La bataille est lancée. Et son commandant en chef se nomme Emmanuel Macron. En plus de deux heures de conférence de presse à l’Élysée, mardi 16 janvier, le président français s’est employé à faire mentir tous ceux qui lui reprochent son manque de cap pour le pays depuis sa réélection en 2022.
Action. Efficacité. Audace. Ces mots-clés ont été plusieurs fois répétés. Autre obsession présidentielle: continuer de «briser les tabous et de casser les codes». L’ordre de bataille donné au nouveau Premier ministre Gabriel Attal, 34 ans, ne souffre aucune ambiguïté: il faut continuer à faire bouger les lignes, coûte que coûte. Avec pour objectif de s’adresser à la classe moyenne et de la convaincre que le pays change. Et avec l'intention de ratisser large: l'une de ses annonces, bien éloignée du quotidien politique, a concerné un grand plan de lutte contre l'infertilité, pour doper la natalité.
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Sur la forme, Emmanuel Macron a été tel qu’en lui-même. Plongé dans le détail de l’action gouvernementale au point d’apparaître comme un chef de gouvernement bis, voire comme un ministre de la Santé bis.
Des chiffres. Des promesses. Des rappels. Son exposé a été des plus argumentés, pour défendre son bilan, malgré la progression continue dans les sondages du Rassemblement national de Marine Le Pen. C’est d’ailleurs sur ce sujet, à la moitié de son intervention, que le chef de l’État s’est montré le plus pugnace, accusant le RN d'être «le parti du mensonge» et de vouloir un «Frexit» caché, c’est-à-dire une sortie de la France de l’Union européenne. Tel sera son angle d’attaque en vue des élections européennes du 9 juin 2024.
L’Europe, ce socle
L’Europe? Emmanuel Macron ne varie pas. Elle est le socle de son action. Il croit en la souveraineté européenne comme remède, et dans l’Union européenne comme solution économique, diplomatique et géopolitique.
Le président français a ainsi répété que son pays fera le maximum pour l’Ukraine. Il s’y rendra en février. Un accord bilatéral de défense franco-ukrainien sera signé. Des livraisons d’armes nouvelles auront lieu. Faire barrage à Vladimir Poutine reste son objectif. Pas un mot, en revanche, des préparatifs d’une conférence de paix sur lesquels il sera sans doute briefé dès demain au forum de Davos, où il est attendu mercredi.
A 46 ans, le président français continue d’utiliser ses meilleures armes: sa force de conviction, sa détermination, sa connaissance des dossiers. Peu probable, dans ces conditions, que son nouveau Premier ministre dispose d’une réelle marge de manœuvre. «Je ne céderai pas au sentiment de résignation que je vois à l’œuvre», a-t-il répété, adressant un message à ceux qui parient sur une fatigue politique.
Une seule arme institutionnelle a été évoquée par le locataire de l’Élysée: celle du référendum. Oui, Emmanuel Macron envisage bien d’y recourir avant la fin de son mandat. Il n’en a pas donné les détails, ni évoqué le sujet qu’il pourrait soumettre aux Français.
En prime time
Il s’agissait, pour le président qui avait choisi de s’exprimer en direct et en prime time, de convaincre les Français qu’il n’est pas un «canard boiteux» et que le fait de ne pas pouvoir se représenter en 2027 ne grippe pas son action.
Il s’agissait aussi de justifier ses choix, ce qu’il fait en confirmant sa confiance à la ministre de l’Éducation empêtrée dans ses déclarations malheureuses (pour lesquelles elle s'est excusée) et son choix de l’ancienne ministre sarkozyste Rachida Dati comme ministre de la Culture. Il a aussi justifié son refus d'accabler Gérard Depardieu, accusé de viol, tout en reconnaissant qu'il aurait du davantage insister sur l'importance de la parole des femmes.
Vague nationale-populiste
Macron a-t-il les instruments pour contrer la vague nationale-populiste qui, selon lui, touche la France comme les pays voisins? Il n’en a pas apporté la preuve formelle, tout en promettant de se battre pour réhabiliter les «rites» de la République à l'école, de favoriser l'instruction civique, et d'étendre le service national civil universel. Deux promesses législatives: une nouvelle loi sur les «opportunités économiques» pour les entreprises et une nouvelle loi pour accentuer la libéralisation du marché du travail. Il n’a par exemple pas parlé d’une possible dissolution de l’Assemblée nationale. Il n’a, d’ailleurs, presque pas évoqué le Parlement.
Logique. Cette fin de second mandat, dont le Premier ministre Gabriel Attal détaillera les étapes lors de sa déclaration de politique générale la semaine prochaine, ressemblera à ses six années et demie de présidence: un «one man show». Avec une seule vedette en forme de programme et d’argument politique: Emmanuel Macron lui-même.