«Je ne savais pas»
Le chef des armées sud-coréen nie son rôle dans le déploiement de soldats à Séoul

Révélations choquantes sur la loi martiale en Corée du Sud. Le chef militaire affirme son ignorance du déploiement de soldats, alors que le ministre de la Défense démissionnaire reconnaît son rôle dans l'opération controversée.
Publié: 05.12.2024 à 12:19 heures
Les images au Parlement à Séoul ont fait le tour du monde.
Photo: keystone-sda.ch

Le chef des armées «ne savait pas» que des soldats étaient massés dans les locaux de la commission électorale nationale: l'interrogatoire de haut gradés par les députés sud-coréens jeudi a permis de dévoiler certains détails sur les quelques heures de loi martiale connues par le pays cette semaine.

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol fait face à une procédure de destitution, après l'échec de sa tentative surprise de suspendre la démocratie en Corée du sud mardi soir, les députés s'efforçant de déterminer qui a émis des ordres clés à ce moment-là.

Le général Park An-su, chef d'état-major de l'armée et officiellement commandant de la loi martiale, a affirmé jeudi lors d'une séance d'enquête parlementaire qu'il était resté éloigné et dans l'ignorance de tout le processus.

Il dit ne pas être au courant

«J'ai été mis au courant de la déclaration de loi martiale en regardant le président Yoon à la télévision», a-t-il répondu aux députés qui l'interrogeaient. Il a ainsi affirmé avoir appris l'imposition de la loi martiale lors de l'allocution télévisée du président. «J'ai découvert que j'avais été nommé commandant de la loi martiale lorsque le ministre de la Défense l'a annoncé» a-t-il ajouté.

Il a démenti avoir rédigé le décret interdisant tout rassemblement d'opposition, autorisant des arrestations sans mandat et une application de la censure sur les médias, même si celui-ci est signé de sa main. Il a uniquement admis avoir modifié la date du document.

Le ministre de la Défense reconnaît sa responsabilité

Le ministre de la Défense Kim Yong-hyun, qui a démissionné jeudi, a reconnu pour sa part son rôle dans l'opération. Il fait désormais l'objet d'une interdiction de se rendre à l'étranger, décidée par le parquet de Séoul.

Dès la proclamation de la loi martiale, les forces de sécurité ont cerné le Parlement. Des hélicoptères ont déposé des soldats dans l'enceinte parlementaire, tandis que d'autres ont pénétré dans le bâtiment en cassant des vitres. Au total, près de 300 militaires sont intervenus.

Des images télévisées spectaculaires montrent des assistants parlementaires tenter de bloquer des soldats lourdement armés avec des fauteuils ou des extincteurs. Leur réactivité a permis à suffisamment de députés d'entrer et de procéder à un vote rendant illégale la proclamation présidentielle. Certains sont même entrés en escaladant les barrières du parlement.

«Je ne savais pas»

«Je ne savais même pas qu'il y avait des soldats à cet endroit», a déclaré le général Park, qui a aussi dit ignorer si les armes des militaires étaient chargées ou non de balles réelles.»Je n'étais pas en contrôle de la chaîne de commandement, donc je ne savais pas» a-t-il répété. Idem pour une intervention de soldats au siège de la Commission électorale nationale: «je ne savais pas non plus», a-t-il dit.

En fait, les ordres de déployer des soldats sont venus du ministre de la Défense Kim Yong-Hyun lui-même, a souligné aux députés son adjoint Kim Seon-ho, qui assure l'intérim après sa démission jeudi. Face aux députés, il a ajouté qu'il s'était opposé à ce déploiement. Il a aussi affirmé que les armes des soldats n'étaient pas chargées. Mais il dit n'avoir aucune idée de l'auteur du décret de loi martiale lui-même, soulignant simplement que le ministre de la Défense «ne l'a pas écrit». 

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