Un psychanalyste sur l'expérience de guerre du prince Harry
«Les conséquences du traumatisme peuvent apparaître des années plus tard»

Le prince Harry aurait tué 25 personnes pendant son service militaire en Afghanistan. Le psychanalyste Nikolaus von Luckner analyse pour Blick les conséquences que pourraient avoir de telles expériences, même des années plus tard.
Publié: 07.01.2023 à 13:31 heures
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Dans des extraits de ses mémoires à paraître le 10 janvier...
Photo: DUKAS
Laszlo Schneider

Jeudi, les gros titres sur la publication des mémoires du prince Harry se sont enchaînés: avant même la date de sortie officielle du 10 janvier, plusieurs extraits ont été rendu public, dont un dans lequel le duc de Sussex parle de son service militaire en Afghanistan – et notamment du fait qu'il a tué 25 personnes pendant la guerre au Moyen-Orient. «Ce n'est pas quelque chose qui m'a rendu heureux, mais ce n'est pas non plus quelque chose dont j'ai eu honte», a déclaré l'ancien officier.

Et même si le prince ne précise pas si ces missions l'ont durablement traumatisé, le psychanalyste zurichois Nikolaus von Luckner assure à Blick que les anciens soldats peuvent souffrir de différentes manières de ce que l'on appelle le stress post-traumatique (PTSD). Ce, même si la guerre est terminée depuis longtemps: «les conséquences du traumatisme peuvent aussi apparaître des années plus tard.»

Troubles du sommeil et attaques de panique

On ne peut et ne doit pas juger de l'état psychique d'une autre personne en son absence, concède l'expert. Il fait toutefois remarquer que de tels troubles peuvent apparaître souvent et sous différentes formes chez les militaires: «les symptômes à court terme peuvent être des insomnies ou des troubles de l'agitation et des attaques de panique. Mais ils disparaissent généralement plus ou moins rapidement.»

Par la suite, le problème peut surtout venir du fait que les soldats ne peuvent pas assimiler ce qu'ils ont vécu. «Les personnes qui doivent par exemple surmonter une perte, ou qui ont vécu une maladie grave, ont en général certaines capacités d'autoguérison. Quand on a fait la guerre, il se peut que des situations sensibles soient déclenchées une à une, encore et encore, avec toutes les émotions qui vont avec, comme si cela s'était passé hier», explique Nikolaus von Luckner.

Le temps qui s'écoule après les événements ne permet pas forcément à la personne de guérir. «Dans des cas très graves, certaines personnes commencent à se dissocier: cela signifie qu'elles évoluent dans une sorte de monde parallèle et ne sont souvent plus réceptives. Il s'agit d'un mécanisme de protection psychique.»

Un traumatisme est possible – mais pas certain

Dans le cas du prince Harry, la situation s'avère difficile à évaluer, dans la mesure où l'on ne sait pas encore s'il a tué des civils en plus d'adversaires militaires. Ses déclarations laissent toutefois entendre que les victimes étaient des talibans: «J'aurais bien sûr préféré ne pas avoir ce chiffre sur mon certificat militaire ou dans ma tête, mais j'aurais aussi préféré vivre dans un monde sans les talibans, dans un monde sans guerre.»

Dans ces circonstances, selon Nikolaus Luckner, les expériences vécues ne sont pas forcément traumatisantes. «Après tout, on confie la responsabilité à ses supérieurs, dit-il. Mais il y a de fortes chances que l'on soit toujours rattrapé par de tels événements.»

Selon le psychanalyste, il existe une autre particularité dans la manière dont le prince Harry gère les traumatismes. «Harry est déjà pré-traumatisé par la mort de sa mère, la princesse Diana, et surtout par les circonstances qui y ont conduit.» Il est donc possible qu'un trouble de stress post-traumatique soit encore plus violent dans son cas, ou alors que deux traumatismes se mélangent. On ne peut que spéculer sur la question de savoir si et comment les actes de Harry pendant la guerre se répercutent par exemple sur sa relation avec la duchesse Meghan, explique le spécialiste. Le public le saura peut-être dans les mémoires du prince.

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