Face à l'avancée des talibans
Les Afghans qui ont soutenu l'armée américaine en plein désarroi

Ils ont travaillé pour les troupes occidentales en tant qu'informateurs, traducteurs et médiateurs. Aujourd'hui, des centaines d'Afghans ne peuvent compter que sur eux-mêmes face aux talibans, pendant que les Allemands et les Américains quittent le pays.
Publié: 14.08.2021 à 09:07 heures
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Dernière mise à jour: 14.08.2021 à 09:30 heures
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Une femme avec des enfants a été mise en sécurité dans une maison sécurisée.
Photo: ZDF
Guido Felder, Jocelyn Daloz (adaptation)

Sauve qui peut! Les gouvernements des États-Unis et de l’Allemagne exhortent leurs compatriotes à quitter au plus vite le baril de poudre qu’est devenu l’Afghanistan. L’ambassade d’Allemagne à Kaboul prévient qu’elle ne pourra plus fournir d’aide si le trafic aérien est suspendu.

Mitch McConnell, le chef de la minorité républicaine au Sénat américain, devient grandiloquent: «Si cela ne se produit pas, Al-Qaida et les talibans pourraient célébrer le 20e anniversaire des attaques terroristes du 11 septembre en brûlant notre ambassade à Kaboul.»

Les travailleurs humanitaires en grand danger

Les États-Unis et l’Allemagne ont envoyé des avions pour ramener leurs compatriotes chez eux. Entre-temps, de nombreux Afghans qui ont aidé les troupes occidentales dans leur travail ou fourni des informations précieuses au cours des 20 dernières années sont laissés pour compte. Informateurs, traducteurs, guides, ils ont joué un rôle crucial dans l’effort de guerre, certains avertissant les troupes américaines d’attaques de talibans ou révélant l’emplacement des combattants islamistes.

À présent que les Talibans semblent à deux doigts de prendre Kaboul, ils sont en grand danger.

Cachés dans les maisons

L’association allemande «Patenschaftsnetzwerk Afghanische Ortskräfte» s’efforce d’aider les Afghans qui sont menacés de mort. «Nous sommes redevables envers les personnes qui nous ont soutenus, aidés et fait confiance en Afghanistan», écrit l’association, à laquelle participent des soldats actifs et d’anciens soldats de la Bundeswehr.

Dans la région du grand Kaboul, l’association a transformé deux bâtiments précédemment utilisés par des diplomates en «maisons sûres». Leur emplacement est tenu secret, ils sont blindés, verrouillés et gardés par des forces de sécurité et chacune d’elles peut abriter près de cent personnes.

Qais Nekzai, qui est impliqué dans l’association et qui était lui-même un de ces assistants de l’armée allemande à Kaboul, déclare à la chaîne de télévision ZDF: «Ces personnes ne sont pas autorisées à quitter les bâtiments et attendent simplement que le gouvernement allemand prenne une décision. Si Kaboul est prise, ils ne pourront pas tenir longtemps.»

Tensions à Berlin

La question suscite des tensions au sein du gouvernement allemand. Le candidat du parti conservateur CDU à la chancellerie, Armin Laschet, critique le ministère des affaires étrangères, le jugeant trop «bureaucratique». Il souhaite que le gouvernement puisse rapatrier les Afghans concernés en Allemagne très rapidement.

Sa collègue de parti et ministre de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer a rétorqué à Armin Laschet que le gouvernement allemand souhaitait lui aussi une solution rapide, mais que le problème se situait au niveau des autorités afghanes. «Ils ne laissent personne partir sans un passeport valide.»

Les Américains envoient 3000 soldats

Jeudi, les États-Unis ont annoncé qu’ils allaient déployer 3000 soldats supplémentaires en Afghanistan pour garantir la sécurité durant l’évacuation du personnel de l’ambassade. Le retrait des troupes est en cours et devrait être achevé d’ici la fin du mois d’août.

Il n’a toutefois pas été question d’évacuer les soutiens afghans de l’armée. Ils resteront dans les refuges jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée pour eux à Berlin ou à Washington. La question sera donc de savoir qui les tirera du bunker, des forces occidentales ou des talibans.

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