Ses yeux semblent vitreux, Ramzan Kadyrov peine à trouver ses mots. «Je ne vous pardonnerai jamais», lance le leader tchétchène dans une vidéo d'une bonne dizaine de minutes qu'il a publiée jeudi soir sur son profil Telegram.
L'élément déclencheur de sa colère est une sanction qui vient de tomber sur sa mère Aymani Kadyrova (70 ans), exigée par les Etats-Unis dans le cadre du Global Magnitsky Act. Cette loi, adoptée en 2016, autorise le gouvernement américain à punir personnellement les auteurs de violations des droits de l'homme dans le monde entier. Elle permet également de geler leurs avoirs et à leur interdire l'entrée sur le territoire américain.
Au sujet de la guerre
Des fonds utilisés à des fins personnelles
La Russe de 70 ans a été placée sur la liste des sanctions en raison de ses liens avec la fondation Akhmat-Kadyrov. Cette fondation porte le nom du père de Kadyrov (1951-2004), qui était président de la République de Tchétchénie jusqu'à sa mort dans un attentat à la bombe.
La fondation a été créée quelques semaines seulement après la mort du chef. Selon l'auto-description, l'objectif de l'organisation est «d'aider les citoyens dans le besoin et de créer des emplois pour la population de la République de Tchétchénie».
La fondation est apparemment aussi active en dehors de la Tchétchénie. Les médias officiels russes ont ainsi fait état d'actions caritatives en Somalie ou, plus récemment, en Syrie après le tremblement de terre dévastateur du printemps dernier.
Les médias critiques envers le Kremlin ont toutefois attiré l'attention sur le manque de transparence de la fondation. Les fonds auraient déjà été utilisés à des fins personnelles de la famille Kadyrov, notamment pour une fête d'anniversaire en grande pompe du leader tchétchène en 2011. En outre, tous les citoyens tchétchènes semblent devoir verser au moins 10% de leur salaire à la fondation, bien que celle-ci ne soit officiellement pas liée au gouvernement.
«Ma chère maman»
Dernièrement, la fondation s'est retrouvée dans le collimateur des autorités américaines parce qu'elle était liée aux «enlèvements violents d'enfants ukrainiens», peut-on lire sur un site Internet du gouvernement. Selon ce site, la fondation serait utilisée par la famille Kadyrov pour «superviser la 'rééducation' d'enfants ukrainiens dans des camps en dehors de Grozny, dans la République de Tchétchénie».
Selon le gouvernement américain, Aymani Kadyrova, qui siège au conseil d'administration de la fondation, est également coresponsable de cette situation. Son fils ne décolère pas. Il a notamment déclaré Sur Telegram: «J'avais déjà renoncé à me laisser surprendre par les décisions illogiques de l'Occident en matière de sanctions. Et soudain, cela se produit à nouveau: maintenant, ma chère maman est sur la liste.»
Sur les sanctions contre la Russie
Selon Kadyrov, le monde entier sait que sa mère «s'engage exclusivement pour des œuvres caritatives». C'est pourquoi la décision des Etats-Unis est «un mépris conscient et cynique de toutes les normes éthiques».
Désormais, Kadyrov jure de se venger et sans ménagement. «Si les Etats-Unis légitiment de telles méthodes criminelles, nous ne nous laisserons pas restreindre par quelques frontières, quelles qu'elles soient.» Le leader tchétchène, qui soutient la guerre d'agression de Vladimir Poutine, est sûr de sa victoire. «Qu'ils profitent donc des sanctions, qui sont indolores pour nous. Nous continuerons à briser l'échine des gangs ukrainiens de l'OTAN.»