Au Royaume-Uni, de premiers exemplaires du livre ont été vendus après minuit (locales) chez quelques détaillants ouverts spécialement pour l'occasion. Certaines enseignes le proposent à moitié prix (14 livres sterling, soit 15,7 francs suisses, au lieu de 28 livres).
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Chez le libraire WHSmith de la gare londonienne de Victoria, les exemplaires de «Spare» («Le Suppléant») ont quitté leur emballage de plastique noir à minuit pétante, sous les objectifs de journalistes plus nombreux que les clients.
Premier à attendre, Chris Imafidon, président d'une association dans l'éducation, veut entendre l'histoire «de la bouche du cheval». «Je veux vraiment être en mesure de voir quelle est sa perspective», a-t-il déclaré à l'AFP, avant de repartir avec trois exemplaires.
Après avoir «évité» les fuites du contenu du livre ces derniers jours, Sasha Pursell, serveuse de 27 ans, veut aborder le livre avec un «regard neuf» pour se forger sa «propre opinion». «Evidemment, c'est un côté de l'histoire», ajoute-t-elle, «très intriguée» de découvrir l'enfance du prince Harry. Sarah Nakana, experte en immobilier commercial de 46 ans, veut «entendre son histoire de ses propres mots», estimant que la presse «radicalise» le public britannique contre le prince Harry».
Des divisions au grand jour
En anglais, l'ouvrage sort au Royaume-Uni, mais aussi aux Etats-Unis, en Irlande, Australie, Nouvelle-Zélande, Inde, Afrique du Sud et au Canada. Il est également édité dans 15 autres langues. Il a déjà été placé par erreur quelques heures jeudi dans des rayons de librairies en Espagne.
Les divisions au sein de la royauté britannique y apparaissent au grand jour, confrontant cette institution à l'influence planétaire à une profonde crise à peine quatre mois après la mort de la très populaire Elizabeth II.
William, l'héritier du trône, son «frère bien aimé et ennemi juré», est sa principale cible. Mais le roi Charles III, chef d'Etat de 15 pays qui sera couronné le 6 mai, n'est pas non plus épargné. Tout comme Kate, l'épouse de William, et Camilla, la reine consort.
Le prince de 38 ans a donné plusieurs interviews télévisées pour promouvoir et défendre son livre, depuis la Californie où il s'est exilé en 2020 avec son épouse Meghan. «Après 38 ans à voir mon histoire racontée par tant de personnes avec des déformations et des manipulations intentionnelles, cela m'a semblé le bon moment de me réapproprier mon histoire», a-t-il expliqué mercredi soir sur la chaîne britannique ITV.
Pas l'intention de «blesser»
Mais rien «n'a été fait avec l'intention de blesser ou de faire du tort» à son père Charles III, son frère William ou sa famille, a-t-il assuré, affichant une volonté de réconciliation. Buckingham Palace n'a pas réagi aux déclarations du prince. The Sunday Times a cité des proches du prince William affirmant qu'il est «triste», qu'il «brûle à l'intérieur», mais qu'"il reste silencieux pour le bien de sa famille et du pays».
Dans un moment marquant sur ITV, Harry a nié avoir accusé la famille royale de racisme, quand il a dit en mars 2021 à la télévision américaine qu'un membre de celle-ci s'était interrogé sur la couleur de peau qu'aurait son fils à naître, comme son épouse est métisse. Cette interview avait relancé un vif débat au Royaume-Uni sur le racisme. La presse britannique, en majorité très hostile aux «Sussex», croit y voir «une branche d'olivier» tendue à la famille royale, tout en estimant que le mal est fait.
Dans son livre, Harry accuse William de l'avoir jeté au sol lors d'une dispute en 2019 concernant Meghan, qu'Harry avait épousée l'année précédente. Il accuse aussi son frère et son épouse Kate de «stéréotypes» envers Meghan, actrice américaine métisse, qui ont «créé un obstacle» pour l'accueillir dans la famille.
Harry s'en prend notamment aussi à l'épouse de son père, Camilla, désormais reine consort, affirmant que certains détails de conversations privées publiées dans les médias «ne pouvaient avoir fuité que» par elle.
Malgré une intense promotion les jours précédant sa diffusion, l'interview sur ITV a été regardée par 4,1 millions de téléspectateurs, doublée par la BBC qui diffusait une série. Les Britanniques semblent lassés de ce feuilleton princier. Selon un sondage YouGov, 64% des Britanniques ont une image négative de Harry.
(ATS)