Devant 300 journalistes à 20h
Bienvenue à l'Élysée chez le roi-président Macron

Une conférence de presse géante pour relancer son second mandat. Plus de 300 journalistes à l'Élysée. Nous y sommes. Et on vous raconte. Trois mots qui ont été répétés d'emblée: audace, action et efficacité.
Publié: 16.01.2024 à 19:58 heures
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Dernière mise à jour: 17.01.2024 à 11:53 heures
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Blick était à l'Élysée, ce mardi 16 janvier, pour la conférence de presse d'Emmanuel Macron.
Photo: Richard Werly
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Richard WerlyJournaliste Blick

Vu de Suisse, le spectacle est impensable. Près de 300 journalistes réunis dans la salle des fêtes du palais présidentiel de l’Élysée. Une prestation d’Emmanuel Macron assurée de durer au moins deux heures, seul à répondre aux questions en direct et en «prime time». 

D'emblée, le chef de l'État a répété trois mots comme un mantra: «audace, action, efficacité». «Je demande au gouvernement de sortir des codes et des cases pour mettre fin au sentiment de déclassement, pour oser ce que nous n'osions même plus, pour briser certains tabous […] Je ne céderai pas au sentiment de résignation que je vois à l'œuvre», a d'emblée annoncé Emmanuel Macron. 

Devant lui, au pied du pupitre marqué du sceau de la République française derrière lequel s’exprimera le chef de l’État réélu en avril 2022: le gouvernement au grand complet, dirigé par le nouveau Premier ministre Gabriel Attal. Plus qu’une règle protocolaire, un spectacle: celui de la monarchie républicaine à la française.

Il faut imaginer ce qu’est, concrètement, une conférence de presse présidentielle. D’abord la longue file d’attente des journalistes, tous médias confondus, à partir de 18 heures, sur le trottoir de la rue du Faubourg-Saint-Honoré où se trouve le palais de l’Élysée. Puis, après les contrôles de sécurité, l’attente dans la cour où l’on voit, d’ordinaire, se garer les véhicules des dirigeants reçus par le locataire des lieux.

Le drapeau bleu-blanc-rouge flotte au-dessus du toit. Le président, lui, est dans son bureau, mitoyen de celui du secrétaire général, le très influent et puissant Alexis Kohler, que l’on dit sur le départ. Les rangées de chaises vont se remplir jusqu’à 20 heures. Puis viendra l’ouverture de la conférence de presse. Avec, traditionnellement, la première question posée par le représentant d'une chaine de TV nationale. 

C'est donc à TF1 que reviendra cet honneur, pour ce moment médiatique considéré comme une étape clef pour la relance du second mandat présidentiel. Trois séquences suivront: la première porte sur le nouveau gouvernement et ses conséquences, la seconde sur la vie politique française, et la dernière sur les questions internationales.

Protocole strict

Monarchie républicaine? Tout inspire ce terme. Le protocole est strict. Tout le monde sera supposé se lever à l’arrivée d’Emmanuel Macron, annoncée par un huissier d’un sonore «Monsieur le président de la République». Au premier rang, les ministres seront debout, quasiment au garde-à-vous. Le chef d’État-major des armées sera là aussi.

On se souvient des images des grandes conférences de presse tenues par le Général de Gaulle et ses successeurs élus: Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande. 

Emmanuel Macron, lui, a tenu une seule conférence de presse dans ce format depuis sa première élection en mai 2017: c’était en décembre 2018, en pleine crise des «Gilets jaunes». Le président est toutefois coutumier des prises de parole devant les journalistes. Il s’exprime ainsi, devant une centaine d’entre eux, à la fin de chaque sommet européen à Bruxelles. Il avait aussi tenu une conférence de presse consacrée à l’Afrique, le 27 février 2023.

Bunker souterrain

Bienvenue au palais de l’Élysée. Sous les pieds de la presse ce soir? Le fameux QG souterrain «Jupiter», qui rappelle le surnom donné à ce chef de l’État omniprésent. Le palais présidentiel, actuellement en travaux, donne ces temps-ci l’impression d’un bâtiment comme les autres en rénovation, plein de tuyaux et de câbles. 

Toute sa façade située le long de l’avenue de Marigny est obturée par des palissades. Des policiers sont postés à chaque coin de l’hôtel particulier – construit en 1720 – où Napoléon III, le second empereur éduqué en Suisse à Arenenberg (Thurgovie), avait établi son quartier général et sa résidence à partir de 1848.

Tout est prévu

Les caméras filmeront tout en direct. Mais la spontanéité ne sera qu’à moitié au rendez-vous. Le séquençage de la conférence de presse est fixé. Emmanuel Macron démarrera par une intervention d’une vingtaine minutes (sans doute trente prédisent les habitués), puis les premières questions concerneront la France. Dans son propos préliminaire, le président français a annoncé quatre projets de loi, dont deux «actes II», avec pour objectif de redonner confiance à la classe moyenne. 

Acte II pour les entreprises, avec une nouvelle loi sur les opportunités économiques. Acte II pour les travailleurs, avec une nouvelle loi sur l'emploi. Les deux autres sujets? La lutte contre la dénatalité, avec un nouveau «congé de naissance» qui remplacera le congé parental et la poursuite des réformes scolaires, avec l'introduction progressive de l'uniforme. Les expérimentations menées dans une centaine d'établissements pourraient être généralisées en 2026.

Les correspondants de la presse étrangère, dont l’auteur de ces lignes, ne pourront a priori intervenir qu’en fin de séance, lorsque les questions internationales seront abordées. Emmanuel Macron, de toute façon, reparlera du monde et de ses convulsions dès mercredi dans un autre lieu, bien plus enneigé que les rues de Paris: il sera en effet à Davos, pour l’édition 2024 du Forum économique mondial.

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