«Liens» prétendus avec les Frères musulmans
La plainte en diffamation de Benzema contre Darmanin classée

La plainte en diffamation de Karim Benzema contre Gérald Darmanin, accusant le footballeur de liens avec les Frères musulmans, a été classée sans suite, la justice ne trouvant pas que les propos du ministre de l'Intérieur portaient atteinte à l'honneur du joueur.
Publié: 15.02.2024 à 17:14 heures
La star française du football Karim Benzema avait déposé le 16 janvier 2024 une plainte en diffamation contre le ministre français de l'Intérieur, l'accusant d'avoir des liens avec les Frères musulmans.
Photo: AFP

La plainte en diffamation de Karim Benzema contre Gérald Darmanin, qui l'accusait d'être en lien avec l'organisation islamiste des Frères musulmans, a été classée sans suite, la justice ayant conclu que les propos du ministre de l'Intérieur ne portaient pas «atteinte» à l'"honneur» du footballeur.

La commission des requêtes de la Cour de justice de la République (CJR) «retient que la plainte de M. Benzema», reçue le 16 janvier, «est relative à des propos qui ne lui imputent aucun fait qui soit de nature à porter atteinte à son honneur ou à sa considération», a annoncé jeudi le procureur général près la Cour de cassation Rémy Heitz, dans un communiqué. «Cette décision de la commission des requêtes, composée de trois magistrats du siège de la Cour de cassation, deux conseillers d'État et deux conseillers maîtres à la Cour des comptes, n'est susceptible d'aucun recours», précise-t-il.

L'avocat de Karim Benzema, Me Hugues Vigier, n'a pas donné suite dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP. Sollicité par l'AFP, l'entourage du ministre n'a pas souhaité réagir.

Des déclarations reprises par l'extrême-droite

Le Ballon d'or 2022 avait été pris pour cible par Gérald Darmanin après avoir publié mi-octobre sur X un message de soutien aux habitants de Gaza victimes, selon lui, de «bombardements injustes» menés par Israël en représailles à l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre. Le ministre de l'Intérieur avait avancé que cette prise de position s'expliquerait par les liens de Karim Benzema avec les Frères musulmans, une organisation islamiste née en Egypte, où elle est considérée comme «terroriste».

«Karim Benzema est en lien, on le sait tous, notoire, avec les Frères musulmans, nous nous attaquons à une hydre que sont les Frères musulmans parce qu'ils donnent un jihadisme d'atmosphère», avait-il affirmé le 16 octobre, déclenchant une tempête sur les réseaux sociaux. Des politiques d'extrême droite et de droite s'étaient également engouffrés dans la polémique, comme Eric Zemmour ou Nadine Morano.

Gérald Darmanin avait maintenu ses propos

Dans sa plainte, l'ancien international (97 sélections) faisait valoir que ces accusations étaient «inexactes», «plus vraisemblablement mensongères, mais en tous cas faites à dessein» et étaient «attentatoires» à son honneur et sa considération. Le joueur de 36 ans, qui évolue aujourd'hui dans le club saoudien Al-Ittihad et affiche sa foi musulmane, y réaffirme «n'avoir jamais eu le moindre lien avec l'organisation des Frères musulmans, ni à (sa) connaissance avec quelqu'un qui s'en réclamerait».

Pour étayer ses propos, le ministre de l'Intérieur s'appuyait, selon les déclarations de son entourage auprès de l'AFP en octobre, sur «une lente dérive des prises de position de Karim Benzema vers un islam dur, rigoriste, caractéristique de l'idéologie 'frériste'», avec notamment «un prosélytisme sur les réseaux sociaux autour du culte musulman, comme le jeûne, la prière, le pèlerinage à La Mecque».

L'entourage rappelait également son refus de chanter l'hymne national avant les rencontres de l'équipe de France. Le 25 octobre, Gérald Darmanin avait maintenu ses propos en estimant que «ça cache quelque chose» quand un footballeur poste une opinion politique «de façon sélective». M. Darmanin affirmait qu'il retirerait ses propos si Benzema «tweetait» pour «pleurer également» l'assassinat du professeur de français d'Arras (Nord) Dominique Bernard par un jeune islamiste radicalisé.

Karim Benzema est considéré comme l'un des meilleurs attaquants de sa génération mais a eu une histoire mouvementée avec l'équipe nationale. La Cour de justice de la République (CJR) est la seule juridiction habilitée à poursuivre et juger des membres du gouvernement pour des infractions commises dans l'exercice de leurs fonctions. Le procureur général près la Cour de cassation y représente le ministère public.

(AFP)

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