Francis Fukuyama croit encore un peu à «la fin de l’histoire». Le titre de son livre, publié pour la première fois en anglais en 1989 sous le titre «The end of history and the last man» (Free Press Publishing), a valu quantité de critiques, depuis plus de trente ans, à ce professeur américain de sciences politiques de l’Université Stanford, spécialisé dans l’étude des démocraties.
Confiance dans la liberté
Et pourtant: invité par le Mouvement des Entreprises de France (MEDEF) en ouverture de ces journées annuelles lundi 19 août à Paris, l’essayiste a réaffirmé sa confiance dans la victoire de la liberté face aux dangers géopolitiques qui la menaçent.
«Poutine a perdu. Il a été mis échec et mat en Ukraine», a-t-il déclaré dans une intervention vidéo, juste après le discours de la cheffe du gouvernement français Élisabeth Borne et du premier ministre polonais Mateusz Morawiecki. Les Russes quittent la Russie alors que les Ukrainiens, eux, reviennent pour rebâtir leur pays. Les institutions Ukrainiennes ont tenu. L’identité nationale ukrainienne s’est renforcée. On voit chaque jour la ténacité dont les Ukrainiens font preuve. Poutine, lui, est isolé»
Discours de Zelensky
Echec et mat, le président Russe qui espère, face au monde occidental, se rapprocher de la Chine et compter sur le soutien des pays émergents demandeurs d’hydrocarbures? Volodymyr Zelensky, lui, n’est pas allé jusque-là dans son discours prononcé à distance devant les patrons français.
En tee-shirt noir – et non kaki, comme à son habitude – le président Ukrainien a centré son propos sur la réouverture du marché ukrainien et les opportunités que la reconstruction de son pays va ouvrir pour les entreprises européennes.
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Vérités européennes
Le premier ministre Polonais, pour sa part, a rappelé l’importance des valeurs de liberté que les Occidentaux défendent. Critiqué par la Commission européenne pour les dérives de son gouvernement en matière d’État de droit et de respect de l’indépendance de la justice, Mateusz Morawiecki a redit devant les milliers de chefs d’entreprise français réunis à l’hippodrome de Longchamp ce qu’il avait récemment écrit dans les colonnes du Monde.
C'est-à-dire: «La guerre en Ukraine a aussi révélé la vérité sur l’Europe […] Aujourd’hui, toute voix occidentale visant à limiter les livraisons d’armes à l’Ukraine, à alléger les sanctions, à amener les «deux parties» (c’est-à-dire l’agresseur et la victime) au dialogue est un signe de faiblesse aux yeux de Poutine. Et pourtant, l’Europe est beaucoup plus forte que la Russie».
Grande fragilité chinoise
Echec et mat, vraiment? L'Américain Francis Fukuyama n’en démord pas. Si les démocraties retrouvent la voie de la puissance et d’une juste redistribution des bénéfices politiques et économiques, ni la Russie, ni la Chine ne pourront les bousculer. «La Chine doit faire face à une grande fragilité: celle de son marché immobilier. Elle est aujourd’hui prisonnière des rêves de grandeur de Xi Jinping. Le défi à l’Occident est énorme. Mais la défaite n’est pas programmée».
A une condition: «Que les élites des pays démocratiques ne confisquent pas les avantages. Ces élites, aux Etats-Unis comme en Europe, se sont reposées sur leurs lauriers. Or aujourd’hui, l’Internet mine la croyance dans les faits réels. Il faut donc redoubler d’efforts pour défendre nos libertés».
Retrouvez ici les débats de la rencontre des entrepreneurs de France.