Dix mois après avoir succédé à Angela Merkel, le social-démocrate a dévoilé sa vision de l’Europe, en plein «changement d’époque» provoqué par la guerre en Ukraine. Il se démarque ainsi de l’ancienne dirigeante qui avait laissé sans réponse plusieurs propositions formulées notamment par la France. Olaf Scholz, qui dirige une coalition avec les écologistes et les libéraux, a plaidé pour un nouvel élargissement de l’UE. «Le fait que l’UE continue à s’étendre vers l’est est un avantage pour nous tous», a-t-il fait valoir la République tchèque, qui assure la présidence tournante de l’Union.
Elargir l’Union européenne aux Etats des Balkans occidentaux
L’ancien maire de Hambourg veut «s’engager pour l’élargissement de l’Union européenne aux Etats des Balkans occidentaux», ainsi qu’à l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie. Il est allé jusqu’à évoquer «une Union européenne de 30 ou 36 Etats», bien «différente de notre Union actuelle». Le social-démocrate est un ardent défenseur, depuis son élection, de l’adhésion des pays des Balkans occidentaux. Il les a ainsi visités ou a reçu à Berlin leurs dirigeants ces derniers mois.
Quatre des six pays de la région ont le statut de candidat à l’adhésion (Serbie, Monténégro, Macédoine du Nord et Albanie). Le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine ne l’ont pas encore, mais tous ont signé un accord de stabilisation et d’association avec l’UE. L’UE avait ouvert en juillet les négociations d’adhésion avec l’Albanie et la Macédoine du Nord, deux pays bloqués dans l’antichambre de l’Union depuis huit et dix-sept ans, mais le processus s’annonce encore long et difficile avant une intégration.
Passer de l'unanimité à la majorité
Dans cette future configuration, les règles de fonctionnement devront forcément évoluer, selon le chancelier. «L’Ukraine n’est pas le Luxembourg. Et le Portugal ne porte pas le même regard sur les défis du monde que la Macédoine du Nord», a décrit Olaf Scholz. Ainsi, «là où l’unanimité est aujourd’hui requise (au sein de l’UE), le risque qu’un seul pays empêche tous les autres d’avancer avec son veto augmente avec chaque nouvel Etat membre», a fait valoir le chancelier allemand.
«C’est pourquoi j’ai proposé de passer progressivement à la prise de décision à la majorité dans la politique étrangère commune, mais aussi dans d’autres domaines, comme la politique fiscale», explique Olaf Scholz, ne cachant pas que «cela aurait également des conséquences pour l’Allemagne». Pour lui, «s’en tenir au principe de l’unanimité ne fonctionne que tant que la pression pour agir est faible. Mais ce n’est plus le cas au vu du changement d’époque» provoqué selon lui par l’invasion russe de l’Ukraine.
Il a aussi promis de s’engager pour que la Croatie, la Roumanie et la Bulgarie obtiennent leur intégration réclamée de longue date dans la zone Schengen de libre circulation – dont fait aussi partie la Suisse. Un «engagement personnel» salué par le président roumain Klaus Iohannis Le dirigeant propose aussi, pour garantir le bon fonctionnement d’une UE élargie, que les procédures d’infraction aux règles soient élargies et ne soient plus cantonnées uniquement aux atteintes à l’Etat de droit, comme celles qui visent la Hongrie et la Pologne.
Olaf Scholz soutient Macron
Olaf Scholz, qui a lancé des investissements massifs dans l’armée allemande, veut aussi s’attaquer au «rétrécissement non coordonné des forces armées européennes et des budgets de défense», mis à nu par l’invasion russe. Une plus grande coopération entre les entreprises européennes sur les projets d’armement, la fabrication conjointe et les achats est selon lui nécessaire.
Olaf Scholz a en outre réitéré son soutien à la proposition d’Emmanuel Macron d’une «Communauté politique européenne». Il se montre toutefois moins ambitieux que le président français concernant cette nouvelle instance. Olaf Scholz la voit ainsi comme un lieu au sein duquel «nous discuterions une ou deux fois par an des thèmes centraux qui concernent notre continent dans son ensemble». Le président français l’imaginait lui comme une «organisation européenne nouvelle» permettant d’associer les candidats à l’adhésion à l’UE mais aussi le Royaume-Uni, la Suisse ou la Norvège.
(ATS)