Les Ouïghours, principalement musulmans sunnites et parlant une langue turcique, sont le principal groupe ethnique du Xinjiang (nord-ouest de la Chine), région longtemps frappée par des attentats sanglants attribués à des islamistes et des séparatistes ouïghours.
Au nom de l'antiterrorisme, les autorités chinoises ont lancé au milieu des années 2010 une vaste campagne de répression. Les Etats-Unis parlent de «génocide». L'ONU évoque la possibilité de crimes contre l'humanité.
Une étude publiée jeudi par la société de cybersécurité Lookout, basée à San Francisco, assure que depuis 2018, de multiples applications Androïd en langue ouïghoure sont infectées par un logiciel espion, ou espiogiciel.
Ce dernier est lié à des groupes de pirates soutenus par l'Etat chinois, affirme le rapport, réfuté par l'ambassade de Chine aux Etats-Unis. Les applications concernées proposent par exemple des cartes routières, des dictionnaires ou des contenus liés à l'islam. Elles n'étaient pas disponibles sur la boutique d'applications Google Play, bloquée en Chine, mais sur d'autres boutiques accessibles depuis le territoire chinois.
Un logiciel bien rodé...
Selon l'étude, ce logiciel espion permettait aux pirates de collecter la localisation de l'utilisateur, ses contacts, l'historique des appels, les SMS et pouvait même prendre des photos et enregistrer des appels. Les chercheurs de Lookout affirment que cet espiogiciel a pu être utilisé pour détecter des signes d'extrémisme religieux ou de séparatisme.
«Cette campagne semble principalement viser les Ouïghours en Chine. Mais nous avons trouvé des preuves d'un ciblage plus large des musulmans et des Ouïghours hors du Xinjiang», indique le rapport. «Plusieurs des échantillons que nous avons analysés se faisaient passer pour des applications de cartographie pour d'autres pays ayant une importante population musulmane, comme la Turquie ou l'Afghanistan.» La Turquie accueille une large diaspora ouïghoure.
«Nous réfutons (ndlr: ce qui relève de) la pure spéculation et de la calomnie malveillante», a réagi un porte-parole de l'ambassade de Chine aux Etats-Unis, Liu Pengyu, auprès de l'agence Bloomberg. La Chine a établi ces dernières années au Xinjiang un vaste réseau de surveillance, avec d'innombrables caméras à reconnaissance faciale, la confiscation des passeports et une présence très importante des forces de sécurité.
Des Ouïghours habitant hors de Chine disent également avoir reçu des appels d'intimidation la part de la police du Xinjiang.
(ATS)