«Mais pourquoi pense-t-on qu’un cinéaste intello ne ferait pas ça? Pourquoi se dit-on qu’il sait, mieux qu’un autre, contrôler ses pulsions? Retenir ses pulsions, ça n’est pas si difficile, bon sang! Ou je me trompe?»
Ces mots sont ceux de Catherine Schwaab, journaliste suisse basée de longue date à Paris. Depuis des décennies, Catherine arpente les coulisses de la mode et du showbiz français dont elle livre chaque semaine les secrets dans sa newsletter que nous vous recommandons.
Alors cette fois, pas question de la laisser tranquille. Nous voulions, à Helvétix Café, reparler des accusations portées par l’actrice Judith Godrèche contre les cinéastes Benoit Jacquot et Jacques Doillon. Pour comprendre la portée de ces révélations: lesquelles, sans doute, conduiront à lever d’autres voiles sur les pratiques secrètes d’un certain septième art.
La réalité? Le sexe a souvent été le piège fatal des réalisateurs français intellos. François Garçon, l’essayiste franco-suisse à qui nous donnons chaque semaine la parole dans Helvétix Café, a d’ailleurs à ce sujet sa propre thèse. En France, le pouvoir est celui des idées. C’est par là qu’un créateur tisse son emprise, jusqu’à abuser physiquement de ses victimes. Le pygmalion laisse alors place au violeur.
François Garçon a enseigné l’histoire du cinéma. Il a côtoyé des producteurs de films. Or ces derniers, vous l’avez peut-être remarqué, ne sont pas inquiétés en France. Il n’y a pas, à ce stade, d'Harvey Weinstein Français. Ce sont les écrivains (Matzneff), les acteurs (Depardieu, Caubère), les réalisateurs (Doillon, Jacquot) ou les personnalités publiques de la télévision (le psychanalyste très médiatique Gérard Miller) qui se retrouvent sur le banc des accusés.
La sensibilité d’une femme
Écoutez cet épisode d’Helvétix Café. Il dit, avec les mots de Catherine Schwaab, la sensibilité d’une femme qui a toujours porté haut le modèle français de la culture. Il dit, avec ceux de François Garçon, la dérive d’un système dont, sans doute, les soutes sont encore encombrées de cauchemars. Le cinéma d’auteur est supposé être un paradis. En France, il a parfois viré à l’enfer pour celles qui rêvaient d’être, un jour, tout en haut de l’affiche.
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A lire: «France, démocratie défaillante» de François Garçon (Ed. l’Artilleur)