A la veille des élections du 23 février, l'attaque au couteau mortelle d'Aschaffenburg secoue les partis allemands. Friedrich Merz de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) – très probablement le nouveau chancelier – serre une nouvelle fois la vis en matière de politique migratoire.
Il précise à cette occasion qu'il ne collaborera dans le futur gouvernement avec aucun parti qui ne soutiendra pas ses exigences conséquentes. Une affirmation qui a envenimé la situation déjà tendue. Car les partis de gauche comme le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) et les Verts hésitent. Friedrich Merz doit-il finalement collaborer avec l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) qu'il déteste? La cheffe du parti, Alice Weidel, lui tend en tout cas une main qu'il peut difficilement refuser de saisir.
Après les attentats de Duisbourg, Mannheim, Solingen et maintenant Aschaffenburg, l'Union de la CDU et de la CSU (Union chrétienne-sociale en Bavière) en a définitivement assez. La CDU, qui avait ouvert la porte aux réfugiés sous la chancelière Angela Merkel, veut pratiquement fermer les frontières aux migrants et faire avancer les expulsions de manière conséquente. Elle veut retirer la nationalité allemande aux grands criminels possédant plusieurs passeports.
Les partis de gauche critiquent Merz
Le chef de la CDU, Friedrich Merz, réagit avec colère à l'attentat d'Aschaffenburg: «La messe est dite!» Il refuse d'accepter que de tels actes soient «la nouvelle normalité». Le ministre-président bavarois Markus Söder, membre de la CSU, renchérit: «Ça suffit, ça suffit, ça suffit! Combien encore, en fait?» Selon lui, ce n'est clairement pas un hasard, mais plutôt la conséquence d'une mauvaise politique migratoire menée depuis des années.
Avec ses revendications acerbes, Friedrich Merz ne fait pas mouche auprès des partis de gauche. Les Verts les qualifient de «ni efficaces ni juridiquement réalisables» et demandent à la place une meilleure intégration. La ministre de l'Intérieur SPD Nancy Faeser rejette la responsabilité de l'attentat sur les autorités bavaroises. Elles devraient expliquer pourquoi l'homme connu pour sa violence était en liberté.
L'AfD attire
Friedrich Merz est désormais confronté à une grande tentation. Alors que les partis de gauche font la sourde oreille, la chef de l'AfD Alice Weidel vient vers lui avec une offre. Elle aimerait convaincre Friedrich Merz, avant la prochaine session du Bundestag de la semaine prochaine, de collaborer sur les avancées en matière d'immigration. Sur X, elle écrit que si les deux partis s'étaient soutenus mutuellement, ils auraient déjà fait passer des interventions contre la majorité rouge-verte.
Le simple fait que l'AfD et la CDU/CSU puissent se concerter sur une question de fond et voter de la même manière suscite l'émoi en Allemagne. La CDU parle «d'offres empoisonnées». Friedrich Merz déclare: «Nous présenterons nos propositions, indépendamment de qui les approuve.» La CDU/CSU elle-même n'approuverait aucune proposition de l'AfD, car «nous introduisons de nous-mêmes au Bundestag tous les thèmes que nous considérons comme justes».
A l'inverse, la CDU/CSU peut compter sur l'aide de l'AfD. Un porte-parole de l'AfD a répondu au Bild à la question de savoir si l'on voterait les propositions de l'Union même si la CDU/CSU rejetait les interventions de l'AfD: «Oui. C'est ce que l'AfD fait depuis tout ce temps. Le pays passe avant tout.»
En d'autres termes, Friedrich Merz veut de toute façon mener à bien sa politique d'asile renforcée. Avec ou sans l'accord de l'AfD.
Se dirige-t-on vers une coopération forcée?
La question décisive se posera après les élections, lorsqu'il s'agira de former un gouvernement. Friedrich Merz ne pourra-t-il pas éviter de faire entrer l'AfD au gouvernement si les Verts et le SPD refusent le durcissement qu'il demande sans condition? Pour les experts politiques, une collaboration avec l'AfD serait tabou et donc peu réaliste. Ils prédisent plutôt une coalition avec la CDU/CSU, le SPD et un tiers parti, soit le PLR, soit l'alliance Sahra Wagenknecht (BSW).
Alexander Marguier, rédacteur en chef du magazine politique «Cicero», déclare à Blick: «Je pars du principe que le SPD va se repositionner complètement et devra adapter sa politique migratoire.» Il fait référence aux sociaux-démocrates danois, qui mènent une politique migratoire bien plus stricte que celle du SPD.
Selon lui, le SPD sait pourquoi sa cote de popularité n'est plus que de 16% et ne pourra pas éviter de prendre exemple sur ses collègues danois. Selon Alexander Marguier: «Il doit devenir plus pragmatique. C'est sa dernière chance s'il veut se sauver et ne pas finir dans les oubliettes de l'histoire.»
Empêcher l'AfD d'entrer au gouvernement
En contrepartie, la CDU/CSU devrait également reprendre du poil de la bête. Jürgen W. Falter, chercheur en élections à l'université de Mayence, déclare à Blick: «Merz est en campagne électorale. Après les élections, il faut faire des compromis, les annonces faites pendant la campagne électorale deviennent alors rapidement de la poudre aux yeux.»
Même si une coalition avec la CDU/CSU et le SPD devait éclater, il est peu probable qu'un gouvernement soit formé avec l'AfD. Jürgen W. Falter ajoute: «Merz essaierait plutôt de diriger un gouvernement minoritaire ou d'organiser de nouvelles élections.»