C’est le quotidien sportif «L’Équipe» qui le dit en «Une»: «C’est décidé, je te quitte». Voilà donc acté le divorce entre le Paris Saint-Germain et Kylian Mbappé, son meilleur buteur et sa star planétaire. Fini! Un divorce tranquille, négocié, presque trop serein dans un monde footballistique où la rage et les surenchères sont ordinaires. Fin de contrat. Fin d’époque. Fin d’un amour parisien pour le «kid» de Bondy, cette ville de la banlieue nord de la capitale française où Kylian Mbappé, 25 ans, est représenté sur une grande fresque murale. En route pour le Real Madrid comme tout le monde le pense?
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Pour l’heure, c’est Paris qui s’inquiète. Car le club parisien vient de perdre celui qui lui donnait un supplément d’âme. «On est frustrés, énervés, en colère» répètent les supporters du PSG interrogés en boucle par les médias depuis l’annonce du départ du capitaine de l’équipe de France, jeudi 15 février en soirée. Dès le 3 février, le quotidien Le Parisien avait pourtant donné l’info. Kylian voulait partir. Or voilà que tous les emmerdements arrivent en escadrille pour Nasser El Khelaifi, le président qatari du PSG. Mbappé s’en va.
La question du parc des princes, le stade loué par la ville de Paris, devient un cauchemar financier. Le recrutement de nouvelles stars patine. L’affiche plaquée or Mbappé-Messi-Neymar n’est plus qu’un souvenir. Ces trois-là avaient propulsé le club au firmament de la planète foot, pile au moment du Mondial au Qatar. Un effet publicitaire XXL. En bas des Champs-Élysées, le magasin du club ne désemplissait pas. Les maillots de ses stars s’arrachaient. Or, il n’en sera pas de même cet été, pour les Jeux Olympiques. Kylian Mbappé sera presque parti. «Ne pas rater ses adieux au premier club de son cœur figure à n’en pas douter dans la liste des envies pour la fin de sa saison» écrit l’éditorialiste du Parisien. Comme pour conjurer le sort et pour éviter la crise qui ferait plonger Paris dans l’abîme…
La question du Parc des Princes
Pourquoi l’abîme? Parce que Kylian Mbappé était ce qui retenait le PSG à cette capitale qui, au fond, ne l’a jamais vraiment aimé. La preuve: la municipalité de Paris, surendettée à hauteur de sept milliards d’euros, refuse encore de vendre le Parc des Princes au Qatar. L’Émirat est pourtant prêt à sortir, une fois de plus, le carnet de chèques. 500 millions de travaux. Un agrandissement destiné à faire rivaliser ce stade avec les plus belles enceintes footballistiques du monde.
Mais la maire socialiste Anne Hidalgo renâcle. Et les parisiens aussi: selon un sondage, 47% des habitants de la capitale française soutenaient le PSG lors de son dernier match contre Marseille en huitième de finale de la Coupe de France, le 8 février. D’autres clubs parisiens rêvent d’ailleurs de s’installer dans le cœur des habitants de Paname: le Red Star (National) ou le Paris FC (ligue 2). Bref, Mbappé laisse un vide qui n’est pas seulement sportif. Il était aimé, lui, l’enfant de la banlieue…
Remplacer Mbappé, vraiment?
Et comment remédier à son départ? Sur le plan sportif bien sûr, les millions d’euros du Qatar ouvriront des options. Mais il y a le côté «glamour», la légende, la proximité entre Kylian Mbappé et le président Emmanuel Macron qui l’avait consolé devant la terre entière à l’issue de la finale perdue contre l’Argentine au Mondial Qatari.
Mbappé a l’avantage d’être lisse. Tout chez lui est contrôlé. Il était le produit d’appel parfait pour une capitale souvent perçue comme tumultueuse. Il était le fils parfait d’une France impétueuse. Il incarnait le mélange des communautés et la force du travail. Alors? Le Paris Saint Germain et la chaîne de télévision BE Sports, également propriété du Qatar, vont devoir trouver un nouveau héros local. A moins que…
Adieu la Tour Eiffel
Pourquoi pas, en effet, quitter Paris. Adieu Mbappé. Adieu la Tour Eiffel. Adieu le Parc des Princes. Plus qu’un divorce, une page qui se tournerait. Un site internet spécialisé écrivait récemment à propos de l’affaire du Parc des Princes: «Le PSG et le Qatar vont changer drastiquement d’environnement dans les années à venir. Devant le refus clair et net de la mairie de Paris de vendre le Parc des Princes aux propriétaires qataris du PSG, Nasser al-Khelaïfi a annoncé que le club allait quitter son enceinte historique.
Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France est prête à aider le club à trouver une solution, mais pas n’importe comment». Imaginez le choc si l’émirat gazier, allié de la France, dont le meilleur ami politique est l’ancien président Nicolas Sarkozy, choisissait une autre ville française? Imaginez que Nasser El Khelaifi fasse par exemple ses bagages pour Marseille, l’adversaire méditerranéen honni, ou Lyon, la capitale des Gaules qui a toujours snobé Paris-Lutèce?
Mbappé qui quitte Paris, c’est la ville lumière qui se retrouve seule face au vide. Ce club dont les supporters «ultras» défraient souvent la chronique se retrouve soudain avec, devant le miroir de l’histoire du foot, pour ce qu’il est vraiment: une machine à cash et à publicité qui n’a jamais réussi à conquérir le cœur des Parisiens.