Une balle dans la nuque. Une exécution en règle. L’épilogue d’une sordide affaire de meurtre apparemment commandité, depuis sa prison de Aix-Luynes à quelques dizaines de kilomètres de Marseille, par un trafiquant de drogue de 23 ans. Le meurtrier? Un gamin de 14 ans, descendu pour l’occasion de la banlieue parisienne où il vivait. L’assassin avait reçu un contrat via les réseaux sociaux. Son donneur d’ordre avait un téléphone portable à sa disposition malgré leur interdiction en détention. La suite? Une histoire marseillaise qui plonge dans la peur la cité phocéenne, pourtant habituée au pire en matière de règlements de comptes mafieux.
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L’affaire s’est déroulée vendredi 4 octobre, dans un quartier du IIIe arrondissement, pas très éloigné du port commercial de Marseille et de la fameuse tour de l’armateur CMA-CGM, leader mondial du transport maritime par container. Le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, en a fourni tous les détails lors d’une conférence de presse dimanche matin. Le contexte? La guerre des gangs qui ensanglante la ville depuis des années (17 meurtres en 2024) entre deux clans mafieux, «DZ Mafia» et «les blacks». En termes d’influence et de volume de trafic de cannabis, de cocaïne, d’amphétamines et d’héroïne, DZ Mafia est aujourd’hui largement vainqueur. Sa victoire a laissé derrière elle une traînée de sang. Mais les assassinats, revanches et règlements de compte, n’en finissent pas.
Le fléau des jeunes «sicarios»
L’élément nouveau est la mise au jour d’un fléau: la recrudescence d’adolescents meurtriers, sur le modèle des «sicarios» d’Amérique latine. Des jeunes contactés par les réseaux sociaux, que l’on paie pour tuer avant de les renvoyer dans leurs quartiers d’origine, loin de la scène de crime… ou de les exécuter pour faire disparaître tout témoin. C’est ce qui s’est passé dans la nuit de samedi à dimanche à Marseille. Un ado-tueur, furieux de ne pas avoir été amené à bon port par un chauffeur privé, a décidé de l’exécuter d’une balle dans la nuque. Informé, son donneur d’ordre a ensuite décidé de le «balancer» à la police depuis sa prison. Une sordide histoire. Le contrat devait rapporter 50'000 euros au gamin. Il est aujourd’hui placé en détention, après son arrestation.
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Le pire est que cet engrenage meurtrier tourne à plein. Un jour plus tôt, un autre ado, âgé cette fois de 15 ans, avait été retrouvé lardé d’une cinquantaine de coups de couteau et brûlé vif. Guerre des gangs, encore une fois. La police, pour l’heure, a juste rendu publique l’identité du commanditaire, qui organise les assassinats depuis sa prison. Mais il pourrait n’être qu’une façade, un trafiquant de bas étage utilisé pour torpiller l’enquête et lancer de fausses pistes. Pendant que les têtes de réseaux préparent leurs prochains coups, avec d’autres ados d’autant plus difficiles à arrêter avant les faits qu’ils sont souvent inconnus des services de police marseillais.
Gangrène criminelle
Les armes, en tout cas, témoignent de la gangrène criminelle qui affecte Marseille. Le jeune de 14 ans était en possession d’un revolver 357 Magnum. Une arme de poing de gros calibre. L’autre jeune, celui qui a été exécuté, avait été vu en possession d’un fusil-mitrailleur kalachnikov. Les «sicarios» français sont armés comme des assassins professionnels. Ils constituent «l’infanterie» de réseaux de trafiquants dont les principaux parrains se trouvent souvent loin de la France, à Dubaï ou au Maroc.
Un terme est aujourd’hui utilisé par la justice pour désigner ces meurtres sur fond de trafic de stupéfiants: narcomicides. 17 ont été recensés depuis le début de l’année dans la cité phocéenne, où la police française a organisé au printemps des opérations «Place nette» très médiatisées, avec descentes massives de forces de l’ordre à la clef. Selon les chiffres de l’AFP et du parquet, ce phénomène est en nette baisse en 2024 par rapport au nombre record de 49 morts de 2023.