Fini les puffs! Adieu, la cigarette électronique de remplacement à usage unique, et son nuage de vapeur aromatisé. Déposée durant l’été, une proposition de loi transpartisan «visant à interdire les dispositifs électroniques de vapotage à usage unique» devrait être examinée, et potentiellement adoptée par le Parlement français durant la fin de l’année.
La Première ministre Élisabeth Borne l’a confirmé sur la radio RTL le 3 septembre: son gouvernement a l’intention de mettre fin à la vente de ces petites cigarettes parfumées. La raison? Le danger qu’elles représentent pour l’environnement et la santé publique. Ironie suprême, vu que ces e-cigarettes sont supposées remplacer la nicotine. Cette interdiction s’insérera dans un nouveau plan antitabac. Aucune mesure de ce type n’est pour le moment envisagée en Suisse.
Tout savoir sur les «puffs» en vidéo
Selon la BBC, qui vient de consacrer un dossier aux puffs à travers l’Europe, plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, la Belgique et l’Irlande, ont pourtant annoncé des interdictions similaires. Le Royaume-Uni envisagerait également d’adopter une telle mesure.
Selon le projet de loi 464 présenté le 15 novembre 2022, et désormais cosigné par une cinquantaine de députés français de tous les partis représentés à l’Assemblée nationale, les vapoteuses incriminées sont celles à usage unique vendues sans ordonnance par les buralistes. Elles coûtent environ 9 euros, soit moins qu’un paquet de 20 cigarettes et offrent aux e-fumeurs environ 600 bouffées, soit l’équivalent approximatif de 40 cigarettes.
L’Académie nationale de médecine française les a décrites comme un «piège particulièrement sournois pour les enfants et les adolescents». La Première ministre, elle, a parlé sur RTL «d’un réflexe, d’un geste, auquel les enfants s’habituent et finissent par être attirés par le tabac».
Très concrètement, le texte législatif qui sera bientôt débattu vise «les dispositifs électroniques de vapotage qui sont proposés à l’achat avec un réservoir ou une cartouche chargé(e) de liquide, contenant ou non de la nicotine, ainsi qu’une batterie déjà chargée». Il recommande «à l’interdiction complète de la fabrication, la vente, la distribution ou l’offre à titre gratuit de ces dispositifs».
Après avoir patienté pendant près d’un semestre dans les tiroirs du Parlement, le texte a été remis sur le devant de la pile après une publication de plusieurs rapports accusant les fabricants – souvent basés en Chine – de cibler délibérément les adolescents. Les fabricants utilisent des couleurs vives et une gamme de saveurs rappelant les magasins de bonbons, par exemple guimauve, chocolat et noisettes, pastèque et bonbons glacés.
«L’interdiction est une grande victoire pour la société civile. Ces e-cigarettes jetables constituent une porte d’entrée vers le tabagisme pour les jeunes» estime Loïc Josseran, expert à l’Institut Montaigne et président de l’Alliance contre le tabac (ACT).
Détournement de mineurs
En théorie, il n’est pas possible d’acheter des puffs en France si l’on a moins de 18 ans, mais il est facile d’échapper à cette restriction. Selon l’ACT, les buralistes s’abstiennent systématiquement de demander une preuve d’âge et près de 15% des adolescents mineurs affirment avoir essayé.
Autre grief fait aux puffs: leur impact écologique. «Au-delà de l’aspect sanitaire, la cigarette électronique jetable est, particulièrement au regard de sa composition et de son caractère non rechargeable, un fléau environnemental» notait en avril dernier dans les colonnes du journal «Le Monde» un collectif de scientifiques. Et d’ajouter: «Constituées de plastique, d’une batterie non amovible comportant en moyenne 0,15 gramme de lithium, de sels de nicotine et contenant des traces de métaux lourds, les puffs deviennent des déchets complexes, mal collectés, non recyclés et dont les composants peuvent polluer les sols, les nappes phréatiques et les océans. Elles représentent un risque majeur pour la biodiversité.»
Taxe dissuasive
Début 2023, le Sénat français avait mené l’offensive en proposant une taxe dissuasive sur les puffs. L’interdiction pure et simple est revenue à l’ordre du jour au moment où Emmanuel Macron a décidé, à la rentrée, de placer son second mandat sous le signe de la priorité à la jeunesse et à l’éducation.