«Beaucoup sont contre la guerre»
La Serbie est le bastion de la résistance russe

La Serbie est devenue le refuge de nombreux Russes qui n'étaient plus en sécurité dans leur pays après le début de la guerre. Belgrade serre désormais la vis pour nombreux opposants à la guerre, qui représenteraient un risque pour la sécurité du pays.
Publié: 01.11.2023 à 19:33 heures
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Dernière mise à jour: 01.11.2023 à 19:34 heures
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Un portrait du président de guerre russe Vladimir Poutine vandalisé à la peinture à Belgrade. Il est accompagné de l'inscription «frère» en cyrillique.
Photo: Keystone

La Serbie est considérée comme le grand allié de la Russie – et du président Vladimir Poutine – en Europe. Mais près de 200'000 Russes se sont réfugiés en Serbie depuis l'invasion de l'Ukraine par Moscou. Cela fait de ce pays des Balkans l'un des principaux lieux d'exil des opposants au régime de Poutine.

Contrairement au reste du monde, les Russes n'ont pas besoin de visa pour se rendre en Serbie. Les deux pays chrétiens orthodoxes entretiennent des relations historiques et les Russes y sont largement accueillis.

Depuis le début de la guerre, les Russes exilés ont ouvert des cafés et des magasins à Belgrade, et ont investi dans le marché immobilier. Les salles de concert et de conférence de la capitale serbe sont devenues des lieux de rencontre animés pour les Russes.

Opposants à la guerre contre les nationalistes

Mais Belgrade serait aussi devenue le théâtre de querelles entre partisans et adversaires de Poutine. Les opposants au Kremlin sont la cible de menaces et de violences de la part des nationalistes pro-Poutine, comme le rapporte le «Guardian». Des activistes russes anti-guerre expliquent ne plus se sentir en sécurité en Serbie, et avoir par exemple quitté Belgrade pour Berlin.

Depuis le début de la guerre, Belgrade mène un exercice d'équilibre délicat entre ses aspirations européennes et ses liens ethniques et religieux séculaires avec la Russie. Le président Aleksandar Vucic refuse d'imposer des sanctions au régime de Poutine. Par ailleurs, Moscou continue d'agir comme le principal allié de la Serbie dans sa lutte contre l'indépendance de son ancienne province du Kosovo.

Une liste noire

Des hommes politiques serbes nationalistes s'opposent désormais à l'afflux de Russes opposés à la guerre dans leur pays, qui le déstabiliserait. Ils citent des exemples où les autorités serbes refusent également l'entrée à des activistes russes disposant d'un permis de séjour.

Vladimir Wolokonsk, un député anti-guerre en fuite de Saint-Pétersbourg, s'est vu retirer son permis de séjour dès le milieu de l'année. Il représenterait une menace pour la sécurité nationale de la Serbie. Celle-ci tient apparemment une liste noire d'opposants russes au gouvernement qui risquent d'être arrêtés dans leur pays.

Les rues de Belgrade sont désormais le théâtre d'une guerre des graffitis. Des slogans pro-guerre de fidèles de Poutine sont recouverts par des opposants à Poutine... pour y être à nouveau recouverts par les fidèles du Kremlin.

«De nombreux Russes sont contre la guerre»

Les exilés russes ne se laissent pas facilement abattre. Un récent concert à Belgrade du groupe de rock russo-biélorusse BI-2, qui a fui en Serbie après avoir critiqué la guerre, a enthousiasmé 5'000 fans.

A la fin du concert, des groupes se sont rassemblés à l'extérieur. «C'est un sentiment agréable de venir à de tels concerts et de parler avec des gens qui pensent de la même manière», a déclaré un jeune homme nommé Anton, qui a quitté Moscou peu après le début de la guerre. «Il est important que le monde sache que de nombreux Russes sont contre la guerre.»


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