Il a suffi d’une photo pour que les réseaux sociaux s’enflamment. Logique. Ce cliché est quasi officiel, puisqu'il émane de la photographe de la présidence de la République. L’on y voit Emmanuel Macron à l’entraînement, en tee-shirt noir, en train de boxer, tous muscles dehors. Jusque-là, rien que de très normal. Ce jeune chef de l’État a 45 ans. Il est sportif. Il s’entraîne régulièrement. Il aime la boxe, tout comme son ancien premier ministre Édouard Philippe. Alors, pourquoi un tel buzz?
La réponse est bien sûr dans la posture. Le cliché n’a pas été diffusé à n’importe quel moment. Le voici repris partout, alors qu’Emmanuel Macron est à Bruxelles, pour un sommet européen à nouveau crucial sur l’avenir de l’aide militaire à l’Ukraine, et sur le projet de l’UE de ponctionner les intérêts des avoirs russes gelés dans le cadre des sanctions contre Moscou.
Ce sommet des 27, pour faire simple, va de nouveau être le théâtre d’un rapport de force entre le président français, premier à évoquer le possible envoi de troupes européennes au sol en Ukraine, et d’autres dirigeants comme le Chancelier allemand Olaf Scholz absolument opposé à cette idée. Macron campe, depuis sa première déclaration le 26 février, sur une posture de chef de guerre, ou du moins de chef prêt à la guerre. Le voir chausser des gants de boxe, et s’entraîner, fait presque penser au quotidien des officiers en campagne.
L’autre raison de ce buzz est la mise en scène, et l’adversaire désigné que l’on ne voit pas. La posture est martiale. Elle mise sur la virilité du président, illustrée par ses muscles saillants. Le tee-shirt est noir, comme ceux du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a depuis deux ans abandonné le costume-cravate pour le treillis et la tenue militaire. Voilà donc Macron l’intellectuel, le spécialiste des concepts et l’amoureux de la complexité, présenté par cette image comme un gladiateur.
Choquant? Oui, pour tous ceux qui lui reprochent déjà de survaloriser son ego et de centraliser tous les pouvoirs à l’Élysée. Macron en 2024, c’est Bonaparte revisité par Sylvester Stallone. Le champ de bataille en ligne de mire et le ring de boxe comme lieu d’affrontement. Avec, en plus, la critique qui monte sur le goût de ce président passionné par la presse people, pour le culte de la personnalité. Rappelons qu’au début de son mandat présidentiel en 2017, sa proximité avec la reine des paparazzis Mimi Marchand, proche de son épouse Brigitte, lui avait valu quelques soucis…
Poutine le judoka
Quant à l’adversaire, il est omniprésent. Il se nomme Vladimir Poutine, ce président russe qui est aussi un judoka confirmé, et qui a toujours adoré les postures viriles. Voici deux hommes soucieux de leur forme physique. Lors d’une de leurs dernières conversations au téléphone, après le début de la guerre en Ukraine, le maître du Kremlin avait d’ailleurs quitté le président français pour aller faire une partie de hockey.
Changement cette fois: c’est Macron qui lance le signal. Il n’est pas torse-nu, comme Poutine aimait se montrer autrefois. Il ne défie pas le président russe tout juste réélu. Mais du tatamis prisé par le judoka Poutine au ring apprécié par Emmanuel Macron, il n’y a pas bien loin.