Attribution de visas humanitaires
La Suisse ne veut pas établir de règles spéciales pour les déserteurs russes

Des dizaines de milliers de déserteurs russes fuient leur possible mobilisation en Ukraine. En Suisse, ils ont toutefois peu de chances d'obtenir l'asile ou un visa humanitaire pour les protéger des représailles du gouvernement de Poutine.
Publié: 21.11.2022 à 22:17 heures
Le président russe Vladimir Poutine a ordonné en septembre une mobilisation partielle des forces armées. Sur les 300'000 hommes potentiellement concernés, des dizaines de milliers ont déjà fui la Russie.
Photo: keystone-sda.ch
Daniel Ballmer

Depuis l’annonce d’une mobilisation partielle en Russie, les hommes concernés fuient le pays par milliers pour éviter d’être envoyés en Ukraine. Ceux qui se font prendre sont menacés de sévères sanctions.

À l’international, certains pays se sont déjà montrés ouverts à accueillir ces déserteurs russes. C’est le cas de l’Allemagne par exemple. «Les déserteurs qui ne veulent pas participer à la guerre en Ukraine reçoivent en règle générale une protection internationale», a assuré la ministre fédérale de l’Intérieur Nancy Fraser.

Une demande de visa possible… avec peu de chances de succès

La Suisse, derrière la ministre de la Justice Karin Keller-Sutter, se montre pour l’instant plus réservée. Dans sa réponse à une intervention de la conseillère nationale PS Céline Widmer, le Conseil fédéral indique que le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) est «conscient de la situation difficile des déserteurs et des objecteurs de conscience en Russie». Ces derniers auraient également le droit de demander un visa pour raisons humanitaires auprès d’une représentation suisse.

La conseillère nationale PS Céline Widmer a exprimé l'espoir que la Suisse délivre abondemment et de façon non bureaucratique des visas pour raisons humanitaires.
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Malgré cette réponse, le gouvernement suisse a aussi souligné la faible chance de succès d’une telle demande de visa pour les déserteurs russes, même dans le contexte de la guerre en Ukraine. La personne concernée doit se trouver dans une situation de détresse particulière qui nécessite l’intervention des autorités et justifie l’octroi d’un visa d’entrée. Elle doit être «sérieusement et concrètement menacée dans sa vie et son intégrité corporelle» dans son pays d’origine.

Le Conseil fédéral ne veut pas faire changer la tendance

Or si l’on en croit le Conseil fédéral, la plupart des objecteurs de conscience russes ne se trouvent pas dans ces conditions requises pour l’obtention d’un visa humanitaire. Ces dernières ne sont «en règle générale pas remplies si une personne avance qu’elle risque d’être appelée à servir». À cela s’ajoute le fait que l’on suppose que la personne a un lien avec la Suisse. Et le Conseil fédéral n’a pas l’intention de modifier cette pratique en matière de visas.

Le Conseil fédéral, autour de la ministre de la Justice Karin Keller-Sutter, se montre réticent face à l'attribution de visas humanitaires pour les déserteurs russes. Il ne veut pas faire d'exceptions.
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Jusqu’à présent, il n’y a pas eu d’afflux de demandeurs d’asile russes en Suisse. Selon le SEM, seules 26 personnes en provenance de Russie ont déposé une demande d’asile en octobre. En septembre, il y avait 31 demandes, en août 18. Les mois précédents, seules dix à 20 demandes d’asile avaient été déposées.

Le Conseil fédéral ne laisse guère de doute sur le fait qu’il n’a aucun intérêt à changer cette évolution. Au contraire: avec les possibilités habituelles de demander l’asile, «la Suisse contribue à la maîtrise des défis qui sont apparus dans le sillage de la mobilisation partielle de la Russie», estime le gouvernement national.

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