Ce vendredi, Vladimir Poutine fête ses 70 ans. Comme l’a annoncé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, peu avant l’événement, le président russe veut être au centre des célébrations dans le somptueux palais de Constantin à Saint-Pétersbourg, sa ville natale. La cérémonie promet d’être mémorable, mais pas forcément pour les bonnes raisons. Les causes de réjouissance risquent de manquer à l’autocrate: Vladimir Poutine semble être sur la voie de l’autodestruction politique.
Son système de gouvernance menace de s’effondrer. La stabilité pour laquelle le président russe a œuvré pendant des décennies – par des visites d’Etat dans le monde entier, des événements sportifs et surtout l’entretien de relations avec le monde occidental – a l’air plus fragile que jamais.
Même son image de tacticien rusé – qui a perfectionné la conduite de la guerre hybride, qui sait forger des alliances avec succès et qui a toujours une longueur d’avance sur ses adversaires – en a pris un coup ces derniers mois. Son «opération spéciale» en Ukraine, visant à prendre de court par une guerre éclair le pays voisin, ne s’est pas déroulée comme il l’espérait.
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La Chine et l’Inde prennent leurs distances
Annonce de référendums fictifs sur l’annexion de régions ukrainiennes, mobilisation partielle des Russes, menaces de plus en plus violente sur l’utilisation d’armes nucléaires envers le monde occidental… Au fil du conflit en Ukraine, Vladimir Poutine a multiplié les manœuvres pour tenter de prendre l’ascendant. Les Ukrainiens, pourtant, continuent de résister et ne cèdent pas.
Sur le portail d’information européen EurActiv, le politologue Roman Rukomeda n’a pas peur d’affirmer que Vladimir Poutine fait désormais face aux ruines de son œuvre politique. De nombreux experts partageraient son point de vue.
Dans le monde occidental, le président russe n’est pas seulement isolé à cause des sanctions imposées contre son pays par le reste du monde (comme le gel des comptes des oligarques). Les Etats voisins le craignent d’ailleurs moins que lors de son mandat précédent. Des combats ont à nouveau éclaté dans la zone frontalière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Deux Etats ennemis derrière lesquels œuvrent la Russie et la Turquie.
Des pays comme la Chine et l’Inde semblent également prendre leurs distances avec le chef du Kremlin. Comme l’explique Bernd Wieser, juriste et expert en droit russe, au quotidien autrichien «Kleine Zeitung», la Chine ne reconnaîtrait pas une annexion de l’Ukraine, dans le contexte de ses querelles politiques avec le Tibet. Il en va de même pour l’Inde. Le mois dernier, le Premier ministre Narendra Modi a fait savoir à Vladimir Poutine, pacifiquement, mais fermement, que l’heure n’était pas à la guerre.
Acculé dans ses positions
En plus des réactions à l’extérieur de la Russie, Vladimir Poutine doit aussi garder la face au sein même de son pays. Abandonner pouvoir n’est pas une option. Il doit non seulement rendre des comptes à ses collègues russes, mais aussi à son peuple. Or les conséquences de ses décisions sont parlantes: des centaines de milliers de jeunes hommes ont, par exemple, pris la fuite, refusant d’être mobilisés. Parmi eux, de nombreux lettrés et notables du pays.
La pression augmente sur les épaules du dirigeant russe. Vladimir Poutine se retrouve acculé dans ses positions. Et une chose semble sûre: les nouvelles du front en Ukraine ne risquent pas d’être un cadeau d’anniversaire plaisant.