De fortes explosions ont secoué la capitale libanaise vendredi. Six bâtiments se sont effondrés au sud de Beyrouth. L'armée israélienne affirme avoir attaqué le quartier général souterrain de Hassan Nasrallah, tuant ainsi le chef du Hezbollah et portant un coup sévère à la milice chiite.
Déjà lors des affrontements avec le Hezbollah en 2006, Israël avait tenté de tuer Hassan Nasrallah à trois reprises, en vain. Par la suite, d'importants moyens ont été déployés pour intercepter les communications du groupe et pour traquer les chefs dans une guerre se déroulant dans l'ombre. Selon des Israéliens et d'autres anciens membres des services de renseignement, la dernière tentative d'assassinat réussie est due à une réorientation des stratégies des services de renseignement, qui se concentrent notamment sur l'ensemble de l'infrastructure du Hezbollah.
D'une guérilla... à une armée terroriste?
Ce qui a changé, selon les sources de l'enquête, c'est la profondeur et la qualité des renseignements sur lesquels Israël a pu s'appuyer au cours des deux derniers mois, comme l'écrit le «Financial Times». Au cours des deux dernières décennies à peine, l'unité 8200 des forces armées israéliennes, responsable des télécommunications et du renseignement électronique, a collecté d'énormes quantités de données en collaboration avec le service de renseignement militaire Aman.
Israël a changé sa vision du Hezbollah, passant d'une organisation de guérilla à une «armée terroriste» complexe, comme l'explique Miri Eisin, ancienne colonel du renseignement israélien.
La plus grande et la meilleure occasion pour Israël de pénétrer en profondeur dans les structures de la milice terroriste s'est ensuite présentée en 2012, lorsque des combattants du Hezbollah se sont rendus en Syrie pour aider Bachar el-Assad à réprimer un soulèvement armé.
Comme d'anciens collaborateurs des services secrets israéliens et des politiciens libanais l'ont déclaré au «Financial Times», la bataille en Syrie a mis au jour une multitude d'informations de la part du groupe habituellement si discret.
«Cela a affaibli leurs mécanismes de contrôle»
D'une part, le Hezbollah publiait constamment des informations sur ses combattants tués, y compris des données personnelles. D'autre part, le recrutement de nouveaux combattants rendait la milice vulnérable aux espions israéliens, qui plaçaient leurs agents pour rechercher d'éventuelles défections.
«La Syrie a marqué le début de l'expansion du Hezbollah», explique Randa Slim, de l'Institut du Moyen-Orient à Washington. «Cela a affaibli ses mécanismes de contrôle internes et ouvert la porte à l'infiltration à grande échelle.» En d'autres termes, le Hezbollah est devenu imprudent.
Israël a commencé à dresser des profils des hauts responsables qui assistaient par exemple aux funérailles de combattants tombés au combat. De plus, des agents ont piraté les caméras de surveillance libanaises, ainsi que les systèmes de communication du groupe, ce qui leur a permis de déterminer les mouvements des membres du Hezbollah. Ils ont pu le faire en partie grâce aux téléphones portables des épouses de ces derniers.
Israël a constaté que chaque fois qu'un écart par rapport à la routine était observé, une attaque potentielle était imminente. Ce fut le cas vendredi dernier, lorsque les autorités ont appris que Hassan Nasrallah se rendait à son «bunker de commandement et de contrôle».
Après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu eut donné son feu vert, des avions de combat ont largué plusieurs bombes qui se sont dirigées vers le bunker. Comme Hassan Nasrallah, dont le corps a été retrouvé dimanche, ne présente aucune blessure, la théorie est qu'il a été asphyxié par l'infiltration de gaz. C'est ce qu'écrit le portail d'information israélien «N12».