On refait la France
Vu de Suisse, voici le gouvernement français que devrait diriger Gabriel Attal

Rêvons un peu à la veille du prochain forum de Davos. Imaginons que le nouveau Premier ministre français Gabriel Attal ait carte blanche pour constituer son gouvernement. Et si on lui faisait quelques suggestions, vu de Suisse, où Macron se trouvait en novembre?
Publié: 10.01.2024 à 06:01 heures
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Dernière mise à jour: 10.01.2024 à 06:43 heures
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Le commissaire européen Thierry Breton pourrait redevenir ministre des finances.
Photo: DUKAS
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Richard WerlyJournaliste Blick

Rêvons un peu. A 34 ans, le nouveau Premier ministre français Gabriel Attal n’a pas seulement battu tous les records de précocité politique. Il a aussi carte blanche. Il peut composer le gouvernement de son souhait. Emmanuel Macron, chef des armées, exigera juste que le titulaire du ministère de la Défense soit quelqu’un de confiance, ce qui est le cas avec l’actuel titulaire du poste, Sébastien Lecornu. Pour le reste? Vu de Suisse, voici quelques suggestions.

Gabriel Attal aura du mal à faire digérer la pilule de sa nomination à la tête du gouvernement à celui qui fut son patron: le ministre des Finances Bruno Le Maire, issu de la droite. Pourquoi, dès lors, ne pas le remplacer, en lui proposant par exemple un autre ministère prestigieux comme celui des Affaires étrangères, ou bien un poste de Commissaire européen. Ça tombe bien: l’actuel Commissaire français à Bruxelles est Thierry Breton, lui-même ancien ministre des Finances. Breton a gagné en crédibilité auprès des 27. Il rassurerait et permettrait à Bruno le Maire de se forger un nouveau destin. Ça tombe bien: à Davos où il sera présent la semaine prochaine, Thierry Breton sera sans doute interrogé sur le nouveau gouvernement français.

Réussite européenne

Vu de Suisse, la France a besoin de confirmer sa réussite comme pays le plus attractif d’Europe pour les investisseurs, et en particulier pour les multinationales. On sait l’importance qu’Emmanuel Macron attache à cette attractivité. Alors, imaginez un ministère dédié, confié au fondateur de LVMH Bernard Arnault. Un bâton de maréchal pour le géant du luxe qui devra, il est vrai, répondre aussitôt aux interrogations sur les pratiques fiscales de son groupe. On oublie donc. Mais ce serait un joli coup.

Intelligence artificielle

Et la «start-up nation»? Pourquoi ne pas confier son avenir à celui qui connaît le mieux le sujet en France? Le milliardaire Xavier Niel. Lequel pourrait aussi faire un bon ministre de l’Éducation nationale, vu son implication dans l’École 42 qui, à Paris, forme les talents informatiques de demain. Un ministère de l’intelligence artificielle (IA) aurait le mérite de mettre ce sujet crucial en tête de l’agenda. L’âge de Gabriel Attal lui servirait d’argument choc: sa génération est condamnée à vivre au rythme des progrès de l’IA.

Parler au monde

Il faut aussi, parce que la France est la France, que le pays parle au monde. C’est bien sûr le rôle du président, et l’on sait qu’Emmanuel Macron ne veut pas le partager. Mais pourquoi ne pas convaincre l’ancien ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin de reprendre du service? Villepin incarne la France qui dit «non» depuis qu’il a défendu en 2003, à l’ONU, le refus de Paris d’intervenir en Irak. Sa réputation controversée joue contre lui. Mais à la veille les Jeux Olympiques de 2024, la diplomatie française doit à tout prix se refaire une santé.

Plaies sociales

Indispensable, enfin, de panser les plaies sociales du pays. Et pour cette mission impossible, quel meilleur choix que le syndicaliste Laurent Berger, ex-patron de la CFDT, et ex-meneur de la lutte contre la réforme des retraites. Bien sûr, Berger ne voudra pas rallier Macron. Mais si le destin de la France l’emportait? Gabriel Attal, venu du parti socialiste, pourrait avoir des arguments pour le convaincre. On vous l’avait dit: on rêve. Mais la France ne manque pas de talents. Alors, pourquoi ne pas (essayer de) les utiliser?

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