De vétérinaire à trafiquant de drogue: Dmitrij Karavaïtchik a fait les gros titres dans toute la Russie en 2019 après la découverte de son immense labo de drogue à Saint-Pétersbourg. Il y produisait des amphétamines et était connu comme le «Walter White russe», du nom personnage de la série à succès «Breaking Bad». Sa femme était en charge de vendre la marchandise.
Les deux ont été condamnés à de longues peines de prison, l'un de 17 l'autre de 16 ans. Mais déjà quatre ans plus tard, ils sont tous de nouveau en liberté. Entre-temps, Dmitrij est même célébré comme un héros et fait des visites dans des écoles et dans des prisons. Il a même été nominé pour un prix du héros. Mais comment ça se fait?
Mise en liberté grâce à son engagement dans la guerre
La raison de ce changement radical d'image liée à son engagement dans la guerre. Depuis que la Russie a envahi l'Ukraine, des détenus sont mobilisés en masse pour rejoindre les rangs de l'armée. Après leur engagement au front, nombre d'entre eux sont graciés. C'est le cas du couple Karavaïtchik.
En janvier dernier, le Saint-Pétersbourgeois a posé sur une photo avec Evgueni Prigojine (l'ancien patron du groupe Wagner aujourd'hui décédé) et environ deux douzaines d'autres anciens détenus. Ils ont tous été libérés après leur engagement dans la guerre. Dmitrij avait alors confié au portail d'information «Ria Fan» qu'il espérait désormais pouvoir «faire sortir sa femme d'une manière ou d'une autre».
Son plan a marché. Selon la chaîne russe Lentv24, l'ancien trafiquant de drogue devait être décoré du titre honorifique le plus élevé de Russie, peu après sa grâce. Il deviendrait alors «héros de la Fédération de Russie». Par amour, Dmitrij a toutefois renoncé à ce titre. Au lieu de cela, il a demandé à Vladimir Poutine de libérer sa femme. Deux mois plus tard, elle a, elle aussi, été graciée.
L'école célèbre l'ex-trafiquant de drogue comme un héros
Même s'il a refusé le titre honorifique, l'ancien vétérinaire est apparemment célébré comme un héros de nos jours, comme le montre un post d'une école russe du 7 mars. On y voit des photos du mercenaire wagnérien tenant une conférence. On peut en outre reconnaître plusieurs distinctions sur son uniforme.
L'école écrit, dans le post, que l'ancien détenu a raconté aux élèves comment, avec des camarades, il s'était emparé d'un «avant-poste ennemi et a tué cinquante militants et bataillons nationaux, malgré leurs blessures». En outre, Dmitrij aurait indiqué comment il avait volé une mitrailleuse aux forces ukrainiennes et comment il avait «sauvé des forces ukrainiennes» une jeune fille «cachée par sa famille dans des caves pendant deux ans». L'école souligne: «Par son propre exemple héroïque, il a montré son amour pour la patrie et sa famille!»
Un ancien détenu recrute des prisonniers pour le front
Mais Dmitrij ne se vanterait pas seulement de son engagement dans la guerre dans les écoles, mais aussi dans les prisons. En janvier, il est devenu directeur adjoint de la fondation «Leninigradskij Rubesch». Celle-ci soutient l'armée russe en lui fournissant des armes et des équipements. Dans son nouveau poste, Dmitrij devrait notamment faire office de recruteur pour les détenus.
Selon un rapport de «Radio Liberty», financée par les Etats-Unis, il a tenu un discours dans un centre de détention du nord-est de la Russie. Il y a promis aux prisonniers de passer un «bon moment» sur le front. «Allez-y et amusez-vous. Arrachez des dents en or sur des cadavres, enlevez des croix, pillez et ramenez tout à la maison. Faites ce que vous voulez et devenez riches. Peut-être que vous ne reviendrez pas, mais vous vous en donnerez à cœur joie», aurait-il dit. Le rapport indique en outre que Dmitrij aurait promis aux détenus que le ministère de la Défense protégerait leurs actes.
La radio ne dispose toutefois d'aucune preuve que ce discours a effectivement eu lieu, le rapport se référant à une source anonyme. Dmitrij a déclaré à la radio qu'il s'agissait de rumeurs et qu'il ne collaborait pas avec le ministère de la Défense. Le discours n'aurait de toute façon pas été couronné de succès – seul un détenu s'est porté volontaire pour aller au front.