«Je ne suis pas d'accord avec la politique du gouvernement»
0:22
Agresseur présumé de Fico:«Je ne suis pas d'accord avec la politique du gouvernement»

«Je ne suis pas d’accord avec la politique du gouvernement»
On en sait plus sur l'agresseur présumé du Premier ministre slovaque Robert Fico

Robert Fico, 59 ans, a été blessé par plusieurs balles mercredi après une réunion de cabinet à Handlova, dans le centre de la Slovaquie. Il a été évacué en hélicoptère à Banska Bystrica, où il a été opéré. On en sait désormais plus sur l'auteur présumé de cette attaque.
Publié: 16.05.2024 à 07:36 heures
|
Dernière mise à jour: 16.05.2024 à 07:50 heures
1/2
Selon le ministre de la Défense Robert Kaliniak, cet attentat est «une attaque politique» à laquelle il faudra «réagir en conséquence».

Le Premier ministre slovaque Robert Fico, âgé de 59 ans, a été blessé par plusieurs balles mercredi après une réunion de cabinet à Handlova, dans le centre de la Slovaquie. Il a été évacué en hélicoptère à Banska Bystrica, où il a été opéré.

Le fils du suspect: «Il n'a pas voté pour lui»

Selon le ministre de la Défense Robert Kaliniak, cet attentat est «une attaque politique» à laquelle il faudra «réagir en conséquence». La télévision slovaque a diffusé des images d'un homme en jeans menotté au sol. La personne détenue et suspectée est un homme de 71 ans originaire du centre du pays, identifié par les médias slovaques comme un écrivain local. «Je pense pouvoir le confirmer, oui», a répondu le ministre de l'Intérieur à des journalistes qui l'interrogeaient sur l'identité du tireur.

Le fils du suspect a déclaré au site d'informations aktuality.sk que son père avait une arme à feu légalement enregistrée. Interrogé sur les sentiments de son père à l'égard de Robert Fico, il aurait répondu: «Je vais vous dire une chose: il n'a pas voté pour lui. C'est tout ce que je peux dire.»

«La police a arrêté l'assaillant et donnera plus d'informations, le plus vite possible», a annoncé dans un communiqué la présidente sortante de la Slovaquie, Zuzana Caputova. Elle a qualifié l'agression de son opposant politique d'«attaque contre la démocratie».

L'auteur présumé parle de son mobile

Le ministre slovaque de l'Intérieur a confirmé les informations des médias sur l'identité de l'agresseur. Lorsqu'on lui a demandé s'il s'agissait d'un écrivain de 71 ans originaire du centre de la Slovaquie, le ministre de l'Intérieur Matus Sutaj Estok a répondu: «Je pense pouvoir le confirmer, oui.»

L'homme serait originaire de la ville de Levice, à environ 150 kilomètres à l'est de Bratislava, et le fondateur d'un club de littérature. Il serait également membre de l'Association officielle des écrivains slovaques, ce qu'ils ont confirmé plus tard sur Facebook. S’il venait à être accusé, l’adhésion de «cette personne méprisable» sera résiliée.

Selon une enquête de l'AFP, l'homme aurait publié plusieurs déclarations politiques sur les réseaux sociaux. Il y a huit ans, il aurait déclaré dans l’un d’eux que le monde était «plein de violence et d’armes» et que les gens semblaient «devenir fous». Il a également fait part de ses inquiétudes concernant l’immigration et «la haine et l’extrémisme». Il aurait lui-même fondé un «mouvement contre la violence».

Selon les informations de la chaîne de télévision TA3, l'homme serait un ancien employé d'un service de sécurité privé, information qui n'a pas officiellement été confirmée dans un premier temps. Malgré un embargo sur l'information, la chaîne a obtenu un enregistrement vidéo de la clinique. L’agresseur présumé, à l’air hébété, y déclare: «Je ne suis pas d’accord avec la politique du gouvernement. Ils liquident les médias. Pourquoi le RTVS est-il aboli?» Des milliers de personnes manifestent depuis des semaines contre la dissolution prévue par le gouvernement de la radio et de la télévision publiques RTVS.

Malgré un embargo sur l'information, la chaîne a obtenu un enregistrement vidéo de la clinique. L’agresseur présumé, à l’air hébété, y déclare: «Je ne suis pas d’accord avec la politique du gouvernement. Ils liquident les médias. Pourquoi le RTVS est-il aboli?»

Un ex-communiste pro-Poutine

Après être revenu au pouvoir comme Premier ministre en octobre, Robert Fico a mis en doute la souveraineté de l'Ukraine et fait cesser toute aide militaire au pays. Cet ancien membre du parti communiste, qui a fondé sa propre formation et rejette les étiquettes de «populiste» et de «démagogue», s'est opposé aux sanctions contre la Russie.

En avril, il a néanmoins opéré un changement de ton face à la guerre en Ukraine, prônant une solution pacifique qui respecte «l'intégrité territoriale» de ce pays. Son allié au gouvernement, Peter Pellegrini, a remporté le mois dernier la présidentielle devançant largement un diplomate pro-européen, en faisant de la guerre en Ukraine un élément-clé de la campagne dans ce pays de 5,4 millions d'habitants membre de l'Union européenne et de l'OTAN. Sa coalition gouvernementale a notamment adopté un projet de loi controversé sur la radio et la télévision publiques RTVS que le pouvoir en place accuse de manquer d'objectivité.

Vives condamnations à l'international

La tentative d'assassinat a provoqué de vives réactions. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déploré une «attaque ignoble», jugeant que «de tels actes de violence n'ont pas leur place dans notre société et sapent la démocratie, notre bien commun le plus précieux». «Rien ne peut jamais justifier la violence ni de telles attaques», a souligné le président du Conseil européen Charles Michel, tandis que le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg s'est déclaré «consterné».

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé l'attaque «épouvantable» contre le premier ministre slovaque. Son homologue russe Vladimir Poutine a, lui, parlé d'un «crime odieux», décrivant Robert Fico «comme un homme courageux et déterminé». Le président américain Joe Biden a pour sa part condamné un «ignoble acte de violence», alors que la Suisse par la voix de sa présidente Viola Amherd s'est dit «profondément choquée» et a appelé à «protéger la démocratie».

(avec l'ATS)

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la