Il est loin d'être certain que Donald Trump sera réélu à la présidence des Etats-Unis en novembre 2024. Il pourrait même trébucher sur des candidats au sein de son propre parti. L'influent milliardaire américain de droite Charles Koch soutient, à la surprise générale, Nikki Haley dans la course à la présidence américaine.
Mais qui est cette républicaine de Caroline du Sud? Personne ne la connaît vraiment. Pourtant, elle fait de la politique depuis 20 ans déjà. Elle a d'abord travaillé comme sénatrice dans son Etat natal, puis comme gouverneur. Son profil politique est parfois considéré comme modéré, mais reste conservateur. Elle est contre l'avortement, pour la baisse des impôts, profondément anti-syndicale. Elle a récemment été ambassadrice de Trump à l'ONU.
Même si le soutien de Charles Koch ne veut encore rien dire – lors des deux dernières élections présidentielles, il a misé sur le mauvais cheval – cela montre toutefois qu'il y a du potentiel. Nikki Haley pourrait tout à fait passer du statut d'outsider à celui de surdouée. Elle a déjà attiré l'attention d'importants donateurs. Mais a-t-elle vraiment l'étoffe pour devenir candidate à la présidence?
D'outsider à candidate à la présidence?
Oui, selon ses propres dires. Et justement parce qu'elle est une outsider. «Je l'ai toujours été», a déclaré Nikki Haley début novembre, lorsqu'elle déposait sa candidature officielle. «J'en profite. Cela m'a appris à me battre.»
Les résultats dans les Etats de l'Iowa et du New Hampshire – deux États considérés comme précurseurs pour les primaires républicaines –, montre qu'elle a du potentiel. Selon les données de l'Emerson College, qui réalise des sondages sur les élections américaines, elle est à 18% dans le New Hampshire et donc en deuxième position derrière Trump, qui reste en tête avec 49%. Dans l'Iowa, l'ancien président a toujours 27% d'avance sur ses adversaires, mais la républicaine rattrape son retard.
Donald Trump lui-même voit en Nikki Haley une concurrente de taille. Le signe le plus évident est l'attention qu'elle reçoit de son ancien patron. «Trump n'est pas stupide. Il reconnaît une menace quand il en voit une», a déclaré au «Guardian» une porte-parole d'une organisation qui soutient la politicienne de Caroline du Sud. «Et le fait qu'il cible Nikki plutôt que DeSantis est très révélateur.»
Lors d'un récent meeting de campagne dans l'Iowa, Trump, qui avait auparavant dirigé sa colère exclusivement contre DeSantis, a traité Nikki Haley de «personne complètement surestimée». Trump l'a traitée à plusieurs reprises de «cervelle de moineau».
«J'ai encore un gars à rattraper»
Nikki Haley est donc bien partie pour gagner contre Trump lors des primaires républicaines. «J'ai encore un gars à rattraper», a déclaré la candidate à la présidence, «et je suis bien décidée à le faire». Mais même si la républicaine a de bonnes chances, les sondages ne vont pas dans son sens. Pour tous les candidats qui ne s'appellent pas Trump, il sera difficile de remporter les primaires.
Mais les sonnettes d'alarme ne sonnent pas uniquement du côté des républicains. Chez les démocrates aussi, car Nikki Haley représente un danger pour le président actuel Joe Biden. Selon «The Guardian», une majorité d'électeurs américains considère en effet Biden comme trop âgé pour être à nouveau président. Si Nikki Haley remporte les primaires, ce sera donc «bye, bye Biden».
Les chiffres de l'Emmerson College sont éloquents: si la politicienne remporte les primaires républicaines et se présente contre Biden aux élections législatives, elle sera en tête avec 45% des voix contre 39% pour Biden. Si DeSantis remporte les primaires, Biden est en tête avec 46% des voix contre 38% pour DeSantis.
Est-elle vraiment moins pire?
Mais une femme immigrée, (relativement) jeune, (relativement) modérée et ayant de l'expérience en politique étrangère, ne serait-elle pas un moindre mal pour les démocrates, par rapport au scénario d'horreur «Trump 2024»? Et une bonne alternative à Biden, qui ne bénéficie même plus d'un grand soutien au sein de son propre parti?
«Ne vous laissez pas berner», a écrit sur X Jaime Harrison, 47 ans, président du Democratic National Committee, également originaire de Caroline du Sud. «Quand il s'agit de certaines thématiques, elle est aussi extrême que le reste des républicains autour de Donald Trump.»