Une ère s’achève en Allemagne. Lors des élections de dimanche prochain, les Allemands diront au revoir à Angela Merkel. La chancelière dirige son pays depuis 16 ans: elle a exercé une influence considérable sur la politique européenne.
Quelles marques «Mutti», comme l’appellent affectueusement les Allemands, laissera-t-elle sur l’Europe et le monde? Blick dresse un bilan.
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Merkel et la Suisse
La relation de la chancelière avec le petit voisin du sud est mitigée. En privé, elle dit aimer la montagne, particulièrement les pistes de ski de fond grisonnes, et le silence et la tranquillité qui y sont associés.
Mais au niveau politique, l’ambiance est pour le moins glaciale. Elle ne s’est rendue en visite officielle dans notre pays que trois fois, parfois avec un air maussade. Pour elle, la Suisse a toujours été peu importante sur le plan politique: elle préfère discuter avec les États-Unis, la France et la Russie.
Merkel et les hommes forts
Poutine, Erdogan, Sarkozy, Berlusconi… Angela Merkel est parvenue à jouer finement l'équilibriste tant avec les chefs d’État de gouvernement autocratique que des politiciens démocratiques mais coriaces. Des machos qui la respectent à la fois en tant que femme et en tant que politicienne, intelligente et engagée.
L’un d’entre eux lui a pourtant donné du fil à retordre: Donald Trump. Les images de son refus de lui serrer la main à la Maison-Blanche ou encore de leur confrontation au G7 de 2018 au Canada sont entrées dans l’histoire.
Merkel et les réfugiés
«Wir schaffen das!» Telle était la devise de Merkel en 2015, alors qu’une vague de réfugiés déferlait sur l’Europe: «Nous pouvons y arriver!». Arriver à quoi? Intégrer plus d’un million de réfugiés syriens et divers en Allemagne, ouvrant les portes de son pays après plusieurs mois de crise humanitaire.
Sa politique des bras ouverts a donné de l’espoir à des millions de migrants qui ont afflué vers l’Europe, pris des selfies avec la chancelière et même donné son nom à leurs bébés. Mais elle a été très critiquée pour cette gestion de la crise, notamment lors des agressions sexuelles du nouvel-an 2016 à Cologne, et le parti d’extrême-droite AfD (Alternative pour l’Allemagne) est monté en puissance. Depuis, Merkel a de nouveau serré la vis sur la politique migratoire.
Merkel et la mode
Le style d’Angela Merkel est pour le moins carré et semble peu créatif au premier abord. Au mieux, elle change de couleur et de coupe de blazer de temps à autre. L’empereur de la mode Giorgio Armani, cependant, ne tarit pas d’éloges sur la chancelière. Selon lui, son style dégage une assurance tranquille et lui permet de rivaliser à armes égales avec les mâles en costume.
Elle a tout de même fait sensation une fois: en 2008 à Oslo, lors du gala d’ouverture de l’opéra, elle portait une robe largement décolletée qui avait fait des émules.
Merkel et le «losange»
C’est la position des mains typique de la chancelière: les bouts des doigts joints alors que ceux-ci sont écartés, les coudes à 90°, donnant visuellement et de face une forme de losange. Elle a délibérément adopté cette position des mains pour se donner une marque de fabrique.
Des psychologues ont analysé à plusieurs reprises cette position, qui aide une personne à se centrer et se concentrer. Angela Merkel en a cependant contaminé d’autres, comme l’ex-premier ministre britannique Gordon Brown ou le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui le lui ont emprunté.
Merkel et les crises
La politicienne a vu passer un grand nombre de crises durant son mandat: crise financière, de l’Euro, printemps arabes, guerre en Syrie, annexion de la Crimée, crise des réfugiés, pandémie de Covid et l’échec du retrait d’Afghanistan. Entre autres.
Passée maîtresse dans l’art de la temporisation, elle a réussi à plusieurs reprises à répondre par des solutions pragmatiques à des situations particulièrement délicates. Une maîtrise pointue de la Realpolitik.
Merkel et son héritage
Plusieurs grands projets tels que la numérisation à grande échelle ou la transition énergétique planifiée sont passés à la trappe. Occupée à gérer les affaires externes, elle n’a pas réussi à mettre en valeur un successeur efficace à temps: son Union chrétienne-démocrate (CDU) tremble désormais pour la présidence. Son candidat, Armin Laschet, n’est pas le favori dans les sondages.
Le bilan de Merkel est donc positif. Son calme, sa crédibilité et son rôle de médiateur ont contribué à la stabilité de l’Europe et du monde entier.