La salle tremble lorsque J.D. Vance apparaît sous les projecteurs. A ses côtés à la convention du parti républicain: son épouse Usha Chilukuri, qu'il connaît depuis ses années d'étudiant. L'homme de 39 ans serre des mains, prend des selfies, embrasse des délégués, puis s'immobilise. Sous les acclamations, il est élu candidat à la vice-présidence des conservateurs.
Alors qu'il y a huit ans, le candidat à la présidence américaine Donald Trump avait opté pour Mike Pence, le choix s'est aujourd'hui porté sur un tout autre homme en la personne de J.D. Vance. Donald Trump se lance donc dans sa course présidentielle de novembre avec ce sénateur de l'Ohio, qui s'était lui-même qualifié de «plouc» dans son autobiographie de 2016. Et qui, depuis, a opéré une étonnante transformation.
Son autobiographie «Hillbilly Elegy» (ndlr: «l'élégie du plouc» en français) l'a rendu célèbre. Depuis, l'auteur, alors plus doux et joufflu, s'est efforcé de dissimuler son côté plus mou. Élu sénateur en 2022, J.D. Vance est considéré comme la tête de liste des républicains. On dit que sa barbe, qu'il s'est alors laissée pousser, est un «truc de masculiniste», censée le faire paraître plus coriace, plus dur.
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De l'ennemi à l'ami de Trump
Le 2 août, J.D. Vance aura 40 ans. S'il remporte les élections, il deviendra le plus jeune vice-président américain depuis Richard Nixon (1913-1994) sous la présidence de Dwight D. Eisenhower (1890-1969). Richard Nixon avait alors 39 ans.
Il y a quelques années encore, J.D. Vance déplorait l'ascension de Donald Trump. Depuis qu'il a annoncé son intérêt pour la vice-candidature, ce dernier a effectué un virage à 180 degrés. Il se montre Désormais plus agressif, plus combatif que l'homme sensible et littéraire qu'il décrivait encore dans son livre à succès.
Depuis, les opposants se moquent de J.D. Vance, le qualifiant de «radicalisé» et, selon les mots du président américain Joe Biden de «clone de Trump». Beaucoup se demandent ce qui est arrivé à J.D. Vance. En 2016, il avait déclaré lors d'une interview avec le syndicat de radio américain NPR: «Je ne peux pas supporter Trump. Je pense qu'il est néfaste et qu'il mènera la classe ouvrière blanche dans un endroit très sombre.»
Le provincial s'attaque à Washington
Aujourd'hui, J.D. Vance se définit comme anti-woke, nationaliste conservateur et fervent catholique. Comme Donald Trump, il se voit proche du Premier ministre hongrois Viktor Orbán.
Cet ancien soldat d'élite des Marines soutient fermement la politique de Trump, notamment la fermeture des frontières aux migrants sans papiers, les déportations massives ainsi que le scepticisme vis-à-vis de l'ingérence des Etats-Unis dans les conflits étrangers, en particulier la guerre entre la Russie et l'Ukraine.
Marié depuis 2014 et père de trois enfants, il représente le conservatisme populiste, capable de rejeter les opinions républicaines traditionnelles.
Le «bouledogue» de Trump?
J.D. Vance se présente comme l'homme des ouvriers et des employés. Dans son autobiographie, il dresse le portrait des forces économiques qui ont érodé la base industrielle de sa ville natale et causé des problèmes allant de la violence domestique à l'abus d'opioïdes. Dorénavant, il souhaite s'installer dans la capitale, à Washington. Trump, qui aurait encore rejeté dimanche la personne de son vice-président, a désormais donné sa bénédiction à ce dernier.
Trump a donc réussi à transformer un ancien critique virulent en fidèle compagnon de route et en défenseur. Pourtant, ce dernier aurait qualifié Trump d'«Hitler de l'Amérique». «Cela fait sans doute de lui aujourd'hui le Heinrich Himmler de l'Amérique», s'insurge le portail d'information démocrate MTN dans une attaque cinglante. Depuis, J.D. Vance a supprimé tous ses tweets controversés concernant Trump et son ascension au Sénat en 2022. Un revirement sans précédent? «J'ai cru aux mensonges des médias. J'ai cru à l'idée que Trump serait une terrible menace pour la démocratie. C'était faux», se défend-t-il.
Après l'attentat contre Trump de ce week-end, le représentant de la «nouvelle droite» a indiqué le ton qui sera adopté. Au lieu d'appeler à la raison et au dialogue dans le pays comme d'autres politiciens l'ont fait, il a personnellement blâmé le président américain Joe Biden pour l'attaque. Sur X, J.D. Vance écrit que la campagne électorale du démocrate était entièrement axée sur la présentation de Trump comme un fasciste autoritaire qu'il fallait stopper à tout prix. Les médias américains qualifient déjà J.D. Vance de «bouledogue», un vice-président qui s'engouffrerait dans la brèche pour Trump. Quoi qu'il arrive.