La Russie poursuit son offensive dans l’est de l’Ukraine. Malgré des pertes énormes tant au niveau matériel qu’humain, le président Vladimir Poutine engage toujours plus de soldats pour «libérer les deux républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk». C’est par cette propagande qu’il légitime l'invasion du pays voisin.
Comment ne pas faire la guerre?
En Russie, tout jeune homme de moins de 27 ans peut être appelé d’une minute à l’autre pour rejoindre les rangs de l’armée. Comme le rapporte «Die Welt», les recrues ne sont pas officiellement envoyées au front. Pourtant, on déplore toujours plus de jeunes hommes parmi les morts.
Les jeunes Russes cherchent donc des moyens pour ne pas s’engager dans l’armée. Sur une plateforme Internet, un homme de 20 ans raconte comment il a réussi à ne faire que du service de remplacement au lieu du service militaire: «Vous y arriverez. Il suffit de connaître ses droits et de persévérer.»
De plus en plus de résistance
Des soldats professionnels résilieraient également leurs contrats pour ne pas devoir combattre en Ukraine, rapporte un avocat des droits de l’homme qui témoigne de manière anonyme. Cette année, «plusieurs centaines» de résiliations de contrats de ce type ont été enregistrées. Les années précédentes, en revanche, presque aucun contrat n’avait été résilié.
L’armée tente tant bien que mal d’empêcher les soldats de quitter les troupes. Ils sont mis sous pression et diffamés auprès de leurs amis et de leur famille. «Mais à la fin, on les laisse partir – pour l’instant», poursuit l’avocat. On ne sait pas combien de temps la Russie autorisera ces refus de service militaire.
La résistance s’organise de plus en plus. Des groupes d’activistes informent des avancées de la guerre sur Telegram ou sur d’autres réseaux. Ils partagent également des moyens de résister en révélant ce que la propagande de Poutine veut garder sous silence. Ils proposent en outre une aide psychologique aux personnes qui ont fui.
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Brûler les bureaux militaires
Les attentats contre les usines ou les bureaux sont fréquents. On ne sait pas encore exactement qui est à l’origine de ces actes. Mais certains militants ont été interpellés. C’est ce que rapporte le média russe Mediazona à travers le témoignage d’un enseignant de 48 ans, Ilya Farber, qui a incendié des bureaux d’enrôlement militaire. Selon ces différents médias russes, il existe bien plus d’attentats que ce que dévoileraient les autorités. De nombreux articles font état d'arrestations d’activistes.
Mais ceux-ci ne semblent pas vouloir se cacher. Ils publient de nombreuses vidéos de leurs attentats: incendies d’usines ou de bureaux d’enrôlement militaire. Une activiste a ainsi déclaré au journal «Le Monde»: «Nous voulons que notre pays sache comment les Ukrainiens souffrent de cette guerre, comment la situation économique des Russes se détériore. Et nous voulons soutenir tous ceux que le régime russe prend pour cible en raison de leur attitude anti-guerre.»
La «Résistance ferroviaire» s’organise
Au cours des dernières semaines, un nouveau groupe de résistance a vu le jour, appelé «Résistance ferroviaire». Environ 14’000 personnes suivent les activistes sur Telegram. Ils y appellent à rendre les lignes de train en direction de l’Ukraine et de la Biélorussie impraticables pour les trains russes.
Ils font en sorte d’endommager l’infrastructure ferroviaire et de détruire les voies. Le média indépendant The Insider a enquêté afin de mettre en lumière l’ampleur du mouvement. Et les activistes semblent avoir du succès. Entre mars et juin, 63 trains de marchandises ont déraillé en Russie. C’est deux fois plus que l’année dernière à la même période. Selon The Insider, le Kremlin tenterait de dissimuler les réelles raisons de ces déraillements en mentionnant le mauvais état des voies.