Israël met un coup d'accélérateur au Liban
Les jours des leaders du Hamas et du Hezbollah sont-ils comptés?

Après les assassinats du leader du Hezbollah Hassan Nasrallah et du chef du Hamas au Liban Fatah Charif Abou al-Amine, Israël ne compte pas s'arrêter là. C'est du moins ce qu'estime Erich Gysling, expert du Proche-Orient.
Publié: 30.09.2024 à 11:04 heures
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Dernière mise à jour: 30.09.2024 à 15:54 heures
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Vendredi, Israël a porté un coup sévère au Hezbollah.
Photo: Keystone
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Martin Meul
Le chef du bureau politique du Hezbollah, Hashem Safieddine, s'adressait déjà aux personnes en deuil lors de la cérémonie funéraire du commandant militaire du Hezbollah, Mohamed Naim Nasser, également connu sous le nom de Hajj Abu Naim, tué lors d'une frappe israélienne dans le sud du Liban, le 04 juillet 2024.
Photo: keystone-sda.ch

Décidément, Israël enchaîne les gros coups. Trois jours après l'attaque aérienne sans précédent qui a entraîné l'assassinat du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah dans un quartier de Beyrouth, c'est cette fois Fatah Charif Abou al-Amine, le chef du Hamas au Liban qui a perdu la vie dans une frappe israélienne ce lundi.

Pour le Hezbollah, le coup est rude. Car Hassan Nasrallah avait largement marqué la milice de son empreinte depuis le début des années 1990. Mais voilà, l'organisation islamiste doit désormais se chercher un nouveau chef. Et un nom semble d'ores et déjà s'imposer: celui d'Hachem Safieddine, l'un des rares dirigeants de haut rang du Hezbollah qui ne se trouvaient pas dans les bunkers ciblés vendredi par Israël et qui n'est autre que le cousin d'Hassan Nasrallah.

Les jours du nouveau chef présumé de l'organisation islamiste libanaise sont-ils déjà comptés? Pour Erich Gysling, spécialiste du Moyen-Orient, il est en tout cas clair qu'un grand danger pèse sur lui: «Désormais, Hachem Safieddine a une cible sur le dos. Cela signifie qu'il pourrait être en tête de la liste des morts d'Israël», déclare l'expert à Blick.

Un coup dur? Oui, mais…

Erich Gysling appelle toutefois à faire preuve de prudence. Car si la mort d'Hassan Nasrallah a porté un coup sévère à la milice islamiste, celle-ci ne va pas disparaître pour autant. «Il est possible qu'il y ait une pause dans les actions, mais nous savons par expérience que de telles organisations reviennent.» Pour l'expert, la situation qui prévalait avant la mort de Nasrallah devrait donc rapidement reprendre ses droits. «Possiblement avec des personnes encore plus extrêmes et radicales à la tête de l'organisation», précise Gysling.

Un avis que partage, Richard C. Schneider, journaliste au «Spiegel», également spécialisé dans le Moyen-Orient. «L'assassinat de Hassan Nasrallah est un grand succès militaire pour Israël. Nasrallah était un dirigeant très expérimenté. Sa mort plonge le Hezbollah dans le chaos», explique-t-il à Blick. Pour autant, il ne faut pas croire que le Hezbollah est moins dangereux après cette attaque, prévient Schneider: «Le danger n'est pas encore loin pour Israël, même si l'organisation est fortement affaiblie.»

Peter Neumann, professeur d'études de sécurité au King's College de Londres, considère en revanche que le Hezbollah sort affaibli à long terme de l'assassinat de son leader. «La milice terroriste, autrefois si puissante et fière, n'est plus que l'ombre d'elle-même. Elle n'est pas seulement affaiblie militairement, elle est sans chef et complètement compromise.» Il faudra des années pour qu'elle se rétablisse, estime-t-il.

Les assassinats ciblés vont-ils se poursuivre?

Pour Erich Gysling, il faut tout de même s'attendre à d'autres assassinats ciblés de la part d'Israël, même après la mort de Hassan Nasrallah. «Cela semble être la stratégie d'Israël. L'équipe dirigeante d'une organisation terroriste est régulièrement prise pour cible.»

Cela signifie pour le futur chef du Hezbollah que ses jours sont déjà en danger. Idem pour Yahya Sinwar, le chef du Hamas, d'autant plus qu'Israël vient de réussir à tuer le chef de l'organisation au Liban. «Ce que personne ne sait, c'est le nombre et la qualité des informations dont disposent les Israéliens sur ce qui reste de la structure de commandement du Hezbollah», explique Gysling. En fonction de cela, de nouvelles frappes contre la milice pourraient bientôt être menées. Le fait qu'Israël ait également tué Nabil Kauk, le commandant du département de la sécurité du Hezbollah, lors d'une attaque aérienne ciblée samedi, plaide en ce sens.

Richard C. Schneider ne pense pas non plus que les assassinats ciblés vont s'arrêter. «Israël va essayer de profiter de l'élan.» Pour l'expert, la stratégie est claire: dès qu'on peut neutraliser un responsable du Hamas ou du Hezbollah, on le fait. «Si Israël parvenait à tuer également le successeur de Nasrallah, ce serait un coup psychologique encore plus important contre le Hezbollah.»

Erich Gysling voit toutefois un gros problème dans cette succession d'assassinats ciblés: «C'est que cette stratégie n'a qu'un succès très limité», dit-il. Les expériences faites dans la bande de Gaza auraient montré qu'il est possible de trouver rapidement de nouvelles recrues. «On peut supposer que le nombre total de combattants du Hamas n'est pas beaucoup plus faible aujourd'hui qu'au début du conflit.»

L'invasion du Liban aura-t-elle lieu ?

Peter Neumann pronostique de son côté un certain changement de stratégie. «Pour Israël, la tentation doit être grande de lancer maintenant l'offensive terrestre tant attendue dans le sud du Liban.» Selon l'expert en sécurité, le moment serait parfaitement choisi. «Le Hezbollah est si faible qu'il n'aurait pratiquement rien à opposer aux Israéliens.» Repousser le Hezbollah vers le nord aurait pour conséquence de rendre le nord d'Israël nettement plus sûr. «Une grande partie des roquettes du Hezbollah ne pourraient plus atteindre le pays. Pour de nombreux Israéliens, une offensive terrestre est donc une conséquence logique», explique Peter Neumann.

Mais une invasion comporterait également un certain nombre de risques. Ainsi, Peter Neumann rappelle qu'en cas d'invasion, Israël deviendrait une force d'occupation au Liban. «L'Iran aurait alors une excuse pour augmenter encore la pression militaire et politique sur Israël.» L'avantage tiré de l'assassinat de Nasrallah devrait donc être utilisé à d'autres fins. «Israël a actuellement la possibilité de négocier un cessez-le-feu avantageux pour lui et de remporter une victoire stratégiquement importante», souligne Neumann.

En d'autres termes: au lieu d'envahir le Liban, Israël devrait chercher à obtenir un retrait du Hezbollah au-delà du fleuve Litani vers le nord à la table des négociations.

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