Action, action, action...
Emmanuel Macron nous fatigue avec sa politique spectacle

Le président français démarre la semaine avec une conférence de presse nocturne mardi soir. Avant de s'envoler pour le Forum de Davos. Mot d'ordre pour son nouveau Premier ministre: occuper les médias. Crédible?
Publié: 15.01.2024 à 14:53 heures
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Le président français a pris la parole le 31 décembre pour ses traditionnels voeux. Il revient sur le devant de la scène avec une conférence de presse mardi 16 janvier.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Stop! Assez! Ça suffit! Suis-je le seul à en avoir assez des annonces incessantes, des promesses réitérées (alors que les caisses de l’État sont vides), et des incantations médiatiques d’Emmanuel Macron et de son nouveau Premier ministre?

Franchement, qui peut croire qu’il est possible de gouverner sérieusement un pays comme la France en allant sur le terrain chaque jour comme l’a promis Gabriel Attal, ce sémillant chef de gouvernement de 34 ans? Et qui pense encore que les déclarations du président ce mardi 16 janvier, lors d’une conférence de presse nocturne à l’Élysée, vont donner pour de bon au pays un nouveau cap?

La vérité est que la politique française au plus haut niveau s’enfonce dangereusement dans le virtuel. La preuve? A force de jongler avec les noms et de concocter des castings ministériels pour occuper les écrans des chaînes d’information en continu, le «terrain» revient déjà en boomerang. 

Personne n’avait donc pris le temps de briefer Amélie Oudéa-Castera, la nouvelle ministre de l’Éducation nationale (auparavant chargée des sports et des Jeux olympiques) sur l’importance de l’enseignement public, où elle s’est bien gardée de ne pas laisser ses enfants, préférant pour eux le plus huppé des établissements scolaires parisiens ? 

Personne, non plus, pour s’inquiéter, dans l’enceinte du palais présidentiel, des difficultés judiciaires possibles pour Rachida Dati, la nouvelle ministre de la Culture, mise en examen depuis 2021 pour «corruption passive par agent d’une organisation internationale, trafic d’influence passif, recel d’abus de pouvoir et recel d’abus de confiance» à propos des démêlés fiscaux et financiers de l’ex-PDG de Renault Carlos Ghosn?

Le spectacle n’est plus au cinéma

Le pire est, peut-être, qu’une bonne partie des Français sont en train d’accepter ces pratiques politiques. Le spectacle n’est plus au cinéma. Il n’est plus au théâtre. Il est, sur les chaînes d’information continue, celui que vous proposent chaque jour les metteurs en scène de l’Élysée, de Matignon, voire de l’Assemblée nationale, où les débats virent au chaos. 

J’en parle en connaissance de cause. J’accepte régulièrement, au nom de Blick et avec la mission de parler de la France vue de l’étranger, de participer à des débats d’actualité sur France Info, France 24, La chaîne parlementaire, TV5 Monde, Public Sénat, RTL ou plus récemment LCI. Mea culpa, donc, pour être partie prenante de ce festival politico-médiatique. Vos reproches sont d’avance acceptés. Mais il y a quand même un pas entre des émissions ponctuelles, labellisées politiques, et le tsunami de l’information politique en continu!

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Démocratie si parfaite…

Je ne suis ni un fan, ni un expert de l’essayiste Guy Debord, auteur de «La société du spectacle» publié en 1967. Sauf que là, nous y sommes. Emmanuel Macron et Gabriel Attal ont un objectif commun: nourrir d’images et de punchlines leur slogan «Action, action, action» pour contrer l’ascension dans les sondages du Rassemblement national.

«La vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles. Cette démocratie si parfaite veut, en effet, être jugée sur ses ennemis plutôt que sur ses résultats», prédisait Debord. Dont acte.

Réformes à la hussarde

Certes, Macron a aussi réformé le pays à la hussarde, y compris de façon justifiée sur les retraites, ou pour rendre le marché du travail français plus attractif. Mais attention à la lassitude et à l’exaspération, engendrées par les promesses non tenues et l’enlisement dans les postures. La pire «disruption» est celle qui, dans nos démocraties, transforme le gouvernement en acteur vedette d’un film de fiction. Alors que les citoyens, eux, se coltinent tous les jours un tout autre scénario: celui de la réalité.

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