En tentant de repousser l'armée russe, les Ukrainiens sont sur tous les fronts, et se retrouvent régulièrement au pied du mur. Ce week-end, ils ont notamment dû abandonner la ville d'Avdiivka, dans l'est de l'Ukraine.
Les informations selon lesquelles des forces spéciales ukrainiennes seraient en mission secrète en Afrique en sont d'autant plus surprenantes. Leur objectif: neutraliser les mercenaires russes de Wagner qui veulent renverser le gouvernement au Soudan. Selon certaines images, ils auraient réussi. Mais que font les soldats ukrainiens en Afrique?
Il existe plusieurs vidéos à ce sujet, rapporte le «Kyiv Post». L'une d'entre elles montre trois hommes en uniforme agenouillés sur le sable, les bras derrière le dos. Interrogés par d'autres hommes en uniforme, soi-disant des soldats ukrainiens, ils affirment qu'ils faisaient partie d'une unité Wagner de 100 hommes et qu'ils ont traversé la République centrafricaine jusqu'à la capitale soudanaise Karthoum.
D'autres vidéos montrent des images prises par des drones. On y voit des soldats équipés de matériel high-tech, probablement des mercenaires de Wagner, attaqués par des engins volants. Les images ont été prises à Omdurman, la plus grande ville du pays, qui est séparée de Karthoum par le Nil.
Troupes des services secrets
Selon le «Kyiv Post», qui se réfère à une source du secteur ukrainien de la sécurité et de la défense, des troupes ukrainiennes sont déjà engagées au Soudan depuis plusieurs mois. Selon cette source, une opération de «nettoyage de l'unité militaire privée Wagner, de ses terroristes locaux et des services spéciaux de la Fédération de Russie» serait en cours. Quant à l'unité ukrainienne, il s'agirait de membres des services de renseignement.
CNN avait déjà rapporté à l'automne que, selon ses propres recherches, les services secrets ukrainiens étaient probablement à l'origine d'une série de frappes de drones et d'une opération terrestre contre Wagner près de la capitale soudanaise. Officiellement, une mission africaine des troupes ukrainiennes n'est toutefois confirmée nulle part.
Une promesse datant de mai 2023
Que des Ukrainiens combattent en dehors de leur pays affaibli est surprenant. Pourquoi mener un tel front? Cette mission s'inscrit peut-être dans le cadre de la promesse faite par le chef des services secrets Kyrylo Boudanov en mai 2023. Il avait alors juré de «détruire les criminels de guerre russes partout dans le monde, où qu'ils se trouvent».
L'analyste militaire Ruslan Leviev a déclaré à Bild que cette action correspondait bien à Kyrylo Boudanov et à son objectif de poursuivre les mercenaires de Wagner au-delà des frontières ukrainiennes. Mais il affirme également que l'action n'aurait qu'une valeur symbolique. «Cette action ne changerait rien à la situation actuellement précaire des Ukrainiens sur leurs propres terres et ne vise qu'à donner des nouvelles positives dans leur pays.»
Incertitude à Moscou
Est-il vraiment logique que des soldats ukrainiens aillent se battre à l'étranger en cas de manque de personnel? «Oui!» assure Glen Grant, ancien lieutenant-colonel de l'armée britannique, analyste de la défense auprès de l'Institut ukrainien pour l'avenir et ancien conseiller du ministère ukrainien de la Défense, à Blick. «L'objectif de la Russie est de maximiser le chaos, de créer des problèmes supplémentaires pour l'Occident et de voler des ressources précieuses partout où elle le peut, notamment en Afrique, une région menacée.»
Comme Moscou déteste l'incertitude, l'inquiétude quant à l'efficacité de ses opérations à l'étranger conduit à l'insécurité et réduit son image de puissance mondiale.
Wagner soutient les insurgés
Au Soudan, une lutte sanglante fait rage entre le dirigeant Abdel Fattah al-Burhan et son ancien vice-président Mohammed Hamdan Dogolo, surnommé «Hemetti». Le premier est soutenu par l'armée, le deuxième par les Rapid Support Forces (RSF), dont l'arsenal provient à 90% du groupe Wagner. Les Russes sont surtout intéressés par les mines d'or.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait rencontré Abdel Fattah al-Burhan l'automne dernier. Il avait alors déclaré: «Nous avons parlé de nos problèmes de sécurité communs, notamment des activités des groupes armés financés par la Russie».