Dans ce scrutin à l'issue incertaine, les sociaux-démocrates (SPD) devancent légèrement, avec 25%, les conservateurs crédités de 22% à 23%, un score historiquement bas, selon d'ultimes sondages. «Je vais toujours voter mais cette année, c'est particulièrement passionnant de savoir qui ça va être», a témoigné Ursula Becker, une électrice de 62 ans à Aix-la-Chapelle.
C'est dans cette cité de l'Ouest de l'Allemagne qu'a voté en fin de matinée Armin Laschet. Un vote marqué par une bourde du chef de file du centre-droit, qui bataille pour conserver la chancellerie dans le camp des conservateurs d'Angela Merkel. Il a omis de dissimuler son bulletin de vote face aux caméras comme le stipule le code électoral. «Chaque vote compte», a dans le temps lancé le chef de l'Union chrétienne-démocrate CDU, car il en va de «l'orientation de l'Allemagne pour les prochaines années». Son principal rival, le social-démocrate Olaf Scholz, qui votait à Potsdam non loin de Berlin, a voulu voir dans le temps resplendissant «un bon signe» pour le centre gauche, artisan depuis l'été d'une remontée inattendue.
Dans cette même circonscription, la candidate des Verts, Annalena Baerbock, 40 ans, est venue voter en milieu de journée. C'est «une fête de la démocratie aujourd'hui», a-t-elle jugé. «Toute l'Europe nous regarde». Quelque 60,4 millions d'électeurs ont jusqu'à 18h00 pour élire leurs députés et environ 40% se disaient encore indécis à quelques jours de ce vote crucial pour la première économie européenne.
A 14h00 locales, la participation s'annonçait en légère baisse par rapport à 2017 à 36,5%, soit 4,6 points de moins que lors du dernier scrutin législatif. Un recul qui, selon le président de la commission électorale, Georg Thiel, peut s'expliquer par la hausse attendue du vote par correspondance, privilégié par nombre d'électeurs et non pris en compte dans ce chiffre. Angela Merkel, 67 ans, qui va quitter la scène politique après quatre mandats, a choisi aussi de voter de cette manière.
Tractations
Le nom du futur chancelier et la composition de sa probable majorité risquent ainsi de pas être connus dès dimanche soir et de longues tractations seront nécessaires dans les prochains mois pour former le futur attelage au pouvoir. Avec le risque d'entraîner une paralysie européenne jusqu'au premier trimestre 2022. Après s'être tenue à l'écart des joutes électorales, la chancelière a multiplié les meetings pour mettre sa popularité, toujours au zénith, au service d'Armin Laschet.
Longtemps en tête de intentions de vote, les chrétiens-démocrates risquent de tomber pour la première fois depuis 1949 sous la barre des 30%. Outre l'usure du pouvoir, l'union conservatrice a pâti de la mauvaise campagne de son candidat, maladroit et impopulaire. Les erreurs de ses adversaires, conjuguées au quasi sans-faute d'Olaf Scholz, ministre des Finances de 63 ans, ont ressuscité un SPD donné pour moribond. Ce centriste n'hésite pas à se poser, jusque dans la gestuelle, en véritable héritier d'Angela Merkel. Si Armin Laschet, président de la plus vaste région, la Rhénanie du nord-Westphalie, a la réputation de toujours retomber sur ses pieds, la marche semble cette fois bien haute pour l'ancien journaliste de 60 ans.
Surprise?
L'épouvantail d'une coalition de gauche, agité par les conservateurs, pourrait toutefois mobiliser les indécis. Les Verts devraient se contenter de la troisième place, avec environ 17% au vu des enquêtes. Ce score serait historique pour les «Grünen» qui rêvent de participer au prochain gouvernement, comme ils l'ont déjà fait de 1998 à 2005.
Mais il leur laisserait un goût amer car ils étaient en avril encore en tête des sondages, dans une Allemagne inquiète du changement climatique, un sujet qui mobilise particulièrement les jeunes. «C'est vraiment un thème très important pour moi, car je pense qu'il influencera beaucoup ma vie à l'avenir», a confié dimanche Maite Hoppenz, une électrice de 18 ans venue voter pour la première fois.
Pour la première fois depuis les années 1950, l'appoint d'un troisième parti devrait être nécessaire pour constituer une coalition majoritaire. Les libéraux du FDP apparaissent d'ores et déjà comme un potentiel «faiseur de roi». La gauche radicale Die Linke semble être prête à participer mais devra d'abord renoncer à ses critiques contre l'Otan. L'extrême droite AfD, entrée pour la première fois au Bundestag il y a quatre ans, devrait confirmer son ancrage parlementaire avec environ 10% mais reste exclue de toute coalition éventuelle.
(ATS)