Ils ont accepté de monter dans cette galère. Une galère oui, c’est bien le mot, car le nouveau gouvernement constitué par Michel Barnier n’a pas de majorité à l’Assemblée nationale. Plus grave: la situation des finances publiques françaises le met le dos au mur. Qui sont ces hommes et ces femmes qui dominent un gouvernement qualifié par les observateurs de «cabinet de la dernière chance» ? En voici cinq.
A lire sur Michel Barnier
Didier Migaud, le magistrat socialiste
Il a été le premier cité par le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler. Il est donc en tête de l’ordre protocolaire. Une manière de signifier que son parcours est reconnu et aussi un signal envoyé au parti socialiste, sa famille d’origine, qu’Emmanuel Macron s’est efforcé de dissocier du reste de la gauche. Didier Migaud, 72 ans, est l’actuel président de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique, chargée d’examiner les patrimoines des élus et leur probité fiscale. Député socialiste de l’Isère, il fut président de la Commission des Finances sous la présidence de Nicolas Sarkozy, puis président de la Cour des comptes. Seul rallié de gauche à ce gouvernement, il est un «totem», un mot qu’adore utiliser Emmanuel Macron.
Bruno Retailleau, la droite dure
Le nouveau ministre de l’Intérieur va ravir tous ceux qui accusent Emmanuel Macron et Michel Barnier d’avoir déjà cédé aux sirènes de la droite nationale populiste, pour éviter que le Rassemblement national (premier groupe de députés) vote une motion de censure et renverse le gouvernement. Ce sénateur vendéen de 63 ans est un pur homme de droite catholique, réactionnaire, partisan d’une ligne dure sur l’immigration. Une nouvelle loi sur le sujet a d’ailleurs été annoncée. Autre spécificité: Bruno Retailleau a toujours ferraillé avec Macron. Il en a été l’un des plus fervents critiques. Mais le voici maintenant en position de force.
Anne Genetet, «Made in Singapour»
Surprise totale que l’arrivée de cette députée des Français d’Asie au ministère de l’Éducation nationale. Anne Genetet, 61 ans, est une fidèle élue macroniste qui continue de résider en partie à Singapour, où vit sa famille. Elle est donc très au fait des performances éducatives de l’île-État asiatique, où l’on peut être condamné à une amende pour avoir jeté un chewing-gum dans la rue. Au-delà, quels sont ses états de service? Difficile à voir. Mais elle a le mérite de pouvoir faire des comparaisons internationales.
A lire sur la France
Antoine Armand, le grand argentier
A 33 ans, le voici à la tête du Ministère de l’Économie et des Finances, sur lequel a régné pendant sept ans Bruno Le Maire, attendu ces prochains jours en Suisse pour donner ses premiers cours à l’Université de Lausanne. Antoine Armand est député de Haute Savoie. Il présidait à l’Assemblée nationale la commission des Affaires économiques. Il est inspecteur des finances, comme Emmanuel Macron. Il connaît les chiffres. Il est issu de l’administration de Bercy, le siège du ministère des Finances à Paris. Première mission: boucler le budget 2025 et réaliser environ 25 milliards d’euros d’économies. On n’aimerait pas être à sa place.
Marc Ferracci, le Suisse de Macron
Nommé ministre délégué chargé de l’Industrie, le député des Français de Suisse et du Liechtenstein réalise un carton plein, largement dû à sa proximité de longue date avec Emmanuel Macron, auquel il doit tout. A 46 ans, Marc Ferracci a suivi depuis le début l’ascension du président français dont il est un intime. Spécialiste du marché du travail, négociateur attitré des macronistes pour la réforme de l’assurance chômage, Marc Ferracci aime aujourd’hui citer l’exemple suisse, pays qu’il a découvert après avoir été investi comme candidat aux législatives. Élu en 2022 et 2024, le voici aux premières loges pour assister à la dernière ligne droite de son ami Emmanuel. Ou à sa chute politique.