«Pour que l'Allemagne reste stable, Armin Laschet doit devenir chancelier fédéral», a clamé la chancelière lors d'un meeting de son parti à Munich, en Bavière, avant les élections de dimanche qui augurent d'un duel serré entre le favori des sondages social-démocrate Olaf Scholz et son rival de droite.
Les sociaux-démocrates (SPD) sont en tête avec quelque 25% des intentions de vote, talonnés par le camp conservateur (CDU/CSU), crédité de 21 et 23% des suffrages.
Après s'être tenue en retrait de la campagne, la chancelière ne ménage plus ses efforts pour soutenir le chef de son parti, fragilisé par son manque de popularité et ses faux pas.
Elle sera encore à ses côtés samedi pour un tout dernier rassemblement dans le fief d'Armin Laschet, à Aix-la-Chapelle.
«La question de savoir qui gouverne l'Allemagne n'est pas sans importance», a martelé celle qui dirige la première économie européenne depuis 2005.
Et elle a de nouveau mis en garde contre le scénario d'une victoire du candidat social-démocrate et d'un coup de barre à gauche en cas d'alliance entre le SPD, les Verts et le parti de la gauche radicale Die Linke. C'est toutefois l'une des coalitions les moins probables parmi le large éventail de possibilités pour former une majorité.
Plus tôt, plusieurs dizaines de milliers de défenseurs de l'environnement, menés par Greta Thunberg, ont manifesté pour exhorter les candidats en lice à faire plus pour le climat.
«Nous devons continuer à descendre dans la rue et à exiger de nos dirigeants qu'ils prennent des mesures concrètes en faveur du climat», a lancé la jeune militante suédoise à une foule de manifestants rassemblés devant le Reichstag de Berlin, où siègent les députés allemands.
Selon les organisateurs, la «grève du climat» à laquelle étaient appelés les jeunes Allemands a mobilisé vendredi plus de 620.000 personnes dans quelque 470 villes du pays.
«Les partis politiques n'en font pas assez» pour le climat, a déploré Greta Thunberg tandis que les manifestants, dont une majorité d'adolescents et de familles, brandissaient des pancartes et banderoles proclamant «La terre a la fièvre» ou «Stop au charbon».
Mobilisant ses supporteurs à Cologne, dans l'ouest du pays, le candidat du SPD Olaf Scholz a lui promis d'incarner le «renouveau» après quatre mandats et 16 ans de pouvoir d'Angela Merkel, dont il est ministre des Finances depuis 2018.
«Le changement climatique est une catastrophe mondiale majeure et c'est pourquoi les jeunes qui disent aujourd'hui qu'il faut faire quelque chose maintenant ont raison. C'est ce que nous, sociaux-démocrates, ferons», a assuré ce centriste, qui a pourtant joué sur son expérience de gestionnaire, dans la lignée d'Angela Merkel, pour faire campagne.
Dans une Allemagne engagée dans une coûteuse mue énergétique, les législatives font figure de vote «du siècle» qui peut permettre d'accélérer cette transition, a affirmé à l'AFP Luisa Neubauer, responsable en Allemagne du mouvement «Fridays for future».
Portés par les préoccupations climatiques des électeurs, les Verts devraient jouer un rôle central dans le futur gouvernement.
Leur candidate Annalena Baerbock obtiendrait, selon les sondages, 15% des suffrages, s'adjugeant la troisième place, devant le parti libéral (12%).
Dans leurs programmes électoraux, les trois principaux candidats ont fait de la protection de l'environnement l'une de leurs priorités pour les quatre prochaines années, s'engageant à agir pour limiter le réchauffement climatique mondial à 1,5°C.
Pendant la campagne électorale, à la mi-juillet, l'Allemagne a été frappée par des inondations meurtrières, qui ont fait plus de 180 morts dans l'ouest du pays et sont directement liées au changement climatique, selon les experts.
L'objectif de neutralité climatique fait consensus entre les partis allemands, tout comme le développement des énergies renouvelables. Mais les délais et moyens pour y parvenir font débat, entre la gauche favorable à une large intervention de l'Etat et la droite qui mise sur le secteur privé.
(ATS)