L’illusion aura duré vingt quatre-heures. Une journée durant, Gabriel Attal, 34 ans, a cru être Premier ministre et patron en second du navire France. Erreur. Il aura suffi d’une soirée, jeudi 11 janvier, pour que le verdict politique soit clair. Le nouveau gouvernement français est d’abord celui voulu par Emmanuel Macron, redevenu «Jupiter».
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Maintien des vétérans Bruno Le Maire (Finances), Gérald Darmanin (Intérieur), Sébastien Lecornu (Défense) ou Eric Dupond Moretti (Justice). Arrivée tonitruante de Rachida Dati, une ex-protégée de Nicolas Sarkozy, au prestigieux poste de ministre de la culture. Même la nomination aux Affaires étrangères de l’ex-compagnon du chef de gouvernement, Stéphane Séjourné, ne fait pas illusion. Ce dernier est depuis le début l’un des commandants politiques de la Macronie. Il a été conseiller politique à l’Élysée. Depuis sa rupture avec Gabriel Attal, sa loyauté va d’abord à Emmanuel Macron.
Au centre du jeu
Voilà donc le président Français, âgé de 46 ans depuis le 21 décembre, revenu au centre du jeu. La «régénération» qu’il a promise durant ses vœux, et qu’il va répéter lors d’un «grand rendez-vous avec la nation» prévu pour la fin janvier, tournera autour de lui. Gabriel Attal, ex-premier violon, n’est pas devenu complètement chef d’orchestre. Il est au pupitre, mais sa partition sera sans doute écrite par le Chef de l’État réélu en avril 2022, et toujours dépourvu d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Emmanuel Macron, ce faisant, ne trahit pas la constitution de 1958. Il revient à sa source. Un président. Un homme. Une nation. Le problème est que la France de 2024, divisée, fracturée et minée par le doute envers celui que 58,5% des électeurs ont réélu, n’a rien à voir avec celle du Général de Gaulle. Gabriel Attal peut bien sûr surprendre, notamment grâce à son habileté en matière de communication. Il peut devenir présidentiable. Mais pour l’heure, il n’est qu’un exécutant. Ses principaux ministres traiteront en direct avec le président. Lequel, comme il le fait depuis sa première élection en 2017, ne croit finalement qu’en un seul programme: le sien. Et en un seul homme: lui-même.