Donald Trump a même reconquis Washington. Enfin presque: revenu dans cette capitale fédérale américaine qu’il déteste, et qu’il avait dû quitter contre son gré en janvier 2021 après la victoire et l’investiture de Joe Biden, le «président élu» a de nouveau réussi mercredi 13 novembre un énorme coup médiatique et politique. Invité par Joe Biden à la Maison-Blanche, comme le veut la tradition, Trump s’y est rendu après avoir été d'abord ovationné par les parlementaires républicains, lors d’une rencontre à l’hôtel Hyatt Regency. Le ton était donné: quoi qu’il advienne, l’administration fédérale, qui lui est largement hostile, ne pourra pas cette fois faire obstacle à ses projets.
Trump président
«Il faut le reconnaître: dans cette ville démocrate jusqu’au bout des ongles, Trump a réussi son come-back. Même ceux qui ne le supportent pas applaudissent sa performance politique. On finit par oublier ce qu’il propose pour les États-Unis, et les dangers qui se profilent», s’énerve Robert King, un activiste du parti démocrate dans ce District de Columbia acquis à Kamala Harris. Bob King, que nous avions rencontré avant l’élection du 5 novembre, pensait que la vice-présidente sortante pourrait l’emporter en misant sur le soutien des électrices américaines, effrayées par la remise en cause du droit fédéral à l’avortement. Erreur. Même si celles-ci ont davantage voté pour le ticket Harris-Walz (à 53%), elles n’ont pas déserté loin s’en faut le camp républicain.
Trump a tout gagné
L’enjeu de la visite de courtoisie à Joe Biden était minime sur le plan politique. Les deux hommes ont parlé environ deux heures. Trump a tout gagné le 5 novembre. Il a remporté le scrutin présidentiel avec 312 grands électeurs contre 226 pour Kamala Harris. Il sort victorieux du vote populaire, avec plus de cinq millions de voix d’avance, le premier candidat républicain à réussir cela depuis 20 ans.
Mieux: le parti de Donald Trump contrôle désormais le Sénat, qui doit confirmer toutes les principales nominations gouvernementales ou diplomatiques, par 53 contre 47. La Chambre des représentants est enfin bien partie pour rester aussi dans les mains de ce «grand old party» qui a coloré en rouge la carte des États-Unis. Un grand chelem? «Oui, c’est ça, il nous a battus à plate couture» reconnaît Bob King, l’activiste démocrate de Washington.
A genoux devant Trump
La capitale fédérale doit donc l’admettre: elle est à genoux devant Trump. Un homme le sait plus que tous. Paul Strauss est l’un des deux «Shadow» sénateurs du District de Columbia, le nom officiel de Washington. Il est démocrate. Il n’était pas soumis à réélection ce 5 novembre, mais le second «sénateur de l’ombre», l’était, et le démocrate Ankit Jain l’a emporté avec 90% des suffrages ! «Shadow», cela veut dire que ces deux sénateurs sont élus, mais ne siègent pas dans la haute assemblée avec les pouvoirs afférents.
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Le District de Columbia n’est pas un État à part entière. Il est géré par le Congrès des États-Unis. La maire de Washington DC, Muriel Bowser, démocrate, elle aussi, a les pouvoirs d’un gouverneur, mais pas le titre ni les prérogatives. C’est elle qui, le 6 janvier 2021, a envoyé la police de sa ville renforcer la police du Congrès, débordée par l’assaut des Trumpistes. Depuis, les Républicains en ont fait leur ennemi numéro un. «Washington est viscéralement anti-Trump. Et pourtant, le revoilà, plus puissant que jamais» note Paul Strauss.
Importance cruciale pour le «District»
Le retour de Donald Trump au pouvoir a beaucoup d’importance pour le «district». Jamais les Républicains, et surtout pas Donald Trump, n’accepteront d’accorder à Washington DC le statut d’Etat, alors que sa population (678 000 habitants) est supérieure à celle du Wyoming, dans l’Ouest américain. Lequel a, comme tous les États, deux sénateurs à part entière (tous deux républicains). Il suffit de compter pour comprendre. Washington, fief démocrate, serait un obstacle de plus pour permettre au parti conservateur de contrôler le Sénat. Paul Strauss en est conscient: avec Trump et la vague rouge, le District de Columbia demeurera tel qu’il est.
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Donald Trump, lui, a de toute façon tranché. Il n’a jamais digéré les manifestations incessantes devant la Maison-Blanche où sa femme, Melania, a de toute façon annoncé qu’elle ne retournera pas. Mélania, toujours elle, a même refusé de rendre visite ce mercredi à Jill Biden, la femme du président sortant. Terminé. La Maison-Blanche sera un lieu de pouvoir «de passage». C’est à Mar-a-Lago, en Floride, que Trump a aujourd’hui son quartier général. Il a nommé de nombreux élus ou personnalités de cet État conservateur dans sa nouvelle administration. Le dernier en date est le sénateur Marco Rubio, qui occupera le poste de Secrétaire d’État.
Washington est prête pour l'accueillir. Mais cette ville à majorité afro-américaine, et ce qu'elle représente, ne sera jamais le centre de la galaxie Trump.