Pour la première fois depuis cinq ans, les touristes étrangers peuvent se rendre en Corée du Nord. Mais tout doux! Les voyageurs en quête d'aventure pourront uniquement se rendre à Rason, une des villes les moins fréquentés du pays, mais qui réserve bien des surprises.
Koryo Tours, une agence de voyage basée à Pékin, a rouvert les réservations cette semaine pour visiter cette ville à la frontière entre la Russie et la Chine et qui est... le seul endroit en Corée du Nord où le capitalisme y est ouvertement promu. Pour environ 720 dollars (652 francs suisses), vous aurez droit à quatre nuits à Rason et en prime également à deux nuits dans la ville chinoises de Yanji.
Et pour les plus rapides, une première expédition est prévue du 12 au 18 février. Avec un peu de chance, les voyageurs auront même l’occasion d’assister aux fastueuses célébrations de l’anniversaire de l’ancien dirigeant Kim Jong Il, le 16 février. Pour l’instant, seuls 20 visiteurs auront l’opportunité d’assister à ses festivités.
Rason, l'OVNI de Corée du Nord
Rason est une enclave unique en Corée du Nord. Depuis 1991, cette ville sert de laboratoire pour de nouvelles politiques économiques, accueillant le premier réseau de téléphonie mobile du pays et se distinguant par son système de paiement par carte.
Koryo Tours a plus d'un tour dans son sac pour convaincre les touristes, s'ils ne le sont pas encore. Ils pourront également découvrir une ferme d’élevage de concombres de mer ainsi qu’une usine agroalimentaire à Paekhaksan. Le rêve. Autre curiosité: lors d’une halte à la Golden Triangle Bank, ils auront même l’opportunité d’ouvrir un compte bancaire en Corée du Nord.
«Des gens impatients»
Mais pourquoi la Corée du Nord décide-t-elle de rouvrir ses frontières après cinq ans d’isolement? «Le pays a désespérément besoin de devises étrangères», tranche Hazel Smith, professeure dans une université londonienne qui a vécu deux ans dans le pays communiste. Avant la fermeture imposée par la pandémie de Covid-19, le pays accueillait des centaines de milliers de touristes Chinois, générant plus de 175 millions de dollars de recettes. Bien que la capitale Pyongyang reste inaccessible aux touristes, «beaucoup attendent avec impatience de pouvoir se rendre en Corée du Nord», confie Greg Vaczi, employé de Koryo Tours, à NBC News.
Mais pour l'heure, pas question de tourisme de masse. Ces premières visites servent de test. «Ils ont toujours été prudents, mais cette fois, ils le seront plus que jamais», souligne la professeure qui a vécu plusieurs années en Corée du Nord. Autre obstacle: l’absence d’aéroport international à Rason. Pour s’y rendre, il faut passer par la frontière chinoise, qui ne semble pas encore prête à accueillir des visiteurs étrangers. Reste à savoir si la promesse du capitalisme et des concombres de mer suffira à attirer les aventuriers en quête d'exotisme sous contrôle.