler beaucoup d'encre l'année dernière, ait ouvert un centre de recrutement à Belgrade prouve cette information. Il est pourtant interdit aux Serbes de participer à des conflits à l'étranger: ils risquent une peine de prison. Cette interdiction n'a toutefois pas dissuadé tout le monde. Il n'existe pas d'estimation précise du nombre de Serbes présents en Ukraine et e gouvernement passe volontiers le sujet sous silence.
Le Sri Lanka
La Russie a également approché des hommes du Sri Lanka pour les attirer au front avec de fausses promesses. Le recrutement s'adressait avant tout aux anciens membres de l'armée sri-lankaise, comme l'écrit Reuters. En juin, une délégation a été envoyée à Moscou pour récupérer des Sri Lankais qui avaient déjà combattu sur le front et qui voulaient rentrer chez eux, certains d'entre eux étant blessés.
Le ministre d'Etat Tharaka Balasuriya fait état de 445 plaintes déposées auprès du gouvernement. Il a toutefois reconnu que le nombre réel de personnes concernées pourrait être plus élevé. Au moins 37 Sri-Lankais ont été blessés en Ukraine et 16 autres sont portés disparus.
Syrie
Dès le début de la guerre en Ukraine, des soldats syriens ont été recrutés par la Russie pour des opérations militaires. Ils devaient notamment aider les troupes de Poutine à prendre Kiev. Une mission qui s'est soldée par un échec.
Ouzbékistan, Kazakhstan et Kirghizstan
La Russie fait également pression sur les migrants d'Asie centrale depuis le début de la guerre. Il s'agit de les appâter avec une promesse: s'ils servent un an dans l'armée, ils pourront obtenir le passeport russe. Comme l'a annoncé en juillet Aleksandr Bastrykine, le chef du comité d'enquête de la Fédération de Russie, 10'000 travailleurs immigrés ont été envoyés dans la zone de guerre. Au total, plus de 30'000 hommes de pays comme l'Ouzbékistan, le Kazakhstan ou le Kirghizstan auraient rejoint l'armée.