La Bosnie est en deuil. Quelques heures après un premier bilan de 14 corps retrouvés, le porte-parole de la police régionale Ljudevit Marica a confirmé à l'AFP que deux nouvelles personnes avaient été retrouvées mortes. «C'était terrifiant, absolument terrifiant», dit à l'AFP Emir Arfadzan, un habitant du village de Donja Jablanica, le plus touché par les inondations.
«Plusieurs mètres cubes d'eau et des milliers de tonnes de gravats se sont abattus sur le village. Une dizaine de maisons ont été détruites», ajoute cet homme de 62 ans, visiblement en colère. «Les gens n'ont pas eu le temps de... Ils n'ont eu que quelques secondes pour fuir. Mais nous avons réussi à sauver un enfant».
Un village dévasté
Ce village, situé à environ 70km au sud-ouest de Sarajevo, a été le plus touchée par les inondations et les glissements de terrain. Coupé du monde pendant plusieurs heures dans la matinée, il a finalement pu être atteint par des véhicules militaires et la protection civile, qui y ont découvert un paysage dévasté.
Sa mosquée a été quasiment engloutie par les eaux, et seul le dôme et le minaret en dépassaient, ont constaté les journalistes de l'AFP. Plusieurs habitants ne pourront pas rentrer chez eux vendredi soir.
«Ils ont marqué notre maison avec une croix, ce qui veut dire que nous devons partir», explique M. Arfadzan qui s'apprête à trouver refuge chez son fils dans la ville de Konjic, à quelques kilomètres. Selon la télévision nationale BHRT, deux autres personnes sont mortes dans la région de Fojnica, mais ce bilan n'a pu être vérifié par l'AFP.
Un gros déploiement sur place
La présidence fédérale bosnienne a envoyé l'armée dans la région. «Des unités du génie, de secours et un hélicoptère des forces armées de Bosnie-Herzégovine ont été mobilisées d'urgence pour fournir une aide aux autorités civiles en réponse à cette catastrophe», a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Le gouvernement de l'entité croato-musulmane de Bosnie — l'une des trois composantes du pays dont la région affectée fait partie — a déclaré l'état de catastrophe naturelle. Sur des images postées par le service ferroviaire de Bosnie, on peut voir des rails hors d'usage, recouverts de pierres et de bouts de bois emportés par les éboulements.
De nombreuses personnes étaient encore portées disparues dans l'après-midi. Des blessés ont pu être évacués par un hélicoptère de la force de maintien de la paix de l'Union européenne (EUFOR), selon les autorités régionales.
Des scènes apocalyptiques
A Kiseljak, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Sarajevo, plusieurs maisons, voitures et jardins ont été recouverts d'eau en quelques dizaines de minutes à peine. «La pluie a commencé à tomber hier (jeudi) vers 21h00 et a continué toute la nuit», a raconté à l'AFP le maire de la ville, Mladen Misuric-Ramljak. «Tout était normal jusqu'à 05h00 du matin environ, puis d'énormes quantités d'eau sont arrivées.»
«Nous avons certainement plusieurs centaines de foyers inondés. Je suis né ici, j'ai passé toute ma vie à Kiseljak, et nous n'avons jamais eu d'inondation de cette ampleur. J'oserais même dire que c'est le déluge biblique», a ajouté le maire. Heureusement, il n'a déploré aucune victime dans sa ville.
«Ce sont des scènes d'apocalypse. Même les habitants les plus âgés (...) ne se souviennent pas qu'il soit tombé autant de pluie en aussi peu de temps, que les petits ruisseaux se soient transformés en grandes rivières» et emportent des ponts, a déclaré aux médias locaux Renato Pejak, chef de la municipalité de Kresevo, a quelques kilomètres au sud de Kiseljak.
De très importantes inondations avaient déjà frappé la Bosnie en 2014, causant d'immenses dégâts estimés à l'époque à 2 milliards d'euros. En Croatie voisine, une alerte rouge aux inondations a été lancée par les autorités autour du port de Rijeka, en Istrie (ouest) et dans le centre du pays. Elles ont prévenu qu'il fallait s'attendre à des inondations dans plusieurs villes, ainsi qu'à des coupures de courant et d'eau.